À la Une: la crise politique en Guinée-Bissau

« L’inquiétude grandit, soupire Le Pays au Burkina, depuis que le président Umaro Sissoco Embalo, en fin de mandat, ruse avec le peuple pour garder le pouvoir. On se rappelle, en effet, qu’il avait dissous le parlement dominé par l’opposition en décembre 2023. Par la suite, il avait fixé au 24 novembre 2024, les législatives anticipées, avant de les reporter “sine die“. Et alors que son mandat présidentiel a pris fin jeudi dernier, l’ancien général de 52 ans a annoncé unilatéralement et sans concertation, que les scrutins présidentiel et législatif ne pourraient pas avoir lieu avant le 30 novembre prochain ».

« Aujourd’hui en fin de mandat, donc, constate Le Pays, Umaro Sissoco Embalo use de stratagèmes pour conserver le pouvoir. De toute évidence, les arguments qu’il a avancés pour justifier le report à savoir “des obstacles techniques et financiers“, ont été battus en brèche par l’opposition qui n’entend pas s’en laisser conter. Umaro Sissoco Embalo rate ainsi une occasion d’entrer dans l’histoire de son pays par la grande porte ».

La mission de la Cédéao priée de partir…

Qui plus est, signe de sa détermination, voire de son obstination à rester au pouvoir, le président bissau-guinéen a expulsé ce week-end une mission de la Cédéao dans son pays qui travaillait sur un projet de feuille de route pour la tenue d’élections législatives et présidentielles cette année. 

« Dans son délire d’un troisième mandat anticonstitutionnel, Umaro Sissoco Embalo chasse une délégation de la Cédéao », s’exclame le site Afrik Soir. « Au lieu de jouer la carte du dialogue, il a opté pour la confrontation. (…) Ce bras-de-fer institutionnel inquiète non seulement la classe politique locale mais aussi la communauté internationale. L’expulsion de la mission de la Cédéao pourrait aggraver l’isolement diplomatique du régime d’Embalo, pointe encore Afrik Soir, déjà accusé d’autoritarisme et de dérive anti-démocratique. Face à cette situation, la Cédéao a annoncé qu’elle soumettrait un rapport détaillé de cette mission avortée à son président, Omar Alieu Touray. Reste à savoir quelles mesures seront prises contre Embalo, dont l’attitude met en péril la stabilité de la Guinée-Bissau et de la sous-région ».

Vers une dictature ?

Walf Quotidien, au Sénégal voisin, hausse le ton. « Umaro Sissoco Embalo, un pas de plus vers une dictature », titre le quotidien dakarois. Walf qui donne la parole au journaliste bissau-guinéen Candido Camara : « la Guinée-Bissau devrait être dirigée par un gouvernement de transition, affirme-t-il, dans la mesure où l’Assemblée nationale a été dissoute et que le président Embalo est en train de perpétrer un coup d’État institutionnel en refusant d’organiser l’élection présidentielle ».

Pour Doudou Sidibé, enseignant-chercheur à l’université Gustave Eiffel à Paris, toujours dans les colonnes de Walf Quotidien, « il est clair que c’est un recul démocratique car cette situation pouvait être anticipée. Des solutions auraient pu être apportées, estime-t-il, avant que le mandat n’arrive à terme. Il me semble que le président Embalo ait voulu profiter d’un flou juridique pour s’accrocher au pouvoir », décrypte encore l’enseignant-chercheur. Avant de s’interroger : « que lui serviraient quelques mois de plus sur un mandat de cinq ans ? Qu’est-ce qu’il n’a pas fait et qu’il projette de faire en prolongeant son mandat de quelques mois ? »

Répression…

La société civile n’est pas en reste, relève encore Walf Quotidien, qui donne la parole également à Bubacar Turé, le président de la Ligue guinéenne des droits de l’homme. Pour lui, « la situation des droits humains ne fait que se détériorer dans le pays. Les actions du régime autoritaire de Umaro Sissoco Embalo se caractérisent par des arrestations arbitraires, des persécutions et des intimidations à l’encontre de journalistes et de voix dissidentes. Rien qu’en 2024, poursuit-il, le président Embalo a arrêté et torturé plus de 100 personnes, pour avoir décidé de défier ses mesures illégales visant à restreindre les libertés fondamentales garanties constitutionnellement à tous les citoyens“ ».

Enfin, Aujourd’hui à Ouagadougou s’interroge : « les protagonistes de ce pays pourront-ils taire leurs divergences et leurs égos pour penser à l’avenir de la Nation ? Que se passera-t-il d’ici novembre prochain, date prévue pour les élections ? Que va faire le président Embalo pour préserver la paix ? »

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