Guinée, puissance agricole 2040 ?

Pourquoi pas. La Guinée peut le faire. Elle peut nourrir ses enfants à satiété et exporter l’excédent. Et devenir ainsi, le grenier de l’Afrique de l’ouest. Le pays dispose des arguments, du potentiel et des atouts nécessaires pour y arriver. Le reste est une question de vision, de volonté politique et de stratégies d’approche.

Au niveau stratégique, il convient d’inverser la perspective actuelle qui consiste à beaucoup trop miser sur les Mines pour développer le pays.

Car il est de notoriété publique que la Guinée, notre pays est un scandale à la fois géologique et agricole. Avec environs 13 millions d’hectares de terres propices à l’agriculture dont la plus grande partie reste sous-exploitée, le pays peut cultiver plusieurs variétés de produits agricoles facilités par une pluviométrie abondante et une diversité agroécologique (Foret, savane, littoral).

Ce n’est pas tout, la Géographie nous enseigne que « la Guinée est le château d’eau de l’Afrique occidentale ». Et ce rappel n’est pas qu’une simple expression qualifiante, c’est un fait. Une réalité. Nombre de fleuves de pays africains traversent ou prennent leurs sources en Guinée. Ce qui est un atout inestimable qui favorise et facilite l’irrigation et la pratique de l’agriculture, toute l’année. Ce qui n’est pas encore le cas.

Cette prédisposition à faire de la Guinée, une puissance agricole, le pays en est doté, mais faut-il de la volonté politique et de la méthode pour traduire ces atouts naturels en actions concrètes.

Pour ce faire, nul besoin de réinventer la roue. Il suffit de s’approprier des outils modernes adéquats qui ont fait recettes ailleurs et qui sont à la portée de tous. Il s’agit par exemple d’investir massivement dans la modernisation et surtout la mécanisation. Cela veut dire qu’il faille mettre en relief l’acquisition et l’utilisation des machines agricoles pour améliorer la productivité et réduire considérablement le travail de la main. Là-dessus, il est vrai, les gouvernements successifs ont essayé, tenté, dépensé beaucoup d’argent mais le constat est là : le pays court toujours – presque désespérément – derrière la sécurité alimentaire.

Pis, les populations sont toujours à la merci de l’importation du riz, aliment de base du Guinéen. Le ministre Felix Lamah peut éloquemment le témoigner.

La modernisation et la mécanisation supposent aussi, beaucoup d’investissement pour le désenclavement des zones de production, et la construction ou la réhabilitation des unités de stockage pour limiter les pertes post-récoltes.

En plus, il serait tout aussi pertinent de mettre en place, des initiatives de financement et de soutien aux petits agriculteurs, par exemple des crédits agricoles accessibles partout et pour tous. Ces soutiens, s’ils venaient à être concrétisés, peuvent aider à booster leurs activités grâce à l’achat des équipements modernes et des semences améliorées.

De même, le renforcement des capacités des producteurs peut favoriser leur organisation en coopératives agricoles de manière à faciliter l’accès aux marchés et à d’éventuels financements de la part des secteurs public et privé.

Une fois que ces quelques prérequis sont réunis, l’on peut passer à l’étape de la transformation et de l’industrialisation du secteur de l’agriculture par la mise en place d’unités agroalimentaires. Une éventuelle phase d’industrialisation qui dont l’avantage sera d’aider à surmonter le double défi qui se rattache à la conservation et à la commercialisation des productions locales (mangues, citrons, arachides, ananas, igname, patate, oranges etc..). Cette mutation industrielle est une valeur ajoutée certaine propre à améliorer les habitudes alimentaires et même de la santé publique.

Sans être exhaustif dans les propositions et les stratégies, la Guinée peut bien relever le défi du grenier de l’Afrique de l’ouest d’ici à 2040 et être un pont vers la prospérité – oubliez Simandou – dont le programme est certes ambitieux mais peut s’avérer plus lent et complexe en raison du déficit de capacité technique et technologique du pays à négocier d’égal à égal et à garantir les intérêts justes de l’Etat. Sans oublier le caractère volatile des métaux précieux, le fer y compris.

Une chose est certaine, le développement de l’agriculture procure beaucoup d’avantages au nombre desquels, la résolution de facto de la question de l’exode rural et conséquemment, bien de problèmes sociaux auxquels l’on fait face dans les villes (insécurité, logement, mobilité etc.).

Reste à savoir si cette idée de grenier d’Afrique de l’ouest d’ici à 2040 trouvera des échos favorables chez autorités qui nous dirigent et qui ont sans doute, leur priorité ailleurs : le programme Simandou 2040.

In Le Punch N°9


Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.