Quand les Girondins de Bordeaux quittent la Ligue 1, en mai 2022, personne n’imagine les retrouver en 4e division trois ans plus tard. De fait, « Sud Ouest » a dû adapter sa couverture journalistique à ce niveau redevenu amateur. « Pendant les deux saisons en Ligue 2, en 2022-2023 et 2023-2024, on a gardé le même dispositif qu’en Ligue 1, avec deux journalistes dédiés et les parutions de tous les articles en rubrique Sports générale, résume Frédéric Laharie, chef de service des sports. Mais, depuis l’été 2024 et la descente en National 2, on a baissé la voilure : la présentation du match et l’article dit ‘‘de retour’’, le surlendemain, ne passent qu’en Sports Gironde. » Comme les rencontres se jouent le samedi à 18 heures, les comptes rendus sont lisibles par tous dans « Sud Ouest Dimanche ». Car les pages de sport dominicales sont communes à l’ensemble des départements. Il en est des Girondins comme du basket de Boulazac ou du rugby de Langon et Périgueux quand ils jouent le samedi.
Depuis cette saison, TV7, l’une des deux chaînes télé du Groupe Sud Ouest, diffuse les matchs des Girondins en direct. Stella Dubourg, cheville ouvrière de ce partenariat, en explique la nature : « Les clubs des niveaux inférieurs, en deçà de Ligue 1 et Ligue 2, disposent de leurs droits de retransmission. On a investi dans du matériel, déployé des moyens humains, agrégé des sponsors afin de téléviser tous les matchs à domicile. Et ceux à l’extérieur quand le club hôte l’accepte. C’est bien pour les Girondins et pour TV7, qui a gagné plus de 30 000 téléspectateurs par semaine. »
Cette diffusion est promue sur les supports de « Sud Ouest ». Une annonce dans le journal papier indique systématiquement l’opposition, le jour et l’horaire du match, et rappelle les canaux d’accès (33 sur la TNT et 30 sur la box) ainsi que le site tv7.com et Facebook. Une notification est envoyée sur l’application et un e-mailing aux inscrits des newsletters « Sports » et « Football ». Le vendredi, sur sudouest.fr, un bandeau texte déroulant renvoie sur l’article qui présente le match.
« En 4e division, la salle de presse n’existe pas. On se débrouille »
Soit un vrai soutien à un club qui a perdu de son standing. Le reporter Nicolas Le Gardien a connu les deux époques. « En 4e division, la salle de presse n’existe pas, dit-il. On se débrouille. En novembre, au Poiré-sur-Vie, en Vendée, j’ai travaillé en tribune au milieu du public, avec l’ordinateur sur les genoux ! Le bon côté, c’est que le centre d’entraînement du Haillan, fermé à double tour depuis la fin de l’époque M6, est à nouveau ouvert. On échange avec les joueurs, l’entraîneur depuis le bord du terrain. Humainement, c’est mieux. » Les comptes rendus de matchs réalisent de belles audiences sur sudouest.fr, comparables à celles de l’UBB Rugby.
« L’actualité extra-sportive, elle, est traitée dans les pages générales. Car les questions sur l’avenir du club, sur ses finances, intéressent au-delà du sport », précise Frédéric Laharie. « Aujourd’hui, la part de travail consacrée aux divers rebondissements, changements de propriétaires, rendez-vous au tribunal de commerce est presque devenue majoritaire, souligne Vincent Romain, du service des sports. Journalistes sportifs au départ, on a dû se former auprès d’avocats spécialisés à ce qu’est une procédure de redressement judiciaire, auprès de banquiers à ce que signifie une ‘‘titrisation’’. Afin d’expliquer simplement au lecteur ces choses complexes. »
Où en est le club aujourd’hui ? Il est en redressement judiciaire. On présume que Gérard Lopez, son propriétaire, discute avec ses créanciers pour négocier la dette et mettre fin au redressement fin mai ou début juin, avant le passage devant l’organisme de contrôle de gestion (DNCG). Trois scénarios sont possibles. Soit le président Lopez remet au pot et il continue l’aventure seul. Soit il trouve quelqu’un pour l’accompagner financièrement et il doit partager son leadership. Soit ni lui ni personne ne vient et le club est liquidé. « C’est comme quand tu es en mauvaise posture à une table de poker, dit Vincent Romain. Tu as perdu beaucoup d’argent. Ou tu te retires pour limiter la casse, ou tu continues pour essayer de te refaire et retrouver tout ou partie de ta mise. L’ego entre aussi en jeu : Gérard Lopez n’a pas envie d’être catalogué comme l’homme qui aura planté les Girondins. »
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