Pour ses quatrièmes Jeux olympiques, Juan Postigos sera le porte-drapeau du Pérou à Paris, lors de la cérémonie d’ouverture le 26 juillet 2024. Le judoka ne vit pas très loin de Paris… à Rouen. Ce choix de quitter l’Amérique du Sud pour rejoindre la Seine-Maritime en 2011 a été difficile mais motivé par l’envie d’une vie plus stable et une professionnalisation dans son sport, le judo. Dans les Grandes Gueules du Sport, le Péruvien s’est exprimé sur son parcours, la délégation péruvienne, les conditions d’entraînement et ses ambitions pour Paris.
A cinq jours du coup d’envoi officiel des Jeux olympiques de Paris (26 juillet-11 août), Juan Postigos frétille d’impatience: « C’est une immense fierté, je suis très content. Etre porte drapeau ajoute une petite pression, je ressens la responsabilité de devoir faire une bonne compétition. Je reçois aussi beaucoup d’encouragement, il y a énormément de personnes derrière le Pérou et moi », a réagi le Péruvien de 35 ans.
« On va entrer dans l’histoire »
La cérémonie d’ouverture de vendredi, qui aura lieu sur la Seine, plaît énormément à Juan Postigos. « C’est encore mieux je pense, il ne faut pas oublier que l’on va entrer dans l’histoire. En plus ma conjointe, sa famille, mes amis et mes collègues de travail seront devant leur télévision », s’est réjoui le judoka.
Il rejoindra sa délégation mardi 23 juillet avec les 25 autres athlètes péruviens. Mais à ce jour, le porte-drapeau n’a aucune indication sur le déroulé de la cérémonie d’ouverture. « Mais je ne me prends pas la tête, je vais rester a l’extérieur de tout ça et profiter avec ma conjointe », relativise-t-il.
Des Jeux olympiques à Paris vraiment spéciaux
Cette quinzaine olympique est particulière pour le désormais Seinomarin. Juan Postigos sera porte-drapeau, dans son pays d’accueil. Lancé dans le judo par ses parents lorsqu’il était petit, puis emmené aux entraînements de son entraîneur qui se préparait pour les Jeux olympiques au Pérou, le Sudaméricain quitte à 21 ans, soit en 2011, son pays natal. Il rejoint la France et Rouen, pour avoir de meilleures conditions pour s’entraîner, le judo étant un sport méconnu au Pérou.
« Là-bas, les tatamis sont fait de paille. La différence de moyens entre la France et le Pérou est énorme. Actuellement, j’ai l’exemple de mon neveu de 6 ans, il me voit, il veut aussi faire du judo, mais même dans la capitale à Lima, il n’y a presque pas de clubs qui entraînent les enfants », déplore le judoka de 35 ans.
Après un an d’entraînements plus « professionnels » en France et une bourse olympique décrochée, Juan Postigos participe à ses premiers Jeux, à Londres en 2012. Au fur-et-à-mesure des années, le Péruvien est installé, il construit une famille et crée une stabilité, très importante à ses yeux. Sur les tatamis, il continue alors de s’entraîner et fait les Jeux de Rio et de Tokyo. Après 13 ans de vie en France, Postigos comptait mettre sa carrière de judoka entre parenthèses mais la venue des Jeux en France l’a incité à poursuivre ses efforts.
En 2024, il allie encore travail à la SNCF de 7h à 15h et entraînements en fin d’après-midi. « En France la mentalité est différente. Je travaille et mon chef m’arrange sur les horaires pour que je puisse aussi m’entraîner. Au Pérou, il faut faire un choix, soit tu travailles, soit tu t’entraînes. Tu ne peux pas faire les deux », détaille le natif de Lima.
Juan Postigos est très clair: « Sans la France, je n’aurais pas pu faire quatre fois les JO. Et je pense que mon expérience et le fait que je vienne de France m’ont très certainement permis de devenir porte-drapeau, a affirmé le Péruvien. Depuis cette nomination, je reçois beaucoup de messages de gentillesse ».
Une délégation péruvienne mineure
« On ne va pas se mentir, le Pérou est un petit pays. On espère peut-être une voire deux médailles olympiques, pas plus que ça. Le plus important c’est déjà d’être qualifié et de représenter notre pays aux Jeux », a expliqué le porte-drapeau. 26 athlètes représentent la délégation péruvienne. « La plupart performera en athlétisme et plus particulièrement la marche et le marathon, ou encore dans les sports aquatiques. Concernant les sports de combat, je serai le seul, on n’a aucun représentant en boxe ou en lutte par exemple », a indiqué l’expérimenté péruvien.
Dans ce groupe de 26, une athlète a également fait le pari de quitter l’Amérique du Sud pour rejoindre l’Europe. Elle a choisi l’Italie et fera à Paris aussi ses quatrièmes JO. « Cela prouve que dans mon pays, le sport n’est pas très développé, on n’a pas les mêmes moyens », se désole Juan Postigos.
Les Jeux de Paris seront ses derniers. Questionné sur une possible après-carrière comme celle de David Douillet (à son échelle), le poste de ministre des sports dans son pays natal n’est pas d’actualité. « Cela pourrait me tenter, mais pour l’instant je ne me vois pas revenir au Pérou, j’ai trouvé une stabilité en France, j’ai commencé à construire une famille ».
Article original publié sur RMC Sport
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