Après son lancement réussi depuis la Guyane, Ariane 6 a mis en orbite le satellite militaire français CSO-3
Le nouveau lanceur lourd européen a finalement décollé de la base guyanaise de Kourou jeudi 6 mars, permettant la mise en orbite du satellite de reconnaissance CSO-3 de l’armée française.
Initialement prévu le lundi 3 mars mais reporté suite à un problème technique au sol, le premier vol commercial d’Ariane 6 a été mené à bien depuis Kourou, en Guyane. Un décollage placé sous la protection d’avions de combat Rafale de l’armée de l’Air et de l’Espace, d’un patrouilleur de la Marine nationale et d’unités de l’armée de Terre.
Le nouveau lanceur européen a mis avec succès en orbite CSO-3, troisième et dernier des satellites de reconnaissance et d’identification de la nouvelle Composante spatiale optique (CSO) de l’armée française. « Une étape importante du retour à l’autonomie et à la souveraineté spatiale française et européenne est franchie. La constellation CSO permet à nos armées, et à nos alliés, d’obtenir des images optiques et infrarouges à une définition inégalée en Europe. Un succès qui confirme notre choix de souveraineté française et européenne, et de soutien à notre industrie », a réagi le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu.
CSO-1 et CSO-2, les deux premiers satellites de cette nouvelle constellation, développée dans le cadre de l’initiative européenne MUSIS, avaient été mis en orbite en 2018 et 2020, à l’époque par des fusées russes Soyouz lancées depuis la Centre spatial guyanais. Dès 2018, Ariane 6 avait été choisie pour assurer, à sa mise en service, le lancement de CSO-3. Ce qui était à l’époque prévu en 2022. Sauf que le nouveau lanceur européen a accusé deux ans de retard. Après avoir envisagé d’avoir de nouveau recours à Soyouz, cette option est tombée à l’eau écartée suite à l’invasion russe de l’Ukraine, en février 2022. Et comme l’autre lanceur européen, Vega C, n’est pas assez grand pour emporter un satellite de la taille de CSO-3 (3.5 tonnes), il a donc fallu attendre qu’Ariane 6, qui avait réalisé son vol inaugural en juillet dernier (un an après le dernier lancement d’Ariane 5 avec le satellite Syracuse 4B), soit enfin opérationnelle.
Le fait que l’Europe dispose de nouveau d’un lanceur lourd était très attendu et devient encore plus crucial dans le contexte géostratégique actuel. Cela, alors qu’en dehors du marché civil indispensable à la viabilité économique d’ArianeGroup, l’espace devient un nouveau théâtre de confrontation entre puissances. Ce qui avait d’ailleurs conduit la France à adopter, en 2019, une stratégie spatiale de défense et à investir, dans la loi de programmation militaire 2024-2030, quelques 6 milliards d’euros dans ce domaine. Objectif : renouveler et renforcer ses capacités autonomes d’observation et de renseignement, mais aussi développer une première capacité d’intervention active contre des actes hostiles conduits depuis l’espace, notamment à l’encontre de satellites français ou européens.
Quelques heures avant que les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’UE se réunissent à Bruxelles pour un Conseil extraordinaire destiné à faire le point sur la guerre en Ukraine et acter un plan pour muscler la défense de l’Europe, Sébastien Lecornu avait appelé à investir dans le spatial : « Un domaine, c’est très important, sur lequel il faut que les Européens se secouent, se réveillent, et là vraiment il y a urgence, c’est le spatial », a dit le ministre sur France Inter jeudi 6 mars, rappelant que « toutes les grandes nations du monde sont en train de militariser l’espace ».
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