Caroline Darian, fille de Dominique Pelicot, porte plainte à son tour contre son père pour «abus sexuels»
La fille de Gisèle Pelicot, devenue un symbole des victimes de viols, a annoncé jeudi avoir déposé plainte contre son père, condamné au terme d’un procès historique pour avoir drogué sa femme afin de la faire violer par des inconnus. «C’est important pour moi de véhiculer ce message pour que les autres victimes qui ont aussi vécu» la soumission chimique puissent «se dire qu’il y a des choses à faire, il y a des recours, et il ne faut jamais lâcher», a déclaré Caroline Darian à l’AFP, confirmant une information des médias M6/RTL.
La plainte, qu’elle précise avoir déposée mercredi, porte sur «l’administration de substances psychoactives» et sur des «abus sexuels» que son père «a certainement commis sur moi», a-t-elle ajouté.
20 ans de prison
Dominique Pelicot a été condamné en décembre à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir drogué sa femme Gisèle afin de la violer et de la livrer à des dizaines d’inconnus à Mazan, dans le sud de la France. Lors de son procès au retentissement international, Caroline Darian avait déclaré avoir la certitude d’avoir été elle aussi la victime de son père après avoir vu des photos d’elle inconsciente, allongée sur un lit dans des sous-vêtements qu’elle n’a pas reconnus.
Gisèle Pelicot, devenue une icône féministe après avoir refusé le huis clos afin que le procès de son mari et de ses co-accusés contribue à faire basculer la honte de camp, fait partie des femmes de l’année 2025 distinguées par le magazine américain Time dans son édition du 10 mars.
«Un message envoyé à l’intégralité des victimes»
Dominique Pelicot, qui a été condamné pour la diffusion d’images de Caroline prises à son insu, a toujours nié avoir eu le moindre geste incestueux sur sa fille. «Oui, il a démenti, mais il a menti à plusieurs reprises et refait plusieurs versions de l’histoire durant les deux ans et demi de l’instruction», souligne Caroline Darian. «Et on a bien vu dans cette cour criminelle qu’à aucun moment Dominique n’est capable de dire l’entière vérité des faits commis».
«La reconstruction passe par une reconnaissance de mon statut de victime», ajoute-t-elle dans un entretien à l’AFP. Au-delà de «mon cas personnel», «c’est un message envoyé à l’intégralité des victimes». Dans son livre «Pour que l’on se souvienne» écrit pendant le procès et publié mercredi en France, Caroline Darian revient sur son passage à la barre – «la pire expérience de ma vie» – et sur son sentiment d’avoir été «la grande oubliée du procès».
La France encore sous le choc
Plongée depuis la fin du procès dans «un vide abyssal» et un «sentiment d’injustice» qui la «broie», elle mène plus que jamais le «combat» pour les victimes «invisibilisées» notamment de la soumission chimique, un fléau largement méconnu avant le procès des viols de Mazan.
Le procès de première instance avait provoqué une véritable onde de choc, en France comme à l’étranger, devenant emblématique des questions de violences sexistes et sexuelles. Reconnus pour la plupart coupables de viols sur Gisèle Pelicot, les 50 coaccusés, âgés de 27 à 74 ans, avaient été condamnés à des peines allant de trois ans de prison dont deux avec sursis, pour un retraité jugé pour agression sexuelle, à 15 ans de réclusion criminelle pour un homme venu six fois violer Gisèle Pelicot.
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