Dominique Boutonnat, le président du CNC, condamné à trois ans de prison dont un ferme pour agression sexuelle
Le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) a rendu sa décision. Le président du Centre national du cinéma (CNC) Dominique Boutonnat, jugé pour agression sexuelle sur son filleul, a été condamné ce vendredi à trois ans de prison, dont un ferme, pour agression sexuelle. Il a annoncé dans la foulée qu’il quittait son poste, et qu’il compte faire appel de ce jugement.
Dans son jugement, le tribunal a considéré la « version du plaignant plus crédible » que celle du patron du CNC, qui a exercé toujours selon cette instance « un véritable ascendant » sur son filleul. Dominique Boutonnat a également écopé d’une interdiction de contact pendant trois ans avec la victime.
Cette condamnation va au-delà des demandes du parquet, qui avait requis trois ans d’emprisonnement avec sursis lors de l’audience du 14 juin. « On est allé très près de quelque chose qui aurait été criminel », avait alors estimé le procureur.
Des baisers « consentis »
Le puissant patron du CNC âgé de 54 ans, érigé par certains en symbole de l’impunité dont ont longtemps profité certains grands noms du 7e art, est accusé par son filleul, 19 ans au moment des faits, de l’avoir embrassé de force et agressé sexuellement lors d’un séjour en Grèce en août 2020.
Devant le tribunal, le jeune homme avait décrit Dominique Boutonnat, avec qui il n’entretient pas de lien de parenté, comme « plus qu’un parrain », venant trois à quatre fois par semaine au domicile de ses parents. Selon lui, lors d’un séjour dans la maison de campagne de son parrain, ce dernier aurait tenté de le masturber après qu’ils s’étaient baignés nus dans une piscine. Le jeune homme a déclaré l’avoir ensuite masturbé pour qu’il arrête de le toucher.
À la barre, le président du CNC avait nié toute agression sexuelle. Il avait reconnu avoir pris en photo le jeune homme nu à la sortie de la piscine, mais assuré qu’il visait le paysage. Il a également concédé des baisers, mais selon lui consentis et initiés par son filleul, avouant avoir « merdé » par la suite.
Un nouveau président par intérim
Dominique Boutonnat, qui réaffirme son « innocence », a décidé d’interjeter appel de ce jugement, lit-on dans un message envoyé aux agents du CNC. Décidant « de cesser l’exercice » de ses « fonctions à compter d’aujourd’hui », il en a « averti » Rachida Dati, ministre de la Culture, qui a confié « l’intérim de la présidence du CNC à son actuel directeur général délégué, Olivier Henrard ».
La validation de cette nomination doit se faire par le président de la République au prochain Conseil des ministres. Mais l’agenda risque d’être bousculé en raison des élections législatives, où le Rassemblement national est en tête des sondages, et pourrait donc placer un membre de son camp au ministère de la Culture… Ce qui permettrait à une personnalité d’extrême droite d’arriver aux manettes du CNC.
Au vu du « contexte politique actuel », le collectif 50/50, l’ADA, la CGT spectacle, la SFA-CGT, syndicats et collectifs du secteur, « appellent le président de la République ainsi que la ministre de la Culture à agir de façon responsable et urgente », écrivent-ils dans un communiqué.
« Nous leur demandons de nommer un·e président·e du Centre national du cinéma et de l’image animée dès le prochain conseil des ministres, ce mercredi 3 juillet. Le CNC doit pouvoir être à la hauteur des enjeux de société à venir ; il en va de la sauvegarde de notre exception culturelle », ajoutent-ils.
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