C’est avec fierté que Oumar Diémé, 92 ans, va porter la flamme olympique en Seine-Saint-Denis, département où il a vécu de nombreuses années avant de rentrer sur sa terre natale, en Casamance, au Sénégal. Ancien tirailleur sénégalais, il a combattu dans les troupes coloniales en Indochine et en Algérie, et pour ce spécialiste du pentathlon, porter la flamme, ça se prépare !
Boubou flambant neuf d’un bleu éclatant, agrémenté de quelques médailles, chéchia rivée sur la tête, Oumar Diémé, ancien tirailleur sénégalais, a les yeux qui pétillent. Il vit un rêve éveillé : « Je ne m’attendais pas à cela, j’étais au comble de la joie. Mais compte tenu de mon âge, je souhaite être accompagné par un de mes enfants ». Et c’est El Hadji Diémé, son fils, qui l’accompagne, mais pas question qu’il l’aide à porter la torche olympique : « Le vieux, il est solide ! (rires) Parce que lui, il passe tout son temps à marcher. Là-bas, au village, chaque matin, il sort et marche pendant cinq kilomètres. Donc, je pense que porter la flamme pour faire 100 mètres, ce n’est pas un problème pour lui. »
Indochine, Algérie, Oumar Diémé a combattu au sein des troupes coloniales. Ancien spécialiste du pentathlon militaire, il se prépare à porter la torche : « Je vais commencer à faire des déplacements ou des mouvements pour garder la forme. J’étais sportif, je faisais le pentathlon. 3 000 mètres, 40 kilomètres… Mais surtout, le parcours du combattant. » Il sourit. Pour lui, ce sont de bons souvenirs.
En portant la flamme, Oumar Diémé aura une pensée pour ses frères d’armes : « Je pense à mes collègues combattants qui sont tombés dans les conflits, en Indochine, en Algérie, en Allemagne, un peu partout dans le monde et qui ne sont plus. Je pense beaucoup à eux. D’autres sont encore là, mais ils ne peuvent plus bouger parce qu’ils sont malades. Je leur souhaite une bonne guérison. »
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Un événement que l’ancien tirailleur sénégalais partage en famille
Aux côtés d’Oumar Diémé se tient l’une de ses petites filles, Souadou Diatta, à qui il a transmis son histoire : « On est très fiers, très contents de ce qui lui arrive, de ce qui arrive à notre famille, parce qu’on n’aurait jamais imaginé que ce jour arrive. Je suis assez surprise d’ailleurs. »
Pour sa petite fille, le symbole est important : « Pour ma part, je pense que c’est une très bonne chose d’avoir fait appel à un tirailleur sénégalais qui est un personnage assez important en France, parce que les tirailleurs sénégalais, ils ont quand même libéré la France. Je pense qu’ils ont aussi besoin de cette reconnaissance, même si elle est assez tardive. Enfin, mon grand-père fait partie des derniers, donc je pense que c’était quand même le moment de leur rendre hommage. »
Cet événement s’inscrit désormais dans l’histoire familiale : « J’essaye un peu d’écrire pour ne pas oublier moi-même et pour pouvoir aussi la raconter à mes enfants. Aujourd’hui, il porte la flamme, c’est encore quelque chose que je pourrai ajouter. Je pense que c’est important de garder tout ça en mémoire. »
Porter la flamme en Seine-Saint-Denis, un moment de grande fierté pour Oumar Diémé.
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