Extradition illégale de l’activiste Ramon Cotta, vers le Cameroun

À ce qui semble, il ne fait plus bon vivre au Gabon pour les Camerounais opposés au régime de Paul Biya, âgé de 91 ans (né le 13 février 1933) et à la tête du pays depuis novembre 1982, célébrant ainsi récemment ses 41 ans au pouvoir sans partage. Steeve Akam, plus connu sous le nom de Ramon Cotta, un activiste camerounais réfugié à Libreville, a été arrêté le week-end dernier avant d’être extradé au Cameroun.

Gabon : Extradition injustifiée de l’activiste Steeve Akam, alias Ramon Cotta, vers le Cameroun

L’arrestation inattendue

Réfugié au Gabon depuis plusieurs années, après avoir fui son pays, le Cameroun, Steeve Akam alias Ramon Cotta multipliait sur les réseaux sociaux les attaques virulentes à l’endroit du régime de Paul Biya. Sans doute se croyait-il à l’abri à Libreville. Mal lui en a pris. C’était sans compter sur le réchauffement diplomatique entre Libreville et Yaoundé, depuis la chute du régime d’Ali Bongo Ondimba et l’arrivée au pouvoir, à la tête de la transition, de Brice Clotaire Oligui Nguema, dont les relations avec Paul Biya sont excellentes.

kidnapping

Enlevé par des inconnus au cœur du plus grand marché de Libreville, Mont-Bouët, où il exerçait une activité commerciale, ses proches étaient sans nouvelles de lui depuis le vendredi 19 juillet 2024. C’est seulement au bout de 72 heures que l’activiste camerounais est apparu dans une vidéo vite devenue virale. Menotté, entouré des membres des forces de sécurité gabonaise, à Kye-ossi, forcé par ses suppliciés de demander pardon à Paul Biya, à la ville frontalière entre le Gabon et le Cameroun, il demande pardon aux autorités de son pays d’accueil, mais surtout à celui qu’il appelle désormais son “père”, le dirigeant camerounais, Paul Biya.

Une extradition controversée

Steeve Akam alias Ramon Cotta serait « accusé d’activités subversives contre le président camerounais », son extradition « a été facilitée par une collaboration entre les gouvernements gabonais et camerounais », croit savoir le média en ligne Cameroun web. Selon une source bien informée, en plus de ses critiques acerbes à l’égard du régime de Paul Biya dont il dénonçait la mauvaise gouvernance, Steeve Akam alias Ramon avait des relations tendues avec l’ambassadrice du Cameroun au Gabon, Ngaeto Zam Edith Félicie Noëlle. Il dénonçait régulièrement la hausse des frais de délivrance des cartes consulaires et d’autres documents administratifs fournis par l’ambassade du Cameroun au Gabon. Si le Gabon était un refuge pour tous les Camerounais opposés au pouvoir de Paul Biya, à ce qui semble ce n’est plus le cas.

Le Laisser des autorités judiciaires

Comment peut-on laisser les forces judiciaires d’un autre pays venir arrêter une personne au Gabon ? Cela signifie qu’il n’y a pas eu de changement à la tête de l’État gabonais. Selon les dénonciations sur les réseaux sociaux, l’ambassadrice du Cameroun au Gabon dispose d’informateurs bien introduits dans la communauté. De plus, d’après d’autres allégations, elle serait la nièce du dirigeant camerounais. Cela la place-t-elle au-dessus des plus hautes autorités du Gabon parce qu’elle est la nièce du tyran camerounais Paul Biya 

Paul Biya, président du Cameroun depuis 41 ans

Brice Clotaire Oligui Nguema

Ramon Cotta a combattu derrière tous les défenseurs de la démocratie en Afrique depuis le Gabon, il a soutenu les activistes sans relâche, sous le régime déchu d’Ali Bongo Ondimba, le 30 août 2023. Il a cru que le Gabon était une terre capable non seulement de l’accueillir, mais aussi de le protéger. Il a ainsi contribué à sa mesure à la fin d’un régime vieux de 56 ans. Il a été pris par les autorités de la transition et livré à la dictature camerounaise.

Oligui Nguema a fait un coup d’État de préservation du pouvoir, c’est triste et pathétique que le Gabon soit revenu à la case départ. C’est extrêmement grave ce qui s’est passé. Comment comprendre qu’on extrade un homme simplement pour ses opinions ? La CEMAC serait-elle une organisation mafieuse pour persécuter le peuple ? – C’est un kidnapping, et non pas une extradition qui en réalité obéit à une procédure.

Des précédents

L’affaire Cotta n’est pas sans rappeler autres cas similaires en Afrique, tels que l’extradition d’Ayuk Tabe par le Nigeria ou celle de Nnamdi Kanu par le Kenya. Ces événements dessinent un schéma préoccupant de coopération inter-étatique au détriment des opposants politiques.

Les Enjeux pour la démocratie régionale

Cette situation soulève des questions cruciales sur l’avenir de la démocratie dans la région. Le Gabon, qui aspirait à un renouveau démocratique après le coup d’État de 2023, voit son image ternie par cette affaire qui ravive les spectres du passé.

@Dworaczek-bendom
25/07/2024

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