la France mobilise 195 millions d’euros pour Kiev grâce aux avoirs russes gelés, annonce Sébastien Lecornu

« Ceux qui nient la menace russe se trompent. » C’est sans mal que le ministre des armées français, Sébastien Lecornu, s’aligne sur les paroles d’Emmanuel Macron concernant Moscou, dans un entretien à La Tribune Dimanche du 9 mars. Dans un contexte où d’éventuelles négociations de paix en Ukraine s’apparentent encore à des discours vides plus qu’à la réalité, le soutien à Kiev reste donc une priorité pour ses alliés européens.

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La France va ainsi mobiliser, grâce aux intérêts des avoirs russes gelés, « une nouvelle enveloppe de 195 millions d’euros » pour aider l’Ukraine sur le plan militaire, annonce M. Lecornu à l’hebdomadaire. Cette somme « permettra de livrer des obus de 155 millimètres ainsi que des bombes planantes AASM qui arment les Mirage 2000 ukrainiens », explique-t-il, évoquant aussi l’accélération des cessions de matériels anciens, « notamment de chars AMX-10RC et de véhicules de l’avant blindé (VAB) ».

Cette aide supplémentaire survient alors que le président américain, Donald Trump, a annoncé cette semaine geler l’aide militaire et le partage de renseignements que les Etats-Unis apportaient à Kiev. Une décision qualifiée de « coup dur » pour l’Ukraine par M. Lecornu qui souhaite maintenir le lien entre Paris et Washington, et annonce qu’il va se rendre prochainement au Pentagone.

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« Je considère [les Etats-Unis] toujours comme des alliés, en dépit de leur grande imprévisibilité », avance le ministre des armées, tout en rappelant l’importance, plus que jamais, de la doctrine « allié mais non aligné ».

« Les Russes réinventent la guerre »

Alors que la France et ses partenaires européens tentent de s’adapter aux incertitudes géopolitiques et aux risques de conflit en Europe, Sébastien Lecornu cite « les munitions et la guerre électronique » comme les « urgences » de Paris dans les années à venir. « Deuxième priorité, la dronisation et la robotisation des armées », ajoute le ministre, pointant aussi l’intelligence artificielle et le spatial.

« Les Russes réinventent la guerre, c’est leur grande force, a avancé le ministre des armées. Ils ciblent notre démocratie et notre économie », citant notamment des « opérations de sabotage, [la] planification d’assassinats ciblés contre des personnages clés du monde économique, [des] interactions agressives avec nos forces armées… ».

M. Lecornu rappelle, dans le même temps, la nécessaire accélération des cadences de l’industrie de l’armement, citant l’objectif pour Dassault Aviation de « livrer quatre à cinq Rafale par mois à partir de 2026 » – contre deux en 2024 –, au regard de « nos propres besoins potentiels pour la période à venir ».

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Le ministre veut aussi « multiplier par deux, entre 2024 et 2026, les cadences de production des bombes planantes AASM », ainsi que, dès l’année prochaine, du missile antichar MBDA (Akeron MP), après une première augmentation semblable. Pour ce faire, « des partenariats industriels » sont en cours de constitution entre des entreprises comme Thales ou EOS, « notamment sur les drones » et des groupes « de l’industrie civile, comme le secteur automobile », dit-il.

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Un réarmement national qui, selon lui, répond à une logique de paix sur le continent européen. « Ce que nous proposons, ce ne sont pas des efforts de guerre, ce sont des efforts de défense. Car nous ne sommes pas en guerre. Au contraire, nous voulons garantir la paix. Et le meilleur moyen de le faire, c’est d’avoir un appareil de défense prêt, souverain et autonome. »

Un débat politique à huis clos

Financièrement, M. Lecornu situe cet effort de défense dans une fourchette moindre que ce qui est « souvent cité dans les médias » : « Atteindre les 5 % du produit intérieur brut nous amènerait [sur une fourchette] de 140 milliards à 150 milliards d’euros de budget annuel », ce qui ne serait « pas raisonnable », estime le ministre des armées qui vise davantage un budget « autour de 100 milliards d’euros par an ».

Il affirme enfin croire en une « union nationale autour de nos forces armées », avec un véritable débat politique, mais à huis clos. « Certaines questions sont légitimes : où faut-il mettre l’argent ? Quelles alliances faut-il avoir ? Et surtout, comment qualifier la menace ? », a-t-il fait valoir, annonçant une réunion cette semaine des présidents des groupes parlementaires avec l’état-major des armées et les services de renseignement.

« Je veux créer un cadre dans lequel les responsables politiques, sans téléphone portable, peuvent poser librement des questions à ceux qui suivent ces questions », a-t-il justifié.

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Le Monde avec AFP

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