Mali : entre avancées et obstacles dans le secteur agricole | APAnews

Le Premier ministre malien, le général Abdoulaye Maïga, a présidé la 15ᵉ session du Conseil supérieur de l’agriculture, qui a fait le bilan de la campagne agricole 2024 et tracé les perspectives pour l’avenir. Malgré des progrès notables, le secteur agricole malien fait face à de nombreux défis structurels, notamment liés au changement climatique, à l’insécurité et à la pression foncière.

Le chef du gouvernement de transition du Mali, le général Abdoulaye Maïga a présidé jeudi 27 février 2025 la 15ᵉ session du Conseil supérieur de l’agriculture (CSA) à la Primature. Cette réunion a permis d’évaluer la mise en œuvre des recommandations de la session précédente, de dresser le bilan de la campagne agricole 2024 et d’examiner les perspectives pour les années à venir.

Les résultats de la campagne agricole de 2024 montrent des progrès, bien que de nombreux défis subsistent. Le changement climatique, l’insécurité, la disponibilité des intrants agricoles et la pression foncière continuent de freiner le développement du secteur. L’agriculture reste néanmoins un pilier clé de l’économie nationale, employant près de 80 % de la population et contribuant à hauteur de 38 % au PIB.

Les données consolidées révèlent une production céréalière de 11 millions 10 851 tonnes, en hausse de 6,4 % par rapport à l’année précédente. La production de coton a atteint 615 000 tonnes, tandis que la production de viande rouge contrôlée s’élève à 96 750 tonnes. Par ailleurs, la pêche, soutenue par les efforts de l’aquaculture, a produit 113 218 tonnes de poisson.

Cependant, ces résultats sont assombris par les crues exceptionnelles de 2024, qui ont détruit 367 294 hectares de cultures, affectant directement 101 160 exploitants agricoles. Au total, 647 529 tonnes de production ont été perdues, ce qui constitue un revers pour la souveraineté alimentaire du pays, dans un contexte de défis sécuritaires et alimentaires persistants.

Le secteur agricole continue de faire face à des difficultés structurelles. Malgré les efforts du gouvernement, l’accès aux intrants agricoles reste limité, avec seulement 60 % des besoins en engrais et semences couverts en 2024. Ce déficit, combiné à la hausse des prix des intrants et à des problèmes logistiques, nuit à la rentabilité des exploitations agricoles.

L’insécurité dans plusieurs régions du pays affecte également l’agriculture, rendant l’accès aux champs de plus en plus risqué, notamment dans le centre et le nord. Les éleveurs subissent des pertes importantes, avec des troupeaux décimés et 354 739 personnes déplacées en 2024.

La pression foncière due à l’urbanisation et à l’exploitation des terres représente un autre défi majeur pour le secteur. La sécurisation du foncier agricole est devenue une priorité pour éviter les conflits liés à l’accès à la terre et garantir un cadre stable pour les investissements et la production durable.

Pour la campagne agricole 2024-2025, l’État malien avait alloué un budget de 182,3 milliards de FCFA, en légère augmentation par rapport à l’exercice précédent. Toutefois, pour 2025, une réduction de 11,5 % est prévue, avec un budget prévisionnel de 161,4 milliards de FCFA, ce qui pourrait ralentir certains projets, notamment ceux liés à l’irrigation et à l’aménagement de nouvelles terres agricoles.

Malgré cela, le gouvernement reste ambitieux, avec l’objectif d’aménager 2 millions d’hectares, dont 1,5 million pour les cultures et 500 000 pour l’élevage pastoral. Ce projet nécessitera une mobilisation importante de financements et un accompagnement technique pour les exploitants.

Lors de cette session, la nécessité d’une collaboration renforcée entre le secteur agricole et la recherche scientifique a été soulignée. La modernisation du secteur agricole passe par l’innovation, qu’il s’agisse des pratiques culturales, de l’irrigation ou de l’amélioration génétique des semences et du bétail. L’extension des missions du Centre national d’insémination artificielle animale a été évoquée dans le but d’améliorer la productivité et de favoriser l’émergence d’une véritable industrie agroalimentaire au Mali.

Les objectifs de production pour 2026 et 2027, prévoyant une production céréalière de 12,2 millions de tonnes en 2026 et de 12,7 millions de tonnes en 2027, sont ambitieux. Leur réalisation dépendra de la capacité du pays à surmonter les obstacles actuels.

L’agriculture malienne est à un tournant. Face aux défis persistants et aux ambitions de souveraineté alimentaire, le secteur devra surmonter de nombreux obstacles pour garantir un avenir durable aux millions de producteurs qui en dépendent.

MD/ac/Sf/APA

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