L’afrobeat se réinvente en Colombie, qui puise dans ses racines “venues de l’autre côté de l’océan”

Avec une manière de s’exprimer reflétant la diversité de ses influences culturelles et un rythme parcimonieux, Juan David Loaiza, plus connu sous le nom de scène Kapo, raconte au journal El Tiempo la manière dont il a inventé la langue qu’il utilise dans ses morceaux d’afrobeat. L’artiste est devenu une référence en Colombie de ce genre né en Afrique et de plus en plus populaire dans le pays. C’est après un séjour en Jamaïque qu’il a créé l’owahúca, “sans trop y penser, parce que l’essence de sa langue, tout comme de sa musique, est d’exprimer des sentiments”.

L’afrobeat dont “les racines viennent de l’autre côté de l’océan” conquiert les Caraïbes et s’y réinvente ces derniers temps. “En seulement trois ans, les écoutes de chansons afrobeat en Colombie ont augmenté de plus de 640 %”, précise le média argentin Infobae. Et Kapo est le chef de file de ce phénomène.

Une popularité croissante

Ohnana et Uwaie, les titres de ses chansons les plus connues, signifient “Aie confiance, tout va bien aller” et “Je suis amoureux de toi”. Elles rendent hommage à ce genre qui mélange la musique africaine avec le jazz, le funk, la soul ou encore le dancehall et plus récemment le reggaeton.

Kapo est loin d’être le seul Colombien à s’être lancé dans l’afrobeat, dominé par les artistes africains Rema, Ayra Starr, Burna Boy et Omah Lay. D’autres chanteurs, principalement originaires de l’île de San Andrés et de la ville côtière de Carthagène, tentent aussi leur chance.

C’est le cas de Zaider, interviewé par le journal El Espectador, qui s’adonnait jusque-là à la champeta, un rythme traditionnel afro-caribéen revendiquant la négritude dans un pays où racisme et classicisme vont souvent de pair. Ou bien de Hamilton, désigné par Billboard comme l’un des talents émergents à suivre en 2025, et dont le nom est hérité d’un grand-père jamaïcain, relate un autre article du quotidien.

Des origines africaines

Ce n’est pas un hasard si l’afrobeat colombien, qui s’étend progressivement sur le continent, est né dans les Caraïbes. Comme l’explique le média panafricain Africa is a Country : “La côte caribéenne de la Colombie entretient des relations commerciales et migratoires” avec l’Afrique depuis des siècles. Notamment avec la Guinée, l’Angola et le Congo, d’où ont été transportés de nombreux esclaves qui, en s’enfuyant et en créant leurs propres communautés appelées “palenqueros”, “ont eu un impact indélébile sur le folklore colombien – mapalé, currulao, cumbia – et sur la musique populaire urbaine”.

On retrouve par exemple des hommages à Fela Kuti, le père de l’afrobeat, dans le vallenato et la cumbia, qui sont des musiques traditionnelles. Dans les îles colombiennes, c’est l’importation des célèbres soundsystems jamaïcains, appelés “picó”, qui ont permis de populariser les musiques africaines telles que le soukous, le ndombolo ou la rumba congolaise et de recréer “un lien panafricain”.

Aujourd’hui l’afrobeat et ses dérivés tels que l’afrodancehall et l’afropop ont cependant été en grande partie vidés des revendications politiques qui caractérisaient le genre, déplorent les spécialistes. D’autant plus lorsqu’ils se mélangent avec le reggaeton, dont proviennent plusieurs artistes qui s’essayent à l’afrobeat, tels Blessd, Ryan Castro où Beéle.

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