Combinant film d’action et d’auteur, « Zion » est un thriller qui vous entraîne dans les rues brûlantes de Pointe-à-Pitre. Avec son déroutant point de départ (un bébé dans un cabas ??), le film se veut une ode à une certaine Guadeloupe que chérit son auteur Nelson Foix. Confidence, dans « L’Oreille est hardie », du réalisateur qui livre ainsi son premier long métrage, né sous les bons auspices de… Djamel Debbouze.
Un bébé dans un cabas… Plus l’idée tourne et retourne dans la tête, plus elle semble farfelue. Et pourtant c’est l’un des arguments de départ de Zion, premier film du réalisateur Nelson Foix, qui en avait déjà fait usage dans son court métrage Ti moun aw.
Chris, jeune homme désœuvré vivant dans la banlieue de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, voit son monde – fait de petits coups par-ci, par-là – chamboulé quand un petit matin il découvre un bébé, livré dans un cabas, devant sa porte. Et l’enfant débarque ainsi à un moment délicat pour le jeune homme…
Comment Nelson Foix, de son propre aveu touche-à-tout indécis dans sa jeunesse, qui se rêvait champion d’athlétisme, a-t-il fait pour se retrouver quelques années plus tard à la réalisation d’un long métrage, tourné quasiment tout en créole, entièrement en Guadeloupe, avec un casting 100% guadeloupéen et sans tête d’affiche ? Tout en attirant l’attention de Djamel Debbouze, bien décidé à soutenir ce jeune talent, au visionnage de son court-métrage ?
Nous avions les questions et il avait toutes les réponses !… Nelson Foix se livre sur son film Zion, sur son parcours, sur l’origine de son projet, sur sa Guadeloupe, sur ses banlieues… dans le podcast L’Oreille est hardie :
Nelson Foix analyse très peu sa vie et se laisse porter au fil de l’eau… À l’en croire, tout le chemin, toutes les routes qu’ils a empruntés pour arriver à délivrer Zion, son premier-né cinématographique, seraient dus à une forme de hasard mêlé à la destinée… Pourtant rien ne le prédestinait particulièrement à évoluer dans ce milieu.
Allers-retours, dans sa petite enfance puis adolescence, entre la Guadeloupe et la banlieue parisienne, il grandit du côté de Bondy mais gardera toujours au plus profond de lui l’envie de vivre dans son archipel (spoiler alert : il finira par le faire quelques années plus tard…)
Infatigable touche à tout, féru de musique et de rap (jusqu’à figurer dans un groupe) et surtout de sport (il se rêvera pendant longtemps champion d’athlétisme), il commence à réaliser des petits films dans les quartiers avoisinant le sien, jusqu’à se faire remarquer par hasard par un réalisateur, voisin de ses parents à Bondy, qui l’encourage à persévérer…
L’appel du cinéma est lancé et Nelson Foix petit à petit met les choses en œuvre, tranquillement avec toujours cette envie de ne faire que ce que lui inspire le moment.
Entre-temps, il réalise son désir d’installation en Guadeloupe et vivra dans ces mêmes quartiers de Pointe-à-Pitre qui seront un élément primordial de son film Zion. « J’aime la cité, j’aime Point-à-Pitre et c’est pourquoi j’ai tourné Ti Moun aw et Zion quasiment à 200 mètres de chez moi”, dit-il en substance dans L’Oreille….
De fil en aiguille, Nelson Foix peaufine son arrivée de plain-pied dans le cinema. Ti moun aw mettant en scène un jeune homme de cîté devant s’occuper d’un bébé déposé devant sa porte lui sert de passeport : le voisin de ses parents à Bondy lui obtient un rendez-vous avec Djamel Debbouze et sa société de production. Il veut soutenir le cinéaste prometteur et l’emmener vers la réalisation de son premier long.
Mais avoir l’aval du comédien-producteur ne suffit pas : Nelson Foix devra entamer le long chemin vers le financement de son film seul – avec quand même le nom et l’entregent de Djamel Debbouze derrière lui, heureusement, car vendre l’idée d’un film en Guadeloupe et en créole, avec cinéaste et acteurs inconnus, n’est pas chose aisée, confirme Nelson Foix dans L’Oreille est hardie.
Zion, mené tambour battant, est une réussite tant du point de vue de l’écriture (histoire originale évoquant tour à tour la réalité antillaise, la question du père, les quartiers dits difficiles, le magico-religieux…) que du point de vue de la réalisation (la caméra de Nelson Foix se cherche un peu au début du film mais prend de plus en plus d’assurance au fur et à mesure de la progression de l’intrigue) pour livrer un vrai film d’action et d’auteur, à la fois film de genre et visible par tout le monde !
Zion ou une gageure tenue, quasi inédite, décharge d’adrénaline vivifiante et rafraîchissante, à découvrir absolument à compter de la mi-mars sur les grands écrans de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane (Nelson Foix tenait à cette primeur !) et début avril sur les écrans de l’Hexagone…
Personnages bien écrits et bien définis avec en tête, le personnage central dessiné et campé par Sloan Descombes que Nelson Foix avait découvert par hasard lors du casting de Ti moun aw (il venait accompagner sa copine quand Nelson lui a demander de lire des répliques : révélation !)
Naturel confondant – même s’il a fallu travailler les scènes nécessitant plus de jeu. Et ça fonctionne : il est l’un des atouts forts du film qu’il porte (tout comme son personnage Chris porte de bout en bout du film le cabas abritant le bébé !).
On apprécie tout autant les autres personnages de Zion quand ils arrivent en scène : un chef de gang impressionnant par la retenue de son jeu, un vagabond surnommé le Prophète, le rôle du père… tous très bien esquissés et interprétés.
Et faites connaissance avec un talent fier de son parcours, de ses origines ; fier aussi d’être à la tête de l’une des premières productions ciné à revendiquer au casting un label 100% Antilles – jusqu’à la B.O. comportant un titre inédit signé Kalash ! Découvrez aussi tout ce que raconte le film, selon son auteur et réalisateur, et comment ses propres interrogations de jeune père ont servi de trame à Zion.
L’histoire vous emporte et les quartiers et les rues de Pointe à Pitre deviennent tour à tour lieux de vie, de passages, de courses poursuite, filmés, si ce n’est avec une certaine assurance, en tout cas avec beaucoup de bienveillance et d’amour de la part du jeune réalisateur qui visiblement aime sa ville. D’ailleurs il ne s’en cache pas : il suffit d’écouter dans L’Oreille…, sa déclaration d’amour à Pointe-à-Pitre et à la Guadeloupe !
Le réalisateur de Zion, Nelson Foix dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
Ou par là :
« Zion », un film de Nelson Foix. Sortie le 14 mars 2025 sur les écrans de Guadeloupe, Martinique et Guyane. Et à compter du 9 avril 2025, sortie du film dans l’Hexagone.
Crédit: Lien source