Forte Hausse des ressortissants haïtiens en Guyane

Depuis plusieurs mois, la demande d’asile en forte hausse chez les ressortissants haïtiens en situation irrégulière en Guyane. A l’origine de cette tendance, la forte insécurité qui règne en Haïti, en proie à de nombreux gangs. Pour les ressortissants haïtiens, cela ouvre la voie à l’accès à l’asile en France au titre de la « protection subsidiaire », puis à la délivrance d’un titre de séjour.

Haïti, ravagée par les gangs. Au moins 200 groupes criminels selon l’ONU. 7000 tués l’an dernier, 300 000 personnes déplacées  « La situation sécuritaire en Haïti (…) est constitutive d’un « conflit armé», nous a indiqué par mail l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides…« Ces civils peuvent bénéficier de la protection subsidiaire » – un des volets de l’asile – « donnant droit à un titre de séjour de quatre ans maximum», ajoute l’Ofpra. En 2023, la Cour Nationale de la Demande d’Asile, qui statue sur les recours des demandeurs, a reconnu cette situation en Haïti avec des premières décisions favorables, confirmées cette année. Désormais, les ressortissants haïtiens ont de fortes chances de se voir accorder l’asile, alors que la plupart étaient déboutés auparavant.
Chaque jour à Cayenne, ils sont environ 500  à attendre devant la SPADA, la Structure du Premier Accueil des Demandeurs d’Asile.

« C’est la guerre civile en ce moment, auparavant c’était difficile la demande d’asile maintenant de jour en jour ça va… » témoigne une jeune femme.

Du 1er janvier au 30 juin, la SPADA a accueilli plus de 7 000 personnes, la plupart haïtiens. Plus en six mois que durant toute l’année dernière (6700 personnes reçues en 2023). Ces demandeurs vivent depuis plusieurs années en Guyane. Beaucoup d’entre eux ont déjà demandé en vain l’asile ou un titre de séjour.

En mai, la Croix-Rouge a ouvert des locaux plus grands, à Baduel, avec quatre agents en renfort. Mais les candidats à l’asile attendent souvent dès la nuit, sans certitude d’être reçus. Des habitants du quartier dénoncent de nombreux désagréments.
La Croix Rouge gère la SPADA pour le compte de l’OFII, l’Office Français de l’Immigration, un établissement public dépendant de l’Etat. Le préfet Antoine Poussier annonce plus de patrouilles de police aux abords de la SPADA et une réorganisation de l’accueil :

« On va suspendre le service durant un jour ou deux pour le réorganiser et pour affecter aux cinq jours de la semaine une tranche correspondant aux initiales des noms. Cela permettra de répartir de façon plus fluide et limiter le nombre de personnes qui attendent et offrir aux ressortants haïtiens des conditions plus normales d’accès au SPADA »

Ainsi, à partir du 29 juillet, les demandeurs dont les noms commencent par les lettres A et B seront reçus les lundis, de C à E les mardis, de F à J les mercredis, de Kà O les jeudis et de Pà Z, les vendredis.
Malgré tout, sans moyens supplémentaires pour l’accueil, le risque est de voir toute la chaîne de traitement de l’asile saturée, de la préfecture jusqu’à l’OFPRA, qui statue au final sur ces demandes.


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