«Le Nouveau-Brunswick ne se laissera pas intimider»

Les tarifs de 25% sur la plupart des produits canadiens imposés aux douanes américaines vont faire mal à l’économie du N.-B. Le gouvernement provincial promet de venir en aide aux entreprises et aux personnes affectées par la guerre commerciale, et Susan Holt affirme que le N.-B. «ne se laissera pas intimider».

Selon la première ministre Susan Holt, le N.-B. fait face à une réalité jamais vue en raison des tarifs de Donald Trump, qui ont été imposés à compter de mardi.

Lors d’une annonce mardi matin, elle a exhorté les gens du N.-B. à braver la tempête ensemble alors que son gouvernement annonce des mesures d’aide pour les entreprises et les particuliers.

«Le N.-B. ne se laissera pas intimider. Nous sommes une province fière et unique.»

Le Nouveau-Brunswick est particulièrement vulnérable aux tarifs puisque 92% de ses exportations annuelles sont normalement envoyées aux États-Unis.

Environ 35 000 emplois sont liés aux échanges commerciaux avec les États-Unis, et entre 4000 et 6000 Néo-Brunswickois pourraient perdre leur emploi en raison de la guerre commerciale, d’après Mme Holt.

Les tarifs généralisés de 25% s’appliquent à la plupart des produits canadiens, et les États-Unis imposeront aussi des droits de douane de 10% sur l’énergie canadienne. Le gouvernement Trump a également promis des tarifs de 25% sur l’acier et l’aluminium canadiens à compter du 12 mars, qui s’ajouteraient au tarif général de 25%.

La première ministre n’a pas annoncé de nouvelles mesures de représailles contre les États-Unis, mais s’est rangée derrière la stratégie d’Ottawa. Le gouvernement fédéral a annoncé des tarifs de 25% sur 30 milliards $ de produits américains et promet d’élargir ces tarifs d’ici trois semaines si la guerre commerciale dure toujours.

Le Nouveau-Brunswick a déjà cessé l’achat d’alcool américain et le gouvernement provincial tente de trouver des fournisseurs non américains pour ses achats de produits et de services.

Alors que son homologue Ontarien Doug Ford promet de cesser d’alimenter les États-Unis en électricité, Susan Holt n’a rien promis de tel.

«Notre réponse aujourd’hui est une première étape», a-t-elle dit en assurant qu’elle évaluera d’autres mesures à l’avenir, comme le fait de couper l’alimentation en électricité au Maine.

Mais elle s’est montrée réticente à franchir cette étape.

«Nos voisins au Maine sont nos amis, et nous voulons y réfléchir sérieusement avant de prendre des décisions qui pourraient faire du mal aux gens qui ont déjà pris position contre les tarifs que le président a illégalement mis en place.»

La sénatrice républicaine Susan Collins, du Maine, a déjà pris position contre ces tarifs qui nuiront à l’économie de son État.

De l’aide aux entreprises

Les mesures d’aide annoncées par le gouvernement totalisent 162 millions $, ce qui comprend de nouveaux fonds ainsi que du financement déjà contenu dans le budget de certains ministères.

Le gouvernement Holt a annoncé des prêts pouvant aller jusqu’à 5 millions $ pour aider les entreprises affectées par les tarifs à garder leurs portes ouvertes.

Cet argent provient de l’organisme gouvernemental Opportunités NB, qui dispose déjà d’un budget de 50 millions $ pour financer des prêts de ce genre.

On promet aussi un programme de 40 millions $ pour que les grands exportateurs du N.-B. demeurent compétitifs et viables à long terme, en plus d’une somme de 4 millions $ spécifiquement pour renforcer le Fonds des pêches du N.-B. afin de protéger ce secteur d’exportation.

Le N.-B. a annoncé peu de détails sur le soutien qui sera offert aux travailleurs affectés par les tarifs, mais promet un «fonds de soutenance» pour aider les communautés touchées par la guerre commerciale, ainsi qu’un programme de 33 millions $ pour soutenir le marché du travail et pour offrir des services aux gens qui auront perdu leur emploi en raison des tarifs.

Le ministre de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches, Pat Finnigan, a aussi dit vouloir appuyer les producteurs locaux et encourager l’achat local.

«Cherchez le logo Saveur NB, un moyen simple d’identifier les produits du Nouveau-Brunswick.»

Louis-Philippe Gauthier, vice-président de l’Atlantique pour la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, affirme que ces mesures sont un bon premier pas pour venir en aide aux entreprises. Il espère que les programmes seront adaptés à leurs besoins.

«On verra avec le temps si d’autres mesures seront nécessaires pour l’économie en général, mais on sera seulement être en mesure de le juger au courant des mois à suivre, ou espérons que ce ne sera pas le cas, des années à suivre.»

Les progressistes-conservateurs dénoncent le manque de détails

L’opposition progressiste-conservatrice déplore le manque de détails dans la stratégie du gouvernement libéral qui coûtera 160 millions $ aux contribuables.

Selon le chef Glen Savoie, l’annonce du gouvernement laisse les entrepreneurs et les travailleurs avec «plus de questions que de réponses».

«Alors que le Nouveau-Brunswick avait l’occasion de faire preuve d’un leadership fort, audacieux et visionnaire, la conférence de presse d’aujourd’hui a plutôt montré une réponse tiède de la part d’un gouvernement débordé qui n’est visiblement pas à la hauteur du défi.»

Dans un communiqué, il a également critiqué l’absence de plan pour développer les ressources naturelles du N.-B., comme le gaz naturel, dans le contexte des tarifs.

David Coon, le chef du Parti vert, juge que la stratégie du N.-B. n’est qu’une première étape. Il est d’avis que le N.-B. doit s’attendre à des surprises de la part du président américain. Selon lui, la province doit s’assurer d’avoir un approvisionnement en énergie et en denrées alimentaires qui ne dépendent pas des États-Unis.

«C’est une partie importante de la stratégie pour protéger les Néo-Brunswickois», dit le chef des verts, qui croit que le gouvernement devrait prioriser cet enjeu.

Le Nouveau-Brunswick éliminera les limites sur l’importation d’alcool

Le N.-B. éliminera plusieurs barrières au commerce interprovincial, selon le ministre des Affaires intergouvernementales, Jean-Claude D’Amours.

Il éliminera notamment la limite sur la quantité d’alcool en provenance d’autres provinces que les gens peuvent rapporter au N.-B.

Cette partie de la Loi sur la réglementation des alcools interdit par exemple l’achat de plus «d’une douzaine de chopines de bière ou 6,8 litres» de bière, sauf s’ils ont été achetés chez Alcool NB.

Selon le ministre, cette limite sera retirée prochainement.

Il a aussi indiqué que le Nouveau-Brunswick fera partie des provinces qui permettront la vente directe d’alcool aux gens, même si cet alcool provient d’autres provinces.

«Cela aidera certaines de nos entreprises au N.-B. à faire des ventes dans d’autres provinces et territoires», a dit Jean-Claude D’Amours.

Mais il faudra modifier la loi pour réaliser ces deux changements. Il faudra donc attendre plusieurs semaines puisqu’un projet de loi devra d’abord être adopté par l’Assemblée législative.

Le début de la prochaine session parlementaire sera le 18 mars, avec le dépôt du premier budget du gouvernement Holt.

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