Le Sénégal veut encourager l’achat de maïs local plutôt que l’importation. Le problème est récurrent pour ce pays qui ne produit pas assez pour nourrir sa population. Mais après une rencontre avec les agro-industriels début février, un protocole d’accord a été trouvé entre la filière maïs et les industriels pour qu’ils achètent au moins 5 000 tonnes au Sénégal.
De notre correspondante à Dakar,
C’est l’histoire d’un paradoxe. Chaque année, ce sont des centaines de milliers de tonnes de maïs qui sont importées par les meuniers sénégalais, en particulier ceux qui fabriquent des aliments pour le bétail. Rien qu’en 2024, 500 000 tonnes de la petite céréale jaune ont été achetées à l’étranger, quelquefois en Argentine ou au Brésil, pour un montant de 80 milliards de francs CFA.
Le maïs sénégalais plus cher que celui importé
Pendant ce temps, les producteurs de maïs sénégalais se plaignent de ne pas réussir à écouler leur stock, pour une raison simple : leur maïs est plus cher que celui venu d’ailleurs, en partie parce que les rendements sénégalais sont moins bons. Au Sénégal, on peut produire environ trois tonnes par hectare, alors qu’ailleurs, c’est entre huit et dix tonnes par hectare. L’État voudrait inverser la tendance, avec l’introduction de nouvelles semences hybrides, et réduire la facture des importations, à l’heure où les caisses sont particulièrement vides.
Désormais, 1% du maïs acheté au Sénégal
Pour cela, un accord entre industriels et producteurs de maïs a été trouvé mi-février 2025 : les industriels achèteront 5 000 tonnes de maïs au Sénégal sur les 500 000 tonnes importés. Cela représente donc 1% de ce qui est acheté. Mais pour les acteurs du secteur, c’est un bon début pour inciter les agriculteurs sénégalais à produire plus de maïs et, petit à petit, créer une filière.
Un point a fait l’objet d’âpres discussions : le prix du kilo de maïs acheté au Sénégal. Les paysans ont proposé 225 francs CFA le kilo, les industriels plutôt 198 francs CFA, ce qui correspond au prix qu’ils paient à l’étranger. Au final, ce sont les paysans qui l’ont emporté : les industriels acceptent de payer ces 5 000 tonnes sénégalaises 225 francs CFA le kilo, plus cher donc, pour encourager la production locale.
L’objectif : passer à 10 000 tonnes la quantité de maïs sénégalais achetée par les industriels dès l’année prochaine.
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