RDC : Le respect des peuples autochtones est la clé de la lutte contre la crise climatique – Democratic Republic of the Congo

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L’expulsion forcée de la communauté indigène des Batwa de leurs terres ancestrales situées dans le parc national de Kahuzi-Biega (PNKB) constitue une violation de leurs droits par le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), constate la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples dans une décision historique.

Cette décision reconnaît que les Batwa sont les meilleurs gardiens de la biodiversité et demande qu’ils retournent sur leurs terres.

« Il s’agit d’une grande victoire pour le mouvement en faveur de la justice climatique », déclare Samuel Ade Ndasi, responsable du litige et du plaidoyer de l’Union africaine au sein de Minority Rights Group (MRG). « Cette décision réfute l’idée selon laquelle la résolution de la crise climatique passe par le déplacement des communautés autochtones et la saisie de leurs terres. Au contraire, elle crée un précédent fort qui reconnaît la valeur des connaissances traditionnelles autochtones et des pratiques de conservation de l’environnement et de la biodiversité. À partir de maintenant, aucune communauté autochtone ne devrait être expulsée au nom de la conservation, où que ce soit en Afrique ».

Dans les années 1970, les Batwa ont été violemment expulsés de leurs maisons et dépossédés de leurs terres ancestrales afin d’ouvrir la voie à la création du PNKB. Ils ont été plongés dans des décennies d’appauvrissement extrême, de discrimination sévère, de privation de terres et de mortalité vertigineuse dans des campements informels à la périphérie du parc. Au cours des deux décennies dévastatrices qui ont suivi l’expulsion, le nombre de Batwa expulsés du parc est passé d’environ 6 000 à seulement 3 000.

En 2022, une enquête de MRG a documenté une campagne de trois ans de violence organisée par les autorités du parc et les soldats congolais pour expulser les Batwa de leurs terres, entraînant la mort d’au moins 20 personnes, le viol collectif d’au moins 15 personnes et le déplacement forcé de centaines d’autres.

L’affaire, portée par MRG et Environnement, Ressources Naturelles et Développement (ERND) au nom de la communauté Batwa, a mis en évidence les expulsions violentes continues et les violations des droits de l’homme subies par la communauté Batwa. L’affaire a été déposée en 2015.

Joséphine M’Cibalida, membre de la communauté Batwa, partage son expérience : « Pendant que nous chassions, des agents de l’État ont envahi notre communauté et ont profité pour brûler nos maisons, nous laissant sans abri et sans ressources. Nous avons tout perdu, y compris notre dignité en tant qu’êtres humains. Cet arrêt nous donne l’espoir de recevoir justice pour le mal qui nous a été fait ».

Pour la première fois, la décision de la Commission reconnaît spécifiquement le rôle crucial des populations autochtones dans la protection de l’environnement et de la biodiversité. Elle a constaté que les modèles de conservation qui excluent les peuples autochtones de leurs terres ne sont pas efficaces pour lutter contre le changement climatique en Afrique.

Les principales recommandations de la Commission au gouvernement de la RDC sont les suivantes :

  • Présenter des excuses publiques complètes aux Batwa, en reconnaissant les abus mortels commis par les écogardes, les décès liés aux expulsions et les conditions de vie inhumaines auxquelles les Batwa ont été soumis ;
  • Reconnaître légalement les Batwa comme des citoyens à part entière de la RDC ;
  • Verser des indemnisations à la communauté Batwa;
  • Délimiter et octroyer des titres collectifs aux Batwa sur les territoires ancestraux au sein du PNKB ;
  • Créer un fonds de développement communautaire et partager les revenus du parc avec les Batwa ;
  • Retirer les personnes non-batwa des terres ancestrales des Batwa.

Jean-Marie Bantu Baluge, porte-parole de l’ERND, déclare : « Le recouvrement des droits des Peuples Autochtones sur leurs terres ancestrales et sur les ressources est essentiel à leur survie et à la protection de la biodiversité. La décision de la Commission offre un salut au peuple Batwa et aux autres communautés autochtones du bassin du Congo qui ont été malmenés pendant plus d’un demi-siècle au nom de la conservation ».

Les atrocités commises à l’encontre des Batwa remontent aux années 1970, lorsque le PNKB a été créé. L’enquête de MRG a également révélé que les soutiens internationaux du PNKB, tels que les gouvernements allemand et américain et l’organisation mondiale de protection de la nature Wildlife Conservation Society, pourraient être complices de ces crimes, notamment en violant un embargo sur les armes décrété par le Conseil de sécurité de l’ONU.

L’Union africaine a pleinement approuvé la décision de la Commission. Le Conseil exécutif et l’Assemblée l’ont tous deux approuvées lors de leurs sessions ordinaires tenues en février 2023 à Addis-Abeba, en Éthiopie. Cependant, sa publication a été retardée de plusieurs mois. MRG a reçu une copie d’un corrigendum à la Décision, contenant des clarifications importantes à la fin du mois de juin 2024. Le corrigendum sera disponible sur le site web de la Commission africaine en temps voulu.

Notes aux rédacteurs

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