La fantastique histoire d’un gigantesque stade… qui n’a jamais été construit! Le Palais de la Jeunesse et des Sports avait été annoncé fin 1960

Le saviez-vous ? En décembre 1960, le conseil communal de Charleroi et son bourgmestre libéral présentent à la presse son dernier projet en date : la construction d’un immense stade à la ville haute, dans les quartiers de Charleroi Nord (à côté de l’actuelle Garenne). Il allait s’appeler « le Palais de la Jeunesse et des Sports ».

Le plan du Palais de la Jeunesse et des Sports, sorte de stade imaginé dans les années 60 mais qui n’a jamais vu le jour, à côté de l’actuelle Garenne. ©VAN KASTEEL

On était alors dans les grands travaux d’après la Seconde Guerre Mondiale : L’Innovation et le boulevard Tirou – qui avait demandé qu’on « retourne » l’ensemble des façades pour avoir vue sur le boulevard flambant neuf – avaient 10 ans à peine, le Palais des Beaux-Arts et le Palais des Expositions venaient seulement d’ouvrir et la construction du Palais de Justice avait commencé. On parlait aussi de construire un petit ring autour de Charleroi, et d’y développer un métro… Bref, on avait beaucoup de grands projets et d’argent.

En l’occurrence, 135 millions de francs belges. C’est ce que prévoyaient les études préliminaires. Soit, avec les 808% d’inflation entre 1960 et aujourd’hui, et après conversion en euros, à peu près 30,5 millions €. Un montant qui peut paraître faible, parce qu’il l’est : la future Zebrarena à Marchienne-au-Pont, le stade du Sporting de Charleroi, pourrait coûter 70 millions d’euros et est plus petit que ce qui était prévu à l’époque à Charleroi Nord.

guillement

Ce stade dernier cri sera le fleuron de la Capitale du Pays Noir.

Faire revenir des habitants à Charleroi Nord, « délabré et fort peu avenant »

Mais à l’époque, ce montant aurait pu suffire à investir dans le sport à la ville haute et attirer des investisseurs privés pour réurbaniser. On lit dans la presse de l’époque que Charleroi Nord, c’était « un vestige délabré et fort peu avenant », que « des verreries ne subsiste que l’un ou l’autre terril envahi d’herbes folles ». Les rues ne sont pas pavées. Les maisons sont vétustes. On veut tout raser pour faire revenir du monde. C’est l’objectif : faire venir la foule pour le sport, recréer des immeubles à appartements et loger des habitants. Grâce à ce stade dernier cri qui serait « le fleuron de la capitale du Pays Noir » d’ici 4 ou 5 ans.

7 hectares, un stade de 36.000 spectateurs dont une entrée pourrait servir à accueillir la ligne d’arrivée de marathons et du Tour de France. Au milieu du stade, un terrain de football. Autour, une piste d’athlétisme six couloirs sur 400 mètres. Et des surfaces pour les sauts et les lancers. À côté du stade, une salle multisports (tennis, basket, volley) avec gradins, et en dessous des espaces d’escrime, de lutte et de boxe. De l’autre côté, 4 courts de tennis professionnels (dont un avec des gradins), 3 courts de tennis amateur, 2 terrains de basket et 2 terrains de volley. Un parking de 300 places compléterait le tout, sans oublier les vestiaires, douches et saunas pour les athlètes.

Un article du Journal de Charleroi, le 3 décembre 1960, sur l’annonce du Palais de la Jeunesse et des Sports. ©van Kasteel (tiré des Archives de la Ville de Charleroi)

Finalement… rien n’a été fait, ou presque

Finalement, après quelques années de dessins, de plans et de réflexions… le projet est abandonné. Ce n’était pas de l’esbroufe : les plans techniques, le chauffage, l’électricité, tout était prêt sur papier. Les terrassements avaient commencé. L’égouttage également. Le Premier Ministre était venu poser la première pierre en mars 1963. Mais c’était trop grand et trop cher, avec le futur R9 qui plombait les finances en prenant du retard, les trésors de guerre qui commencaient à s’amenuiser, la fin des rentrées d’argent du Congo belge (devenu indépendant) et les crises du charbonnage et de la verrerie qui s’enchaînaient. Il a fallu faire des choix, et le Palais de la Jeunesse et des Sports a été abandonné.

Cependant, on en voit aujourd’hui encore des traces : si le Spiroudôme et le complexe sportif le Gymnos se trouvent là, ce n’est pas innocent… C’est juste « la version minimaliste » de ce grand projet des années 60 qui n’a jamais vu le jour.

Dans les coulisses du plus grand service d’archives publiques de Wallonie

Ce contenu n’est pas disponible dans cette configuration.
Découvrez-le ici.

Crédit: Lien source

Les commentaires sont fermés.