Des artistes se retirent des festivités de l’Association de la musique de la côte Est

Des artistes renoncent à leur nomination et à leur présence au Gala et à la conférence de l’Association de la musique de la côte Est afin de protester contre l’organisation. Ceux-ci allèguent notamment le manque de planification stratégique et de transparence à la suite du renvoi de l’ancienne directrice générale Blanche Israël en janvier dernier.

Au moins deux artistes du Nouveau-Brunswick, Wolf Castle et Stephen Hero, ont choisi de boycotter l’événement, en retirant leur nom de la liste des nommées en vue du 37e Gala de l’AMCE et en refusant d’offrir une vitrine à l’événement qui se tiendra à St-John’s, Terre-Neuve-et-Labrador, du 7 au 11 mai. Trevor Murphy du groupe Sluice de la Nouvelle-Écosse a décliné la vitrine et l’invitation de participer à la conférence comme professionnel de l’industrie musicale, bien qu’il ait décidé de ne pas renoncer aux deux nominations. L’artiste qui veut ainsi poser un geste de protestation se questionne sur la mission de l’AMCE et déplore le manque de transparence et de communication du conseil d’administration sur le processus ayant mené au congédiement de Blanche Israël.

Tout comme d’autres artistes issus de communautés minoritaires, le musicien qui a siégé au conseil d’administration pendant deux ans et qui a été à l’emploi de l’AMCE, fondait beaucoup d’espoir dans la nouvelle direction générale. À la suite de la tenue de l’assemblée générale annuelle, il y a deux semaines, il a remis en question sa relation avec l’organisme. L’auteur-compositeur-interprète juge que bien des questions sont restées sans réponse.

«Ce n’est pas juste par rapport au congédiement de Blanche [Israël]. C’est un événement déclencheur, mais il y a eu des problèmes à l’intérieur de cet organisme-là, ça fait très longtemps», a déclaré en entrevue Trevor Murphy, évoquant le fait que l’organisme n’a pas élaboré de plan stratégique depuis 2006.

«C’est un organisme qui opère depuis presque 20 ans sans plan. D’un côté, ils disent qu’ils ont décidé de congédier [la directrice] parce qu’elles ne suivaient pas les objectifs de l’organisme, puis quand on demande c’est quoi les objectifs, ils ne peuvent pas les donner aux membres.»

Pendant les dix mois de son mandat, Blanche Israël a apporté quelques changements au processus d’inscription des prix, ce qui avait suscité de l’opposition chez une partie des membres.

Pour Trevor Murphy, ces modifications plus inclusives misant davantage sur la démarche artistique que l’aspect commercial étaient avantageuses pour les artistes francophones et d’autres communautés.

Celui-ci estime que des changements sont nécessaires au sein de l’organisme. «Est-ce que c’est un organisme qui est là pour les membres ou est-ce que c’est un organisme qui présente un événement?»

«Je participe à beaucoup d’autres organismes qui ont des membres. Et avec ce membership, t’as des avantages. […] Au sein des ECMA, si tu demandais aux membres les bénéfices d’être membre, c’est l’accès à l’événement en soi. Mais en gros, un organisme comme ça, il offre quoi aux membres? Et si la réponse n’est rien du tout, admettez juste que vous êtes un événement et on va vivre avec ça.»

Selon lui, l’organisme qui existe depuis 40 ans doit se démarquer des autres événements du même genre au pays, en offrant une véritable perspective atlantique.

Le directeur général de Musique NB, Jean Surette, reconnaît que l’AMCE traverse des turbulences. Une combinaison de plusieurs facteurs, dont les dépenses reliées au déplacement jusqu’à Saint-Jean peuvent aussi expliquer le désengagement de certains artistes face à l’événement. Quant au retrait des nominations, c’est un message très clair envoyé à l’organisme qui exige un certain courage de la part des artistes, estime le directeur de Musique NB.

«Ce n’est pas nouveau que les gens ou une certaine partie de l’industrie et des artistes revendiquent des changements aux ECMA, d’inclure plus de genres musicaux, d’avoir une plus grande place pour certaines communautés, notamment les francophones. […] Et je pense que pour certains artistes, ils allaient au ECMA parce que c’est une opportunité et c’est quand même un événement important pour des rencontres professionnelles. Et pour certaines personnes, ça a été juste la goutte de trop. C’était comme “ok, cette année en plus, ça va nous coûter cher, donc on n’y va pas”.»

La question de la représentation des provinces revient souvent dans les discussions. Sur les 208 nominations, le Nouveau-Brunswick arrive au troisième rang avec 36 mentions. Jean Surette souhaite voir l’organisme aller de l’avant en proposant des changements qui sont vraiment à l’écoute de la communauté.

Des artistes acadiens maintiennent leur participation

Jacques Surette et Joey Robin Haché ne retireront pas leurs candidatures aux Prix de l’AMCE et La Patente présentera sa vitrine à l’événement, a fait savoir la gérante Carol Doucet qui représente ces musiciens. Son agence et le label Le Grenier Musique ne veulent pas nuire ainsi aux occasions possibles que représente ce marché de la musique pour la carrière des artistes. Celle-ci rappelle qu’il y a plusieurs délégués d’Europe, du Québec, de partout au Canada et de plusieurs pays. C’est important pour les artistes de se faire voir. «Il n’y a pas beaucoup d’occasions pour eux de le faire déjà.»

«Reste que nous sommes attristés, voir estomaqués, par le congédiement soudain, il y a deux mois, de la directrice Blanche Israël, que nous percevions comme une agente de changement et d’évolution dans un organisme qui en a grandement besoin, comme tous les organismes qui œuvrent dans l’industrie de la musique qui subit des transformations radicales depuis des années. Comme le dit l’adage: “Si on n’avance pas, on recule”.

Dans un message envoyé à l’Acadie Nouvelle, la présidente du conseil d’administration de l’AMCE, Michelle Eagles, a affirmé respecter la décision des personnes ayant décliné leur nomination. “Nous sommes également à l’écoute des préoccupations exprimées et restons engagés à écouter, apprendre et favoriser des conversations ouvertes. L’intégrité, la transparence et une communication claire sont les valeurs qui nous guident.”

Elle a précisé dans son message qu’une rencontre récente a permis au conseil d’administration de fournir aux membres autant de détails que possible sur les décisions récentes tout en respectant les lois sur l’emploi et les meilleures pratiques en gestion des ressources humaines. Michelle Eagles a ajouté que les questions de personnel demeurent confidentielles par respect pour toutes les personnes impliquées. Enfin, l’organisme entend mettre en place un processus de planification stratégique, pourvu qu’ils obtiennent le financement nécessaire.

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