Le Soudan du Sud frôle l’exploit face à Team USA en match de préparation pour les JO de Paris

Il restait 20 secondes à jouer avant la pause quand l’arrière Sud-Soudanais Carlik Jones a levé les bras au ciel et laissé échapper un rire nerveux en regardant le tableau d’affichage, qui plaçait son équipe en tête de seize longueurs (58-42) face aux États-Unis. Une première mi-temps en suspension pour la seule sélection africaine qualifiée pour les Jeux de Paris, impeccable d’adresse face à un collectif américain méconnaissable, permissif et apathique, dont la prestation longtemps indigente a décidé une bande de spectateurs de l’O2 Arena à hurler en choeur : « C’est ça, votre Dream Team ? »

Des Américains méconnaissables

Les choses ont difficilement fini par rentrer dans l’ordre mais ce méchant raté a mis un bon coup de pied aux derrières des superstars de Team USA, qui ont dû s’employer pour poursuivre leur sans-faute dans leur préparation olympique.

Réunis depuis le 5 juillet à Las Vegas puis Abu Dhabi, les mastodontes américains ont posé jeudi leurs valises à Londres, où ils ont donc eu toutes les peines du monde à venir à bout du Soudan du Sud (101-100) samedi devant près de 18 000 spectateurs extatiques avant le coup d’envoi mais vite climatisés ensuite, comme si un mythe s’effritait sous leurs yeux.

Après une entame correcte, les stars américaines ont en effet envoyé leurs clones sur le parquet et sont rentrés aux vestiaires avec 14 points de retard : leur gêne était alors perceptible et le serait restée sans un sursaut salvateur mais éphémère en fin de troisième quart-temps, ou sans le panier de la victoire inscrit par LeBron James à dix secondes du buzzer.

LeBron James en sauveur

Cette quatrième sortie en dix jours n’a pas franchement conforté le sélectionneur Steve Kerr dans ses choix stratégiques, élaborés dans la précipitation d’une préparation express car « la saison NBA est un marathon et les Jeux un sprint où il n’y a pas une seconde à perdre », disait-il à la veille du premier test de son équipe. Au moins s’était-il reposé jusqu’alors sur ses deux valeurs les plus sûres, Stephen Curry et LeBron James (huit titres NBA et six MVP à eux deux), association grandiose et inédite qui formera cet été le coeur du réacteur nucléaire américain tant les deux natifs d’Akron (39 et 36 ans) aimantent les balles et fluidifient le jeu, James dans le rôle du chef d’orchestre, Curry dans celui du navigateur entre les écrans.

Mais samedi, aucun des deux phénomènes n’a été en mesure de tenir son rôle pendant vingt minutes, et ce sont les habituels remplaçants que Kerr a décidé d’envoyer au retour des vestiaires afin de réparer les dégâts causés par les titulaires. En haussant de deux bons crans l’intensité défensive, suivant l’exemple d’Anthony Davis, irréprochable depuis le début de la prépa (14 contres en 4 matches), et de l’infatigable Jrue Holiday, ils n’ont commencé à dérouler un basket digne de leur statut qu’après avoir touché le fond, et il a fallu que James (23 points, 6 rebonds, 6 passes) se démène comme en plein match 7 des Finales NBA, multipliant les coups de marteau dans la défense Sud-Soudanaise, puis que Curry (12 points) envoie une prière miraculeuse à plus de neuf mètres, pour que les Américains sortent enfin la tête de l’eau (79-76).

Une préparation peu convaincante

Mais de façon assez affolante, ils y ont replongé gaiement en laissant leurs adversaires revenir dans le money time, et même repasser devant après un shoot de JT Thor à vingt secondes de la sirène (99-100), dans l’ébahissement général. James a sauvé les meubles d’une énième percée toute en puissance, mais les défauts collectifs entrevus samedi sont tous sauf anodins. La digue s’était déjà fissurée en début de préparation contre le Canada (86-72), où Team USA avait souffert pendant une mi-temps, puis face à l’Australie où ils avaient joué sur courant alternatif (98-92) et montré d’inquiétantes failles défensives.

Seule la petite leçon donnée à la Serbie de Nikola Jokic (105-79) il y a trois jours sort nettement du lot, preuve que cette équipe ajuste son niveau en fonction des attentes qu’elle a de son adversaire, ce qui a été le défaut de trop de sélections américaines par le passé et n’augure rien de bon pour celle-ci. Ce groupe a été beaucoup comparé à la Dream Team de 1992 avant qu’elle n’entame son été. Si sa marge de manoeuvre est immense et qu’elle doit encore intégrer Kevin Durant à son collectif hors normes, possiblement lundi pour un dernier test face aux champions du monde allemands, elle n’est pour l’instant pas digne de cette analogie.

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