Démis de ses fonctions en 2021, l’ancien commandant divisionnaire de la Gendarmerie royale du Canada au Nouveau-Brunswick, Larry Tremblay, a fait part de ses inquiétudes dans une lettre en ce qui concerne l’ingérence politique du gouvernement de Blaine Higgs.
Ce document, dont a pris connaissance CBC, a été écrit 11 jours après l’éviction de Larry Tremblay en tant que chef de la division J de la province.
Selon l’ancien chef de la GRC, son renvoi est le résultat de désaccords sur la vision du gouvernement progressiste-conservateur. Une vision qui brouille les frontières entre la politique et le maintien de l’ordre
, selon lui.
À mon avis, il est impératif que la police provinciale reste indépendante et libre de toute influence dans l’application et le respect des lois
, a-t-il écrit dans cette lettre du 26 juillet 2021 adressée à la commissaire de la GRC de l’époque, Brenda Lucki.
De fortes divergences
Pour justifier le renvoi de Larry Tremblay, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique de l’époque, Hugh Flemming, avait déclaré qu’il n’avait aucune confiance
en la capacité de Larry Tremblay à conduire le changement
contre les crimes liés à la drogue et être responsable envers les communautés locales surveillées par la GRC. Deux priorités du gouvernement en 2021.
Hugh Flemming, l’ancien ministre de la Justice et de la Sécurité publique au Nouveau-Brunswick.
Photo : CBC / Joe McDonald
Pourtant, dans sa lettre à Brenda Lucki, Larry Tremblay réfute ces accusations et estime que le gouvernement ne lui avait jamais indiqué que la lutte contre la drogue était la priorité du ministère.
Je crois que la demande de mon renvoi n’est pas liée à un manque de lutte contre la drogue au niveau provincial ou à un manque d’engagement et de responsabilité dans les communautés
, écrit Larry Tremblay dans sa lettre.
Brenda Lucki, ancienne commissaire de la Gendarmerie royale du Canada, était la destinataire de la lettre de Larry Tremblay.
Photo : La Presse canadienne
Mais il a écrit que le gouvernement Higgs et la GRC avaient des divergences de principe
sur certaines questions, notamment sur le maintien de l’ordre des manifestations légales, les relations Couronne-Autochtones, ainsi que sur les normes policières, le partage de renseignements et les examens externes des incidents.
Séparer la police du politique pour maintenir la confiance
Selon Véronique Chadillon-Farinacci, professeure en criminologie à l’Université de Moncton, pour maintenir une confiance de la population en sa police, il est normal que les politiciens ne se mêlent pas des affaires de la police, mais ça n’est pas absolu.
En principe, les politiciens devraient représenter au moins une partie des citoyens, et puis c’est là justement qu’on est sur une pente glissante. Est-ce que ce qui est présentée comme préoccupation a une charge idéologique ou une charge issue du parti? Bien, c’est là qu’on s’éloigne un peu de la division du pouvoir
, explique-t-elle.
Véronique Chadillon-Farinacci, professeure au département de sociologie et de criminologie de l’Université de Moncton.
Photo : Radio-Canada
De son côté, Larry Tremblay n’a pas accepté d’accorder une entrevue au sujet de la lettre ou de son renvoi.
Un porte-parole du ministre actuel de la Sécurité publique a refusé une demande d’entrevue avec l’actuel ministre Kris Austin, Hugh Flemming ou le premier ministre Blaine Higgs.
La porte-parole de la GRC, Kim Chamberland, a déclaré dans un courriel vendredi que M. Tremblay avait pris une décision personnelle
lorsqu’il a pris sa retraite en 2021. Elle a déclaré que la force n’avait aucun autre commentaire à faire.
D’après les informations de Jacques Poitras de CBC et de Frederic Cammarano, Radio-Canada
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