80 000, c’est le nombre de personnes attendues le Mardi gras au carnaval de Fort-de-France pour cette édition 2025. Cela se confirme d’année en année, le jour de la sortie des Diables rouges est celui qui draine le plus de carnavaliers et de spectateurs. Mais pourquoi est-ce le jour le plus populaire des quatre jours gras ?
Près de 60 000 personnes dans les rues de Fort-de-France le Dimanche gras, 18 000 le Lundi gras, contre 80 000 le mardi et le mercredi. Ce sont les chiffres de la fréquentation de la municipalité foyalaise pendant le Carnaval. Le constat est sans appel. Le « Mardi gras » est un des jours les plus populaires de cet événement culturel.
Pour Yvon Lamorandière, militant culturel et ancien chargé de mission pour le carnaval à la ville de Fort-de-France, c’est la couleur rouge qui « attire » la foule.
Le Mardi gras par définition, c’est le Diable rouge. Or, on sait que le “Diable rouge” même si il est appelé rouge, ou “Diable” de manière commune, a des réminiscences africaines. Dans un passage, Césaire dit qu’il a rencontré ce personnage en Afrique. À mon avis c’est aussi le sang de la victoire, c’est la vie. Ça attire. C’est quelque chose qui est vivant. On a un carnaval qui est aussi basé chaque jour sur des couleurs différentes. Ce rouge est là pour dire qu’on est encore vivant et qu’on a encore des choses à partager ensemble. C’est normal que le mardi soit un jour où tout le monde peut se rassembler et faire un peuple.
Selon le militant culturel, le lien entre le Mardi gras et cette couleur est étroitement lié à l’héritage culturel martiniquais.
Le rouge est associé au Mardi Gras. N’oublions pas que quand on refait l’histoire du carnaval, même si ça a été porté par les colons, les esclavagisés de l’époque ont porté aussi leurs couleurs. Ce personnage, qui est le diable rouge, est en fait une divinité africaine. Je suppose que c’était une possibilité qu’ils avaient de faire revivre leur culture, leur être, leur manière d’être. Ça s’est inscrit, transporté, dans le carnaval. Quand on regarde le carnaval c’est aussi une espèce de Panthéon des personnages qu’on retrouve d’une manière ou d’une autre de la partie africaine de notre histoire. Le carnaval fait vivre cet apport africain.
Enfin, Yvon Lamorandière rappelle la signification du costume du Papa Djab, le personnage associé à ce jour de festivités.
Le miroir c’est la connaissance. Le rouge c’est la couleur du sang, mais c’est aussi la couleur du vivant. Les cornes, c’est aussi l’abondance, aussi dans le sens spirituel au niveau de comment on peut s’enrichir. Pas forcément de manière matérielle.
Cette année encore, une marée rouge devrait déferler dans les rues de la Martinique pour célébrer le Mardi Gras. Au total, sur l’ensemble des jours gras, plus de 243 000 personnes défileront dans les rues du chef-lieu.
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