Le président gabonais rend hommage au capitaine Charles N’Tchoréré fusillé par les Allemands en 1940 dans la Somme

Une longue cérémonie d’hommage au capitaine Charles N’Tchoréré s’est déroulée dimanche 2 juin 2024 à Airaines (Somme). Ce militaire gabonais et officier français y a été fusillé par les Allemands le 7 juin 1940. Le président de la transition gabonaise, Brice Oligui Nguema, a salué la mémoire de ce héros mort pour la France.

« Charles N’Tchoréré est un héros national. J’ai tenu à être le premier chef d’État gabonais à venir honorer sa mémoire ici à Airaines« , souligne Brice Oligui Nguema. Neuf mois après son coup d’État contre Ali Bongo, le président de la transition gabonaise, a fait le déplacement pour assister à la cérémonie d’hommage au capitaine Charles N’Tchoréré, dimanche 2 juin 2024 à Airaines (Somme).

Une journée pour honorer la mémoire de ce tirailleur sénégalais assassiné par les Allemands le 7 juin 1940. « Sa figure est ancrée dans notre jeunesse gabonaise. Elle est hautement représentée au Gabon. Il y a un monument et une caserne qui portent son nom« , appuie Brice Oligui Nguema. 

Né en 1896 à Libreville, au Gabon, Charles N’Tchoréré participe à la Première Guerre mondiale qu’il termine avec le grade de sergent. Promu adjudant, il suit une formation à l’école d’officier de Fréjus, devient lieutenant à titre indigène, puis à titre français. Il passe ensuite capitaine et dirige l’école d’enfants de troupes de Saint-Louis, au Sénégal. 

En 1940, il commande la 7e compagnie du 53e régiment d’infanterie coloniale qu’il prépare au combat. Lui et ses hommes sont déployés dans la Somme du 4 au 7 juin. Après trois jours de combats, Airaines n’est plus que ruines et le régiment, à court de munitions et d’hommes, recule. Charles N’Tchoréré se porte volontaire pour couvrir la retraite. 

Capturés, les hommes sont triés. Les nazis séparent les prisonniers blancs des noirs, qu’ils considèrent comme des sous-hommes. Mais le capitaine refuse d’être séparé de ses subordonnés et veut rejoindre les autres officiers. Il est alors froidement exécuté par les Allemands, d’une balle dans la tête. 

Le fils de Charles N’Tchoréré, Jean-Baptiste, meurt le lendemain à quelques kilomètres de là. En tout, 1 500 à 3 000 soldats français coloniaux seront tués pendant la campagne de France.

Ce dimanche 2 juin, la commune d’Airaines rendait donc hommage à ce héros de la Seconde Guerre mondiale, en présence de la secrétaire d’État aux armées, en charge des anciens combattants et de la mémoire, et d’une foule d’officiels français et gabonais.

Il était un héros parce que les héros ne vivent pas longtemps, ils se donnent corps et âme.

Marcel Robert N’Tchoréré, neveu du capitaine N’Tchoréré

Le chef d’État a remis à titre posthume la médaille de l’ordre de la panthère Noire en présence des descendants du défunt, venus tout spécialement du Gabon. À l’image de Marcel Robert N’Tchoréré, neveu du capitaine N’Tchoréré. La présence du président de la transition gabonaise à Airaines représente pour lui « un honneur qu’on ne peut même pas expliquer, car c’est plus grand que le bonheur« . 

Il salue « un fils du Gabon » dont il souligne la « bravoure« . « Il était un héros parce que les héros ne vivent pas longtemps, ils se donnent corps et âme« , appuie-t-il. « Il avait une haute idée de la liberté, des droits universels et de la valeur de l’être humain.« 

Aux côtés du capitaine N’Tchoréré, nombre d’autres tirailleurs sénégalais sont tombés pendant la défense de la ville. Des hommes auxquels la commune d’Airaines se sent redevable.  

« Les Airainois qui sont rentrés après l’évacuation et qui ont trouvé un champ de ruines […] sont tombés sur pratiquement 800 tirailleurs sénégalais qu’ils ont eux-mêmes enterrés« , précise François Rouillard, maire adjoint d’Airaines, passionné par le capitaine N’Tchoréré. 

Pour continuer d’honorer leur mémoire, un partenariat entre Libreville et Airaines a été signé, sur la promesse d’échanges culturels et mémoriels.

Avec Narjis El Asraoui / FTV


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