Pendant la campagne électorale, Susan Holt s’était engagée à retirer la majoration liée au coût du carbone du prix de l’essence et du diesel. Désormais à la tête du gouvernement, elle hésite à aller de l’avant, maintenant que des entreprises leur signalent les effets que cela pourrait avoir sur elles.
Le précédent gouvernement avait modifié une loi, ce qui avait eu pour effet de permettre aux pétrolières de refiler aux consommateurs le coût du règlement fédéral sur les combustibles propres. Cela se traduit par une hausse d’environ 7 cents à la pompe.
En campagne, Susan Holt avait promis de l’éliminer mais en décembre, la première ministre avait appuyé sur la pédale de frein face à l’opposition des petits détaillants. Il avait été décidé que le projet de loi irait en Comité permanent de modification des lois à des fins de consultations publiques.
Mardi, des détaillants y étaient entendus. Christine McAllister, la propriétaire d’une station-service de Ripples, une communauté rurale près de Minto, est l’une d’entre elles.
Christine McAllister est propriétaire d’une station service à Ripples une communauté rurale.
Photo : Assemblée législative du N.-B.
Devant les élus, elle a été catégorique. Si la majoration, aussi appelée « ajusteur de carbone », est retirée, elle devra absorber ce coût et perdra toute marge de profit sur la vente d’essence.
Elle a expliqué que si elle perdrait sa marge, elle arrêterait ainsi de vendre de l’essence, ce qui aurait des conséquences sur toute la communauté.
Ça veut dire que les motoneiges ne pourront plus venir, les machineries lourdes de mes voisins ne pourront plus non plus, ils devront aller ailleurs. Il y a plusieurs éléments de ma communauté qui ne se produiront plus
.

Peter Clark est le vice-président de la Oil Heat Association of New Brunswick.
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
Mardi, c’est essentiellement le message qu’ont voulu lancer des membres de l’industrie du pétrole : sans l’« ajusteur de carbone », leur survie serait menacée.
Nous sommes pris en otage par la situation
, lance Peter Clark, le vice-président de l’Association du chauffage au pétrole et propriétaire de l’entreprise Clark Oil de Woodstock.
Nous ne sommes pas de grosses compagnies pétrolières.
La promesse
Les libéraux qui avaient fait une promesse ferme pendant la campagne électorale ressentent une certaine pression venant des citoyens qui réclame plus d’abordabilité, reconnaît le député libéral de Shediac-Cap-Acadie.
Tout le monde ressent la crise du coût de la vie. […] Nous devons prendre des actions
, a-t-il senti le besoin de rappeler à des témoins.
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Jacques LeBlanc dit qu’il faut écouter le milieu avant d’aller plus loin.
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
L’exercice de mardi en était un de transparence et d’écoute
, selon l’élu libéral. Il y a un bord qui est pour, un bord qui est contre.
Les progressistes-conservateurs, eux, estiment que le gouvernement a davantage d’éléments pour le convaincre de reculer complètement.
Je pense que c’est vraiment important de garder [la majoration]
, lance Bill Hogan. Selon lui, la retirer est dangereux
, parce qu’on va perdre les magasins.

Le progressiste-conservateur Bill Hogan maintient qu’il faut maintenir la majoration sur le carbone.
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
Les libéraux pourraient-ils revenir sur leur promesse?
Possiblement. Mais ce n’est pas l’intention du gouvernement. Je pense que nous, on a été élu sur une promesse électorale d’amener des mesures d’abordabilité
, répond Jacques LeBlanc.
Une voix pour l’abolition
Les élus ont également pu entendre des voix plus favorables à l’idée de retirer la majoration.
Moe Qureshi, le directeur de la recherche et de la politique climatique pour le Conseil de la conservation du Nouveau-Brunswick pense que cet ajout sur le prix est trop approximatif.
Elle surestime les coûts et les répercute sur les consommateurs
, affirme-t-il.

Moe Qureshi est le directeur de la recherche pour le Conseil de la conservation du Nouveau-Brunswick.
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
Pour refléter le coût à la pollution, il propose d’augmenter la taxe sur le carbone des entreprises. Je pense qu’il est plus juste de faire peser cette responsabilité sur l’industrie plutôt que sur les citoyens
.
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