Caroline Darian a déclaré, jeudi 6 mars, avoir déposé plainte contre son père, Dominique Pelicot, condamné dans le procès historique des viols de Mazan, un « message à toutes les victimes » pour dire « qu’il ne faut jamais lâcher ».
La plainte, qu’elle précise avoir déposée mercredi, porte sur « l’administration de substances psychoactives » et sur des « abus sexuels » que son père « a certainement commis sur [elle] », a-t-elle affirmé à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information de M6/RTL. Il est visé pour dix infractions dans la plainte déposée par sa fille, longue de trente pages, dont l’AFP a pris connaissance, notamment celles de viol et tentative de viol, d’agressions sexuelles, « d’administration de substance de nature à altérer le discernement pour commettre des viols et/ou des agressions sexuelles » et de mise en danger d’autrui.
Dominique Pelicot a été condamné en décembre dernier à vingt ans de réclusion criminelle pour avoir drogué sa femme, Gisèle, afin de la violer et de la livrer à des dizaines d’inconnus, dans la ville de Mazan (Vaucluse) où ils habitaient.
Des images prises à son insu
Lors de ce procès au retentissement international qui a mis en lumière les viols subis par sa mère, Caroline Darian, présente tout au long, a déclaré avoir la certitude d’avoir elle aussi été la victime de son père après avoir vu des photos d’elle inconsciente, allongée sur un lit dans des sous-vêtements qu’elle ne reconnaît pas. Dominique Pelicot, qui a été condamné pour la diffusion d’images de Caroline prises à son insu, a toujours nié avoir eu le moindre geste incestueux sur sa fille.
« Oui, il a démenti, mais il a menti à plusieurs reprises et refait plusieurs versions de l’histoire durant les deux ans et demi de l’instruction », souligne Caroline Darian. « Et on a bien vu dans cette cour criminelle qu’à aucun moment Dominique est capable de dire l’entière vérité des faits commis. » « J’ai toujours dit que ce procès [celui de Mazan] n’était pas une fin en soi pour moi (…) On va attendre de voir la réponse du parquet en espérant qu’il lui donne une suite favorable », poursuit Caroline Darian.
« La reconstruction passe par une reconnaissance de mon statut de victime » mais « je sais que la route est encore longue », ajoute-t-elle, déclarant qu’au-delà de « [s]on cas personnel », « c’est un message envoyé à l’intégralité des victimes ». « C’est important pour moi de véhiculer ce message pour que les autres victimes qui ont aussi vécu » la soumission chimique puissent « se dire qu’il y a des choses à faire, il y a des recours, et il ne faut jamais lâcher ».
Combat contre la soumission chimique
Dans son livre Pour que l’on se souvienne (JC Lattès, 2025), écrit pendant le procès et publié mercredi, Caroline Darian revient sur son passage à la barre − « la pire expérience de [s]a vie » − et sur son sentiment d’avoir été « la grande oubliée du procès ».
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Plongée depuis la fin du procès dans « un vide abyssal » et un « sentiment d’injustice » qui la « broie », elle mène plus que jamais le « combat » pour les victimes « invisibilisées » de la soumission chimique, un fléau largement méconnu avant le procès des viols de Mazan. « C’est un combat qui me demande beaucoup de temps, de cerveau disponible et une certaine forme de charge mentale, mais ça en vaut vraiment la peine », a-t-elle dit à l’AFP.
Depuis les révélations des faits commis par son père, elle a multiplié les initiatives et les prises de parole, notamment au sein de l’association de défense de victimes de soumission chimique, qu’elle a cofondée et baptisée M’endors pas. Ses appels ont notamment été relayés au Parlement par la députée MoDem Sandrine Josso, qui a été officiellement chargée d’une mission portant sur la soumission chimique, après qu’elle a accusé le sénateur Joël Guerriau de l’avoir droguée à son insu avec de l’ecstasy. Son rapport est attendu pour le printemps.
Pour Caroline Darian, « les choses bougent et [elle veut] croire que cela permettra de mettre en place de vraies initiatives et de vraies pistes d’amélioration pour soutenir les victimes ». Elle souhaite aider à porter le combat jusque dans les prétoires, car trois mois après le procès des viols de Mazan, malgré les vagues de soutien à l’extérieur, elle n’a rien oublié des « humiliations » et de la « forme d’intimidation des parties civiles, et notamment de la victime avérée de toute cette affaire : [s]a mère ».
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