«Morts pour la France»: le geste mémoriel inédit de la France dans le dossier du massacre de tirailleurs au Sénégal

« Ce geste s’inscrit dans le cadre des commémorations des 80 ans de la libération de la France comme dans la perspective du 80e anniversaire des évènements de Thiaroye, dans la droite ligne mémorielle du président de la République (Emmanuel Macron) qui souhaite que nous regardions notre histoire ‘en face’», a indiqué le secrétariat d’État français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire.

Cette mention de « Morts pour la France » concerne « quatre tirailleurs originaires du Sénégal, un de Côte d’Ivoire et un de Haute-Volta » (devenu le Burkina Faso). Cette première décision « pourra être complétée dès lors que l’identité exacte d’autres victimes aura pu être établie », a précisé le secrétariat d’État.

Cette décision a suscité l’ire du Premier ministre sénégalais, pour qui la France « ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d’histoire tragique ». « Ce n’est pas à elle de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent », a déclaré Ousmane Sonko sur les réseaux sociaux, signant son message comme chef du parti Pastef-Les Patriotes et non du gouvernement.

Le traumatisme et le souvenir de ce massacre sont toujours vifs au Sénégal

Au matin du 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye (ville située non loin de la capitale sénégalaise Dakar), des troupes coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur ordre d’officiers de l’armée française sur des tirailleurs rapatriés qui réclamaient leurs arriérés de solde. Selon le bilan dressé par les autorités françaises à l’époque, au moins 35 tirailleurs avaient trouvé la mort, sur place ou des suites de leurs blessures. Un chiffre qui reste encore sujet à controverse, des historiens l’estimant beaucoup plus élevé.

Le lieu d’inhumation des soldats tués, dans des tombes individuelles ou des fosses communes, à Thiaroye ou ailleurs, fait également débat.

Le traumatisme et le souvenir de ce massacre sont toujours vifs au Sénégal et sur le continent africain. Cette décision du secrétariat d’État est « un choix cohérent qui permet de regarder l’histoire en face d’une page très douloureuse de l’histoire franco-sénégalaise », a réagi la présidente de l’Association pour la mémoire et l’histoire des tirailleurs sénégalais, Aïssata Seck. « Ces soldats viennent d’avoir la reconnaissance qui leur était due », a-t-elle poursuivi, ajoutant : « Cette reconnaissance française est une grande étape vers l’apaisement d’une mémoire qui ne peut qu’être partagée entre nos deux pays ».

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