Le 28 février 2025, la Représentation résidente de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Mali a organisé une cérémonie officielle marquant la fin de mission de Mário Gomes Fernandes en tant que Représentant Résident. Cette transition survient dans un contexte régional en pleine évolution, marqué notamment par la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) et le retrait progressif de plusieurs pays de la CEDEAO.
Durant son mandat, Mário Gomes Fernandes a été témoin d’événements majeurs affectant la région sahélienne. Le 16 septembre 2023, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont signé la Charte du Liptako-Gourma, instituant l’AES, une alliance destinée à renforcer la coopération en matière de défense et de sécurité face aux menaces communes.
En janvier 2024, ces trois pays ont annoncé officiellement leur intention de quitter la CEDEAO, jugeant que l’organisation était instrumentalisée par des puissances étrangères et ne servait plus les intérêts de leurs populations. Leur départ est devenu effectif le 29 janvier 2025, après un préavis d’un an, marquant ainsi une réorganisation géopolitique majeure en Afrique de l’Ouest. Une période de transition de six mois, jusqu’au 29 juillet 2025, a été prévue pour régler les modalités de cette séparation.
Ce retrait a suscité de vives réactions. La CEDEAO a exprimé ses inquiétudes quant aux conséquences politiques, économiques et institutionnelles de cette décision. Au Mali, certains acteurs de l’opposition ont critiqué ce choix, le qualifiant d’illégitime et regrettant l’absence de concertation nationale. La coordination des organisations de l’Appel du 20 février a, quant à elle, déploré une remise en cause de l’intégration régionale.
Sur le plan pratique, le retrait de la CEDEAO pourrait engendrer des restrictions de mobilité pour les citoyens maliens, avec la possible introduction de visas pour voyager dans les pays membres restants. Sur le plan économique, bien que les exportations du Mali soient majoritairement destinées à des partenaires hors CEDEAO, environ 37 % de ses importations proviennent de la région, incluant des produits essentiels comme les denrées alimentaires et l’électricité. Cette situation pourrait perturber les échanges commerciaux et affecter l’approvisionnement du pays.
Le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger représente un défi de taille pour la CEDEAO, qui doit repenser sa cohésion et sa stratégie face aux enjeux sécuritaires et économiques de la région. De son côté, l’AES se positionne comme une nouvelle entité régionale, affirmant sa volonté de renforcer les liens entre ses membres pour relever les défis communs.
La fin de mission de Mário Gomes Fernandes au Mali s’inscrit ainsi dans une période de profonds bouleversements géopolitiques en Afrique de l’Ouest, où les alliances se redessinent et où les organisations régionales doivent s’adapter à de nouvelles réalités.
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