Pour les élus locaux, c’est une évidence : à quelques centaines de kilomètres de là, le Guyana et dans une moindre mesure le Suriname vivent un véritable boom pétrolier. Pourquoi la Guyane française devrait-elle se priver d’une telle manne ?
Mais voilà, le pétrole guyanais a une histoire… compliquée. On sait qu’il peut y en avoir dans le sous-sol marin, mais toutes les campagnes d’exploration menées depuis les années 1970 ont déçu. En 2011, un espoir était né avec un forage prometteur, mais les puits suivants n’ont jamais confirmé son potentiel. En 2019, TotalEnergies a jeté l’éponge. Son PDG, Patrick Pouyanné, est catégorique : « Il n’y a pas d’hydrocarbures accessibles en Guyane ». Rien à voir avec les ressources découvertes au Guyana voisin.
Pourquoi rouvrir le débat aujourd’hui ?
D’abord, parce que la pression politique monte. Les élus locaux dénoncent une hypocrisie : comment la France peut-elle interdire l’exploration chez elle tout en investissant dans le pétrole au Suriname ? Puisque localement, certains se disent qu’en recherchant, on pourrait peut-être trouver au final. Et puis il y a une réalité économique : avec des voisins qui s’enrichissent grâce à l’or noir, difficile d’expliquer aux Guyanais qu’ils doivent se contenter de dotations publiques pour vivre.
Mais relancer l’exploration n’est pas si simple. Il faudrait modifier la loi Hulot, qui interdit tout nouveau permis de recherche d’hydrocarbures en France. Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, dit « vouloir ouvrir le débat ». Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, y est farouchement opposée. Elle estime que revenir en arrière serait « incompréhensible ».
Il y a donc un choix à faire entre économie et écologie
C’est en partie la question. D’un côté, le pétrole – si vraiment on en trouvait – pourrait offrir un levier de développement à un territoire qui en a cruellement besoin. De l’autre, il y a l’impact environnemental : en 2018, la mobilisation contre un projet de TotalEnergies avait été massive, notamment à cause des risques pour le récif corallien de l’Amazone.
Et puis, le temps politique n’est pas le temps économique : entre un éventuel feu vert et une production effective, il faudrait des années. Autant dire que la réponse ne tombera pas demain matin. Et que la France restera un tout petit producteur de pétrole. Quelques champs sont encore exploités dans le sud-ouest notamment. La France produit sur son sol environ 1 % du pétrole qu’elle consomme… On a peu de pétrole… et pas toujours de bonnes idées !
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