Crédit photo, Fespaco
- Author, Ibrahim Zongo
- Role, Broadcasting journalist
- Reporting from Dakar
-
Le réalisateur burkinabè, Dani Kouyaté a remporté samedi l’Étalon d’or du Yennega, le sacre suprême au Festival panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Son film, Katanga, la danse des scorpions inspiré des œuvres de Shakespeare, a été plébiscité par le jury de cette vingt-neuvième édition. C’est le troisième Burkinabè à remporter ce trophée, le dernier remontant à 1997 avec Buud Yam du réalisateur Gaston Kaboré.
Quand Dani Kouyaté portait la tenue traditionnelle dorée offerte à L’Étalon d’or par le styliste Issa Bologo, c’est le rêve de tout un pays qu’il venait de porter haut. « Je voudrais dédier cet Étalon d’or au peuple du Burkina Faso et à tous ceux qui sont morts sur le champ de bataille pour défendre notre patrie. La lutte est âpre, mais la victoire est certaine », a-t-il lancé sous un tonnerre d’applaudissements de l’assistance.
Ça y est désormais, Katanga, la danse des scorpions du réalisateur burkinabè porte le cinéma burkinabè au firmament du septième art africain.
Et lorsqu’il se frayait un chemin parmi la foule de festivaliers qui avait pris d’assaut le Palais des sports de Ouaga 2000 pour la cérémonie de clôture de la vingt-neuvième édition du Fespaco, Kouyaté se rappelait certainement de sa désillusion de 2001.
Cette année-là, il avait raflé plusieurs prix au Fespaco mais était passé à côté du graal avec son film Sya, le rêve du python qui avait été déclassé par Ali Zaoua du marocain Nabil Ayouch. Plus de vingt ans d’attente et de travail acharné qui se voit récompensé à l’édition 2025 du festival.
Une fable inspirée de Macbeth de Shakespeare
Katanga ou La danse des scorpions, est une fable tournée en noir et blanc qui mélange les codes traditionnels et la modernité. Inspiré du drame Macbeth de Shakespeare, le film raconte comment le pouvoir corrompt totalement un roi.
Le jury présidé par le réalisateur Malien Souleymane Cissé décédé le 19 février, à la veille du début du Fespaco (les membres du jury ont décidé de ne pas le remplacer) a souligné « le caractère intemporel et universel » de la thématique.
Il a également relevé « la savoureuse magie qui a permis de fixer l’intemporalité dans notre contemporaine actualité » de même que « son fort ancrage culturel à travers ses décors, ses costumes et la valorisation de son identité linguistique ».

Crédit photo, Dani Kouyaté
Le réalisateur connu pour sa rigueur dans la production de film voit ses efforts récompensés, lui qui a dû renoncer à participer à l’édition de 2023 pour parfaire son œuvre.
« Quand tu veux dire des choses, tu prends ton temps pour l’écrire. Ça peut prendre deux ans. Quand tu es satisfait du scénario au bout de deux ans, tu commences à chercher l’argent. Ça peut prendre un an, deux ans. Après tu tournes, ça peut prendre encore un an », a déclaré le réalisateur dans une interview à la chaîne de télévision privée Canal3.
Le film a été tourné dans les banlieues de la capitale burkinabè, Ouagadougou et a couté un million d’euro, a indiqué Dani Kouyaté lors de cet entretien: « le budget c’est quand même un million d’euro. Si tu n’as pas un million d’euro tu ne fais pas un film de cette facture. »
Descendant d’une famille de griots, Dani Kouyaté est né à Bobo Dioulasso, la capitale économique du Burkina Faso, le quatre juin mille neuf cent soixante et un. Fils du célèbre comédien Sotigui Kouyaté, Dani est diplômé de l’Institut africain d’études cinématographiques de l’université Ouagadougou et de l’École internationale d’anthropologie de Paris où il a obtenu un diplôme d’études approfondies de cinéma.
Avec la contribution de Valérie Bony
Crédit: Lien source