Depuis sa signature en 2018, l’accord de paix au Soudan du Sud peine à tenir et pourrait être compromis par l’arrestation d’alliés de l’opposition du premier vice-président Riek Machar.
L’inquiétude se répand parmi les parties prenantes du Soudan du Sud et la communauté internationale, à tel point que l’accord de paix encore fragile, qui a mis des années à se concrétiser, semble désormais sur le point de s’effondrer.
L’arrestation du général Gabriel Doup Lam, chef adjoint de l’armée nationale, et du ministre du pétrole Puot Kang Chol, tous deux membres du parti SPLM-IO de Riek Machar, après des escarmouches dans le nord du pays, est l’incident le plus récent soulignant la fragilité de la situation.
Le plus jeune pays du monde, avec ses 11 à 48 millions d’habitants, semble se diriger vers une dégradation rapide, risquant de sombrer dans un conflit ouvert.
À Juba, un sentiment de panique s’est emparé de la capitale mercredi, après que des informations aient fait état de l’encerclement de la résidence de Machar par les troupes gouvernementales. Le gouvernement de Salva Kiir accuse Machar et ses alliés d’avoir orchestré une attaque de la milice de l’Armée blanche contre une base militaire du nord.
Machar et l’Armée blanche étaient des alliés de longue date pendant la guerre d’indépendance contre le Soudan, et certains observateurs estiment que certains membres du gouvernement s’identifient à cette milice.
Bien que les troupes aient retiré leurs forces autour de la résidence de Machar, ces événements risquent de fragiliser davantage un processus de paix déjà précaire.
Pal Mai Deng, porte-parole du parti de Machar, a exprimé sa préoccupation, estimant que cette vague d’arrestations pourrait raviver les anciennes rivalités politiques entre Machar et Kiir. Il a souligné que la purge de l’opposition au sein du gouvernement d’unité nationale génère un climat de méfiance qui pourrait faire échouer l’accord de paix, qui avait mis fin à cinq années de guerre civile, déclenchée par un coup d’État raté en 2013, dans lequel Machar était accusé d’être impliqué.
Pour rassurer les parties concernées, le président Kiir a assuré que le pays ne replongerait pas dans la guerre civile, malgré les avertissements des alliés de Machar et des donateurs internationaux investis dans l’accord de paix. Cependant, malgré la gestion du gouvernement d’unité nationale par Kiir et Machar pendant sept ans, de nombreux problèmes demeurent, notamment en ce qui concerne l’exécution des termes clés de l’accord de paix. Plusieurs questions restent en suspens, notamment l’intégration de l’aile militaire du SPLM-IO, dirigée par Lam, dans l’armée régulière, un point essentiel du processus de paix.
Les récentes escarmouches entre la milice de l’Armée blanche et l’armée régulière dans l’État du Haut-Nil étaient précisément ce genre de conflit que l’accord de paix espérait éviter.
Des sources indiquent que les autorités de l’État d’Unité ont apporté un soutien logistique à l’Armée blanche dans ses actions contre le gouvernement de Kiir à Juba, mettant en lumière les divisions profondes au sein du gouvernement d’unité nationale.
Des analystes locaux comme Karbina Kiir Goch expliquent que le soutien de hauts responsables comme le gouverneur de l’État d’Unité, Riek Bim Top, à l’Armée blanche révèle les fractures croissantes au sein du leadership politique, des fractures qui n’ont pas été guéries après sept ans de guerre officiellement terminée, mais sans réelle consolidation de la paix.
Selon lui, cette longue période de mécontentement est exacerbée par des difficultés économiques et par le contexte politique au Soudan du Sud, où Kiir et Machar semblent jouer le rôle d’ennemis éternels.
Face à cette escalade de tensions, l’Union africaine a exprimé son inquiétude, avertissant que la violence pourrait s’intensifier et se propager à l’échelle nationale.
Le Soudan du Sud, instable, a déjà reporté à deux reprises les élections initialement prévues pour 2015, avant de les reprogrammer pour 2024, en raison de la situation politique fragile et du manque de financement. Les élections sont désormais fixées pour décembre 2026, dans un pays qui n’a pas organisé d’élections depuis son indépendance il y a près de 14 ans.
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