Course mondiale aux terres rares : la France veut sécuriser son approvisionnement en minerais critiques
Depuis 2022 la France s’est dotée d’une stratégie pour les minerais critiques. Pendant cinq ans le BRGM va mettre à jour l’inventaire stratégique des ressources minérales du sous-sol français.
La course mondiale aux minerais critiques, dont les fameuses terres rares, intéresse évidemment la France, qui a lancé en janvier 2022 une stratégie pour en sécuriser l’approvisionnement.
Cinq axes pour la stratégie nationale
À l’issue des travaux d’une mission conduite par Philippe Varin, ancien président de France Industrie, axée prioritairement sur les métaux des batteries (nickel, cobalt, lithium) et des aimants permanents (terres rares), particulièrement critiques pour l’électromobilité et pour les nouvelles énergies, le gouvernement avait retenu cinq axes stratégiques : lancement de travaux préparatoires à la constitution d’un fonds d’investissement, création de l’Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (OFREMI) , élaboration d’une feuille de route technologique partagée entre les industriels et la recherche publique relative aux métaux des prochaines générations de batteries, et traduction dans une norme ou un label, certifiable, du concept de « mine responsable ».
En mai 2023, dans le cadre des objectifs de réindustralisation du plan France 2030 et à la suite du rapport Varin, le gouvernement a ainsi lancé un fonds d’investissement dédié aux minerais et métaux critiques pour sécuriser l’approvisionnement de l’industrie en ces composés clés de la transition énergétique mais aussi pour la défense.
Un fonds d’investissement
« Géré par la société InfraVia, ce fonds a vocation à être investi par des partenaires privés, industriels comme financiers, et sera abondé par l’État dans le cadre de France 2030, à hauteur de 500 millions d’euros. La Caisse des Dépôts sera l’opérateur pour le compte de l’État de cet investissement. Incluant l’investissement de l’État, Infravia vise une levée de fonds à hauteur de 2 milliards d’euros », indiquait le ministère de l’Économie.
Le fonds français – qui pourra investir dans des projets situés sur toute la chaîne de valeur, depuis l’extraction jusqu’au recyclage en passant par la transformation – s’inscrit par ailleurs dans la stratégie de sécurisation des approvisionnements portée par l’Union Européenne et incarnée par le projet de Critical Raw Materials Act, en vigueur depuis mai 2024.
« Outre la nécessaire exploitation des ressources naturelles présentes sur le territoire national, cette stratégie passe par la participation aux projets d’extraction et de transformation les plus structurants au niveau mondial », assurait le ministre de l’Industrie de l’époque, Roland Lescure.
Un nouvel inventaire des ressources minérales
Car la France entend bien aussi regarder de près ses propres ressources en minerais critiques, qui sont nombreuses. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), a ainsi annoncé le 13 février dernier qu’il va mener « un vaste inventaire sur une partie du territoire métropolitain et ultramarin. Ce programme, d’un montant de 53 millions d’euros et d’une durée prévisionnelle de 5 ans, permettra d’identifier les zones d’intérêt pour une cinquantaine d’éléments ciblés. »
Il s’agit de mettre à jour le précédent inventaire, réalisé entre 1970 et 1995, et aujourd’hui obsolète. Plus de 30 % des « zones d’intérêt prospectif » n’ont, en effet, pas été étudiées pour les métaux dits stratégiques…
Cinq chantiers territoriaux ont été identifiés et seront couverts par des campagnes d’acquisitions de données, a annoncé le BRGM : l’ouest du Massif Central, la zone Morvan-Brévenne, les Vosges, l’Occitanie-Cévennes-Cerdagne et le Sillon Nord de la Guyane. L’interprétation des résultats permettra d’identifier les zones les plus favorables à la présence de gisements profonds.
« L’actualisation de l’inventaire des ressources minérales nécessite de nombreuses expertises. Des travaux sont ainsi d’ores et déjà en cours pour réaliser l’analyse d’échantillons historiques et la mise en cohérence de bases de données d’origines diverses (données géologiques BRGM, anciennes campagnes de prospection, etc.) », a précisé le BRGM.
« Par ailleurs, de grandes études géophysiques aéroportées seront lancées avec les méthodes les plus modernes pour recueillir des données indirectes sur la nature des structures géologiques du sous-sol et des fluides qui les traversent, depuis la proche surface jusqu’à plus de mille mètres de profondeur. Ces programmes d’étude menés par hélicoptère ou par avion bénéficieront de l’expérience acquise ces dernières années dans le Massif Central et les Vosges », a précisé le Bureau.
Enfin, « en parallèle, des prélèvements de sédiments provenant des cours d’eau seront effectués pour réaliser des analyses géochimiques panoramiques afin de compléter la connaissance géologique existante et de croiser les données avec les études géophysiques. »
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