Les trois hommes du Sud-Aveyron sont à l’origine de nombreuses voies d’escalades. Ils expliquent leur passion.
À eux trois, les heures cumulées dehors font peur. Michel et François Galzin, accompagnés par Patrick Raynaud alias « Papic », sont des pionniers. Ils connaissent les moindres reliefs de la dolomie des gorges du Tarn, de la Jonte ou du Trévezel. Les grimpeurs, qu’ils soient du coin ou en découverte, leur doivent bon nombre de voies. Généralement, ce sont les plus longues, celles qui offrent les plus belles vues sur le Tarn.
Ils ont cultivé la passion de la grimpe, mais pas que. Leur envie d’être dehors, en nature, transpire par tous les pores de leur peau tannée par les cordes, guidons, piolets… Enfin tout ce qui les a aidés, à un moment ou un autre, à aller chercher un sommet.
La Monte pour bâtir les plans et l’Annapurna comme déclencheur
Si aujourd’hui, les secteurs du Sud-Aveyron et de la Lozère sont mondialement reconnus, c’est en partie grâce à eux. D’abord, ils se sont illustrés sous terre, avant de, petit à petit, « grimper les quilles du coin », comme ils les appellent. « À une époque, on faisait la Monte, se souvient Michel Galzin. C’est là qu’on bâtissait les projets pour le week-end. Sur un trottoir, il y avait le Club alpin et sur l’autre, il y avait l’Alpina. Et les deux n’étaient pas sur le même trottoir ! À Millau, il y avait traditionnellement des gantiers, des pêcheurs et des chasseurs, puis est arrivée la spéléo, comme ici c’est truffé de trous. » Tout a été déclenché par la première ascension de l’Annapurna par les Français. « Ce qui a vraiment déclenché le truc de la montagne, ce sont les conférences de Maurice Herzog, raconte Michel Galzin. Gaston Rebuffat était venu pour donner une conférence organisée par le CAF et il y avait un monde fou. Toute la jeunesse a écouté les exploits français dans les années 1950. » Michel Galzin avait alors une quinzaine d’années, ses compagnons de cordée n’étaient pas de ce monde. Les vacances avec le CAF, ont changé de destination. De Sète, les Millavois ont migré à Chamonix. Ils y ont découvert les piolets. « Il y a eu une espèce de mouvement initié par le Club alpin, l’Alpina a suivi en ripant de la spéléo à l’escalade », ajoute Michel Galzin.
Sur les traces de Louis Balsan
De là, ils sont partis à la recherche des coins les plus intéressants pour grimper. « Balsan fédérait, il est monté avec une fusée au vase de Sèvres en 1936 », raconte Papic. « On a été les deuxièmes à monter Saint-Pons, je devais avoir 14 ans, le seul truc qui était dangereux, c’est que c’était un peu pourri. On équipait quelques bartas et en haut il y avait un trou avec une corde pour faire un rappel et se protéger », se rappelle Michel Galzin. De ces balbutiements, ils sont allés du côté de Mostuéjouls, de Montpellier-le-Vieux, au Rouquet et au Caoussous. « Dès qu’il y avait une quille quelque part, qu’on pouvait y accéder facilement, on allait la grimper », racontent les trois hommes.
« Les femmes et les grimpeurs d’abord »
Les secteurs sont alors peu nombreux, la pratique est confidentielle. « On s’y est vraiment mis en 1979, on a tout de suite équipé nos voies. La première, c’était Les femmes et les grimpeurs, ajoute Papic. Entre la génération des parents et nous, il y a eu les Tarnais qui sont venus équiper une dizaine de voies dans les années 1975. Il y avait notamment Tony Bedel qui faisait partie des premiers. » Eux se sont spécialisés dans les grandes voies. « De notre côté, on a équipé les premières grandes dalles, grâce au split. On venait de la spéléo et on utilisait les chevilles autoforeuses. On a pu mettre les points qu’on voulait. À la main. » Pendant quinze ans, les trois Millavois ont permis à bon nombre de grimpeurs de pratiquer sur le territoire, notamment grâce au topoguide, le premier édité en 1985. Puis, ils ont vogué vers d’autres horizons.
Des falaises à la rivière
Comme le canyoning. « On allait au Tapoul et on était les seuls de l’année », se souvient François Galzin. « On n’a jamais été en retard sur les canyons », ajoute Michel. « On a exploré les canyons du coin et on a équipé le Tapoul, Orgon… », énumère Papic. « Il n’y a que le Chassezac que je n’ai pas équipé », reprend Michel Galzin.
Là encore, leur appétence pour la spéléologie les a poussés dans les rivières. « Jusqu’en 1980, la commission canyon s’appelait spéléologie à ciel ouvert, il y a beaucoup de similitudes, précise Papic. On suivait l’actualité et on savait… Je m’y suis mis en 1983. »
Ou encore les raids multisports. Cette discipline pour les couteaux suisses de la pleine nature est née au milieu des causses. « En 1986, on a fait le premier critérium des grands causses », se souvient Patrick Raynaud, alors président du club alpin. Escalade, rappel, tyrolienne depuis le balcon du vertige, trail et canoë jusqu’au pont du Rozier. L’épreuve a duré trois ans et en appelées tant d’autres par la suite. Puis Millau et les Grands causses se sont imposés comme destination idéale pour les sports de pleine nature.
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