Montée des Tensions au Soudan du Sud : Arrestations et Crise

Arrestations choc au Soudan du Sud : le ministre du Pétrole et un général proches du vice-président arrêtés. La paix vacille, que va-t-il se passer ensuite ?

Imaginez-vous réveillé en pleine nuit par des bruits de pas lourds et des cris étouffés. C’est ce qu’a vécu un haut responsable sud-soudanais, arrêté à son domicile à 2 heures du matin, dans une opération qui secoue un pays déjà au bord du gouffre. Le Soudan du Sud, nation riche en pétrole mais rongée par la pauvreté, traverse une nouvelle tempête politique, et cette fois, les enjeux pourraient faire basculer une paix fragile. Que se passe-t-il vraiment dans ce jeune État africain ?

Une Crise qui Couve Depuis des Mois

Depuis plusieurs semaines, des signaux d’alarme résonnent dans le nord-est du pays, notamment dans l’État du Haut-Nil. Des organisations internationales et régionales avaient tiré la sonnette d’alarme fin février, craignant une violence généralisée. Leurs appels à la désescalade semblent être restés lettre morte, alors que les rivalités entre deux figures majeures du pouvoir s’intensifient.

D’un côté, le président, chef des forces armées régulières. De l’autre, son vice-président, soutenu par des alliés puissants mais aujourd’hui dans la ligne de mire. Entre eux, un accord de paix signé en 2018, censé mettre fin à des années de guerre civile, vacille dangereusement. Que reste-t-il de cette trêve quand les arrestations s’enchaînent ?

Des Arrestations qui Font Trembler Juba

Mercredi, la capitale sud-soudanaise, Juba, a été le théâtre d’un coup de filet spectaculaire. Selon un porte-parole, le ministre du Pétrole, proche du vice-président, a été arrêté à son domicile en pleine nuit, accompagné de membres de sa famille et de ses gardes du corps. Une source proche de l’affaire parle d’une opération menée par des forces loyales au président, un signal clair dans ce bras de fer politique.

« À 2 heures du matin, ils ont encerclé la maison et l’ont emmené de force. »

– D’après une déclaration relayée sur les réseaux sociaux

Et ce n’était pas un cas isolé. La veille, un général de haut rang, également fidèle au vice-président et occupant une position clé dans l’armée régulière, avait subi le même sort. Ces arrestations, survenues en l’espace de 24 heures, ont mis le feu aux poudres, tandis que des témoignages évoquent une maison du vice-président encerclée par les forces armées.

Un Pays Jeune, Mais Déjà Épuisé

Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud est le plus jeune pays du monde. Pourtant, son histoire est déjà marquée par des cicatrices profondes. La guerre civile qui a éclaté en 2013 entre les deux camps aujourd’hui au pouvoir a laissé des traces indélébiles : près de 400 000 morts et quatre millions de personnes déplacées. Aujourd’hui, malgré ses richesses pétrolières, la population vit dans une pauvreté extrême, tandis que les luttes de pouvoir et la corruption gangrènent les institutions.

Le pétrole, qui pourrait être une bénédiction, est souvent au cœur des tensions. Le ministre arrêté mercredi en sait quelque chose : son portefeuille stratégique en fait une cible de choix dans ce climat de méfiance. Mais au-delà des ressources, ce sont les rivalités ethniques et politiques qui continuent d’alimenter le chaos.

Un Accord de Paix en Péril

Signé en 2018, l’accord de paix entre les deux leaders prévoyait des étapes ambitieuses pour stabiliser le pays. Parmi elles, la création d’une armée unifiée, censée réunir les factions qui s’étaient affrontées pendant la guerre. Mais ce chantier avance à pas de tortue, miné par les divisions et le manque de confiance mutuelle.

• Unification des forces : un projet toujours en attente.
• Des rivalités intactes entre les deux camps au pouvoir.
• Une population épuisée, prise en otage par les tensions.

Les récentes arrestations ne font qu’aggraver la situation. D’après une source proche du vice-président, ces actes sont perçus comme une tentative de consolidation du pouvoir par le président. Mais à quel prix ? Le spectre d’un retour à la guerre civile plane, et les observateurs internationaux retiennent leur souffle.

Le Nord-Est, Poudrière du Conflit

L’État du Haut-Nil, dans le nord-est, est devenu un symbole des tensions actuelles. En février, des organisations comme la Mission de l’Union africaine et le bloc régional de l’Afrique de l’Est avaient exprimé leur grave préoccupation face à la dégradation sécuritaire dans cette région. Les violences sporadiques, les déplacements de populations et les affrontements entre groupes armés y sont monnaie courante.

Ces alertes n’étaient pas de simples mots. Elles reflétaient une réalité tangible, que les événements de cette semaine viennent confirmer. Le nord-est, riche en pétrole mais instable, pourrait devenir le théâtre d’une nouvelle escalade si rien n’est fait pour apaiser les esprits.

Que Peut-on Attendre Ensuite ?

La situation au Soudan du Sud est à un tournant. Les arrestations de ces derniers jours ne sont pas un simple fait divers : elles révèlent des fractures profondes au sein du pouvoir. Si le président cherche à asseoir son autorité, il risque de pousser ses adversaires dans leurs retranchements, avec des conséquences imprévisibles.

Pour la communauté internationale, le défi est immense. Comment soutenir un accord de paix qui semble s’effilocher jour après jour ? Les appels à la retenue se multiplient, mais sans une médiation forte, le pays pourrait replonger dans le chaos. Et pour les Sud-Soudanais, pris entre espoirs déçus et peur de l’avenir, chaque jour ressemble à une lutte pour la survie.

Alors que les regards se tournent vers Juba, une question demeure : ces arrestations sont-elles le début de la fin pour la paix au Soudan du Sud, ou une simple secousse dans un système déjà bancal ? L’histoire nous le dira, mais pour l’instant, le silence de la nuit est lourd de menaces.