Des manifestants contre la vie chère en Martinique et dans les territoires français d’outre-mer lors d’une manifestation en septembre 2024.
Dura lex, sed lex. Le 21 février, dix-sept personnes ont été interpellées par la police sur la commune de Case-Pilote, en Martinique. Toutes sont soupçonnées d’avoir pris part aux violences qui ont accompagné le mouvement social contre la vie chère, qui a enflammé l’île au cours de l’automne dernier. Spectaculaire, l’opération de police a mobilisé près de 200 agents, qui ont notamment mis la main sur une arme à feu et des munitions. Quatorze majeurs ont été déférés, la moitié passant en comparution immédiate.
Quelques jours plus tard à Fort-de-France se poursuivait le procès, en appel, de Rodrigue Petitot. Le chef du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) avait été condamné en première instance à dix mois de prison ferme pour s’être rendu responsable « d’actes d’intimidations et de menaces envers des élus ». En pointe lors des mobilisations contre la vie chère, le RPPRAC et son charismatique leader et très contesté sont accusés d’avoir encouragé les accès de violence, soufflant sur les braises du mécontentement social.
Un lourd bilan en termes de sécurité, d’image de marque et de vie économique
Près de six mois après les faits, la Martinique continue donc toujours de panser ses plaies. Et de payer les conséquences des graves troubles de septembre-octobre 2024. Sur le plan sécuritaire et judiciaire tout d’abord : si certains émeutiers ont été retrouvés et condamnés, l’image de la Martinique a été durement affectée par les violences. A tel point qu’une compagnie maritime japonaise vient d’annoncer qu’elle mettait fin à ses livraisons de véhicules sur l’île, celle-ci étant désormais considérée par cette entreprise comme « dangereuse ».
Sur le plan économique, ensuite. L’activité de nombreuses entreprises locales a été fortement impactée par les émeutes, avec des répercussions notables sur l’emploi. Le secteur du tourisme, très important sur l’île, a enregistré un recul dommageable, avec des réservations en chute libre. Enfin et surtout, plusieurs assureurs se sont, à la suite des événements de l’automne, retirés des marchés ultramarins, refusant de continuer d’assurer les entreprises locales. Autrement dit, c’est tout le tissu socio-économique martiniquais qui a souffert des débordements liés au mouvement de protestation – et continue, aujourd’hui, de payer les pots cassés. Les assurances, quant à elles, ont à plusieurs reprises annoncé quitter l’île, où le coût de la vie est devenu trop cher.
L’exemption de TVA entrée en vigueur depuis le 1er mars
S’il est incontestable que les violences ont eu des conséquences délétères sur la Martinique et ses habitants, les revendications des manifestants ont-elles, de leur côté, été entendues ? En partie du moins : alors qu’en Martinique les prix sont, en moyenne, 14% plus élevés qu’en Métropole – et jusqu’à +40% sur les produits alimentaires –, un protocole d’accord contre la vie chère a été signé le 16 octobre 2024. Retardée par la censure du gouvernement Barnier, son application est effective depuis le 1er mars.
Dans un communiqué publié samedi dernier, le préfet de la Martinique a indiqué que « l’État procédera à la mise à zéro de la TVA pour les 69 familles de produits de grande consommation visées par le protocole ». Concrètement, plus de 6 000 produits sont concernés par la mesure, ce qui, toujours selon le préfet, « constituera un levier supplémentaire en faveur de la baisse des prix ». Enfin une bonne nouvelle, sonnante et trébuchante, pour la Martinique et les Martiniquais lassés des violences.
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