L’exposition saoudienne sur le divertissement et l’amusement rassemblera les leaders du secteur en mai
RIYAD : Alors que l’économie mondiale traverse une zone de fortes turbulences, les marchés financiers saoudiens affichent une santé insolente, affirment les experts interrogés par Arab News.
Les signaux d’alerte se multiplient sur les marchés internationaux. Chute du S&P 500 sous la barre symbolique des 6,000 points mercredi dernier, politique imprévisible de Donald Trump alimentant l’instabilité du marché pétrolier, perturbations persistantes des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Face à ce contexte mondial défavorable, le Royaume fait preuve d’une remarquable résilience. Portée par l’ambitieux programme Vision 2030 et son arsenal de réformes réglementaires, l’Arabie saoudite parvient à naviguer dans ces eaux tumultueuses.
L’économie saoudienne a repris des couleurs en 2024 avec une croissance de 1,3%, portée par une progression significative de 4,6% des activités non pétrolières, compensant partiellement le recul du secteur des hydrocarbures.
L’écosystème financier saoudien est prêt pour une croissance encore plus importante, mais la question cruciale demeure : peut-il continuer à consolider sa position de hub financier mondial dans un environnement aussi imprévisible ?
« L’Arabie saoudite est largement maîtresse de son avenir économique, » affirme Vikas Papriwal, directeur de FTI Consulting pour le Moyen-Orient et l’Afrique, interrogé par Arab News.
« Sa capacité à se prémunir contre la volatilité du marché pétrolier repose sur son engagement résolu dans la recherche et l’innovation en matière d’énergies renouvelables et durables. Le Royaume doit devenir un leader incontesté de la transition énergétique mondiale. »
Cette transformation passe par un arsenal impressionnant de réformes réglementaires destinées à aligner les marchés financiers saoudiens sur les standards internationaux les plus exigeants.
« Pour consolider sa position de puissance financière, le Royaume doit encore simplifier davantage les processus de création et de gestion d’entreprises, notamment via des réformes juridiques et fiscales ambitieuses, » précise Papriwal.
Pour Rezwan Shafique, directeur des services financiers chez Arthur D. Little, ces réformes ne constituent que les fondations d’un édifice bien plus ambitieux.
« Les transformations législatives, comme la nouvelle loi sur les sociétés, les plans stratégiques de l’Autorité des marchés financiers et les directives du ministère de l’Investissement, ont créé un environnement favorable. Le Royaume entre désormais dans une phase cruciale: faire connaître ces opportunités aux acteurs mondiaux. »
Les premiers résultats sont déjà visibles. La part saoudienne dans l’indice MSCI des marchés émergents a grimpé à 4%, contre 2,7% en 2019. Plus spectaculaire encore, la participation étrangère à la Bourse saoudienne a été multipliée par 25 en cinq ans, atteignant le seuil symbolique des 100 milliards de dollars, signalant des opportunités croissantes pour les investisseurs mondiaux.
« L’enjeu est maintenant de stimuler les nouvelles introductions en bourse et de transformer Tadawul en plateforme multi-juridictionnelle, » estime Shafique. « Cela suppose de tisser des alliances stratégiques avec la Chine, Singapour et les nations africaines. »
L’évolution de Tadawul ces dernières années relève presque du miracle financier. La Bourse saoudienne s’est hissée dans le top 10 mondial, avec une capitalisation atteignant 2,900 milliards de dollars fin 2024. L’introduction historique d’Aramco en 2019 — plus importante IPO jamais réalisée avec 25 milliards de dollars levés — a définitivement placé le Royaume sur la carte des grands centres financiers.
« L’intégration de Tadawul dans les indices mondiaux majeurs comme MSCI et FTSE a considérablement renforcé la présence des investisseurs internationaux, » souligne Serkan Teker, associé en services financiers chez Deloitte Moyen-Orient. « Mais pour rivaliser véritablement avec Wall Street ou la City de Londres, l’Arabie saoudite doit encore améliorer la liquidité de ses marchés, diversifier sa représentation sectorielle et renforcer la transparence. »
Le secteur bancaire saoudien constitue déjà un moteur puissant de cette dynamique, avec « une croissance annuelle impressionnante de près de 11% entre 2018 et début 2023, tout en maintenant une qualité d’actifs remarquable malgré les secousses de la pandémie, » précise Teker.
La vision saoudienne dépasse largement le cadre des institutions financières classiques. « Le Royaume pourrait créer de nouvelles zones franches spécialisées dans des secteurs stratégiques comme la santé, les biotechnologies et les technologies de l’information, » suggère Teker. « Les méga-projets urbains en cours positionnent l’Arabie saoudite comme carrefour régional du commerce et de l’hospitalité. »
L’associé de Deloitte a poursuivi en expliquant que les avancées rapides de l’Arabie Saoudite dans l’intelligence artificielle, la fintech et la banque numérique transforment le pays en un hub mondial d’innovation. Il a cité des initiatives réglementaires, notamment le FinTech Sandbox et l’adoption de l’Open Banking, qui aident le Royaume à devenir un aimant pour les startups technologiques et les investisseurs internationaux.
Il a ajouté que des initiatives telles que les banques exclusivement numériques et les solutions basées sur l’IA dans la finance et la santé positionnent l’Arabie Saoudite à l’avant-garde de la technologie financière de pointe.
Le marché fintech du Royaume, en particulier, a connu une croissance exponentielle — en hausse de 25 % en 2024 selon la Banque centrale saoudienne — reflétant l’importance croissante de la transformation numérique pour l’économie.
« L’Arabie saoudite déploie des moyens considérables dans l’IA et les infrastructures associées, notamment via un fonds technologique de 40 milliards de dollars, » révèle Papriwal. « La création de l’Autorité saoudienne de l’intelligence artificielle va catalyser l’innovation dans des secteurs stratégiques comme la santé, la finance et l’industrie. »
Ce tableau idyllique ne doit pas masquer les obstacles qui demeurent. L’instabilité géopolitique chronique au Moyen-Orient et la dépendance encore forte aux fluctuations du marché pétrolier restent des facteurs de vulnérabilité.
« Tadawul doit évoluer simultanément sur deux fronts, » analyse Shafique. « D’abord, se transformer d’une bourse nationale en plateforme multi-régionale; ensuite, devenir une entreprise technologique offrant aux institutions financières les outils pour développer et exécuter leurs stratégies d’investissement. »
En regardant vers l’avenir, la capacité de l’Arabie Saoudite à étendre ses marchés financiers, à diversifier davantage son économie et à poursuivre sa transformation numérique sera cruciale pour maintenir sa trajectoire ascendante.
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L’avenir financier de l’Arabie saoudite se dessine à l’intersection de trois axes majeurs: l’expansion de ses marchés financiers, la diversification économique et l’accélération de sa transformation numérique dans le cadre de son programme Vision 2030 plus large. Cette vision positionne l’Arabie Saoudite non seulement comme un acteur régional, mais aussi comme un leader sur les marchés financiers mondiaux.
Teker a souligné que l’Arabie Saoudite peut renforcer sa position de puissance financière mondiale en développant l’inclusion numérique et financière grâce à des solutions bancaires numériques et des programmes d’éducation financière pour atteindre les segments sous-desservis de la population.
En outre, il a mis en évidence l’importance d’approfondir les réformes des marchés de capitaux, d’introduire des instruments financiers avancés et d’attirer la participation étrangère pour améliorer la liquidité et diversifier les options d’investissement.
Teker a également expliqué qu’en tirant parti des cadres réglementaires, en favorisant les partenariats entre les banques et les entreprises fintech, et en attirant des acteurs numériques internationaux, l’Arabie Saoudite peut s’établir comme un hub fintech mondial et renforcer sa position dans le secteur des services financiers en rapide évolution.
« Ces initiatives, parfaitement alignées avec les ambitions de Vision 2030, peuvent propulser l’Arabie saoudite au rang de leader financier mondial tout en garantissant une croissance économique inclusive et durable, » conclut-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
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