Les avocats camerounais ont lancé, mercredi 5 mars, trois jours de « suspension du port de la robe », en désertant les prétoires, pour protester contre les violences policières visant leur profession. La protestation est venue du conseil de l’ordre des avocats, qui a dénoncé dans un communiqué les « violences physiques, barbaries et autres traitements humiliants dont sont victimes de manière récurrente les avocats de la part des forces de l’ordre ».
Dans ce communiqué, le bâtonnier de l’ordre, Mbah Eric Mbah, fait état de deux cas récents. Samedi, « des vidéos ont circulé de manière virale sur les réseaux sociaux montrant des agents de police exerçant des violences et autres actes dégradants et inhumains sur un avocat ». La veille, l’ordre avait été informé du cas d’un autre avocat, séquestré par des forces de l’ordre pour avoir dénoncé des violations des droits de ses clients.
Le conseil de l’ordre a « décidé d’engager des poursuites judiciaires pour que les auteurs puissent répondre de leurs actes » en apppelant les avocats à se mobiliser. Mercredi, plusieurs tribunaux de Yaoundé sont restés déserts, a constaté l’Agence France-Presse (AFP).
Hospitalisé après une interpellation
A la mi-novembre, l’ordre camerounais avait déjà protesté contre des violences policières visant un avocat, hospitalisé après avoir été interpellé par des gendarmes à Douala, la capitale économique du pays. « Les agressions contre les avocats dans les unités de police et de gendarmerie deviennent progressivement la norme », avait relevé un communiqué dénonçant cette « dérive liberticide ». Depuis, l’enquête est restée au stade des auditions, selon Richard Tamfu, l’avocat molesté en novembre, joint par l’AFP.
La semaine dernière, son confrère, Gilbert Ngawou, a pour sa part été roué de coups par des policiers, puis interpellé alors qu’il intervenait dans un conflit de terrain dans un quartier de Douala, selon son entourage et selon un communiqué de l’association cultuelle La Vraie Eglise du Cameroun, sa cliente.
La gestion autocratique du président, Paul Biya, 92 ans dont quarante-deux de pouvoir, s’est durcie après sa dernière élection, très contestée, en 2018, avec depuis une répression féroce de toute opinion dissonante, selon les défenseurs des droits humains. Human Rights Watch a récemmentévoqué « le contexte de répression gouvernementale croissante contre l’opposition et la dissidence depuis le milieu de l’année 2024 avant l’élection présidentielle », prévue en octobre.
« Le Cameroun a une culture d’impunité généralisée lorsqu’il s’agit d’abus commis par ses forces de sécurité », rappelle l’ONG dans une publication concernant le décès en garde vue d’un jeune de 26 ans, avec suspicion de tortures, survenu en janvier.
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