Chez les petites entreprises des provinces de l’Atlantique, 50 % comptent absorber en partie ou en totalité les tarifs douaniers imposés par les États-Unis sur les produits canadiens depuis mardi, selon des données de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
Serge Colin est propriétaire et dirigeant de Clairitech Innovations, une entreprise qui fabrique des échangeurs d’air. L’entrée en vigueur mardi des tarifs douaniers américains de 25 % sur pratiquement tous les produits canadiens l’inquiète puisque son entreprise fait 78 % de ses ventes aux États-Unis.
Ces sanctions douanières vont donc entraîner une mutation majeure
pour lui et son entreprise.
Serge Colin, propriétaire et dirigeant de Clairitech Innovations
Photo : Radio-Canada / Frédéric Cammarano
La stratégie du chef d’entreprise d’origine française est toutefois déjà clairement élaborée et même en place.
Il réduit le prix de ses échangeurs d’air pour éviter un choc trop important pour le consommateur américain.
25 % de droits de douane, bien évidemment, on va pas demander aux clients de les payer. Ce qu’on va faire, c’est qu’on va en absorber une grande partie
, explique-t-il.
Ça va devenir extrêmement difficile à supporter
La responsabilité de payer les tarifs douaniers revient normalement à l’importateur. Dans le cas des tarifs douaniers actuels, l’entreprise américaine qui achète des produits de l’entreprise canadienne doit assumer cette dépense supplémentaire. Mais pour éviter de perdre des clients, certains entrepreneurs, comme Serge Colin prennent des mesures.

Un échangeur d’air connecté à internet de l’entreprise Clairitech Innovations
Photo : Radio-Canada / Frédéric Cammarano
Dans son cas, Serge Colin coupe dans sa marge de profit.
Si cette situation inusitée, unique se prolonge, ça va devenir extrêmement difficile à supporter
, reconnaît celui dont l’entreprise construit des échangeurs d’air connectés à internet.
Tout dépendra de l’aide offerte par les gouvernements provincial et fédéral selon lui, en ajoutant que les programmes présentés mardi sont certainement un pas dans la bonne direction.
Ce qu’il craint davantage pour l’instant, c’est l’effet des contre-tarifs, imposés par le Canada en guise de réplique.
On achète aussi aux États-Unis, parce qu’il y a des choses qui ne sont pas disponibles au Canada. C’est pas parce qu’on pas envie de les acheter au Canada. C’est qu’elles ne sont pas disponibles. Donc, s’il y a des droits de douane qui sont appliqués sur ces composantes, ces produits transformés ou semi-transformés, oui, là, il convient de réfléchir sur sa stratégie. Est-ce que la bonne mesure ne serait pas d’aller construire au plus près du marché des consommateurs?
, s’interroge-t-il en faisant référence à sa filiale américaine.
La moitié des entreprises comptent absorber au moins une partie des tarifs douaniers
Selon les données de la FCEI, qui proviennent d’un consultation menée du 6 au 13 février auprès de 131 entreprises des provinces de l’Atlantique ont en tête une stratégie identique ou semblable à celle de Serge Colin.
Plus précisément, 50 % comptent éponger tout ou partie des tarifs douaniers et 11 % comptent tout absorber.
Les données de la FCEI ne précisent toutefois pas le mécanisme que comptent emprunter les entreprises pour y parvenir, mais toutes n’ont pas l’intention de réduire le prix de leur produit.
Au comité consultatif sur le crabe des neiges organisé par Pêches et Océans Canada en février par exemple, l’idée d’envoyer des fonds aux acheteurs américains, pour qu’ils puissent s’en servir pour payer les tarifs douaniers, a été évoquée.

Un pêcheur de crabe
Photo : Radio-Canada / Réal Fradette
Le directeur général de l’Association des transformateurs de crabe du Nouveau-Brunswick, Gilles Thériault, dit cependant que la stratégie est en cours de finalisation.
Mais, toutes les entreprises ne comptent pas éponger les tarifs douaniers. Selon les données de la FCEI, 28 % comptent ne rien absorber et redonner tous les coûts associés aux tarifs aux clients.
Certaines n’en sont pas capables financièrement, comme le fabricant d’outils de menuiserie de Moncton JessEm Tools, qui contemple plus que jamais un déménagement aux États-Unis pour éviter une fermeture.
Crédit: Lien source