Tarifs douaniers de Donald Trump : des entreprises du N.-B. ne sont pas prêtes

Alors que Donald Trump lance sa guerre commerciale et impose des tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens exportés aux États-Unis, des entreprises du Nouveau-Brunswick ne sont pas prêtes.

Le président américain avait accordé un sursis de 30 jours au Canada, le temps d’un éventuel accord économique. Ottawa en a donc profité pour se préparer et pour riposter. Ainsi, dans une déclaration lundi soir, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lui aussi l’imposition de droits de douane de 25 % sur, dans un premier temps, 30 milliards de dollars de marchandises américaines.

Difficile de virer de bord aussi rapidement

Une tension économique qui atteint son paroxysme, et qui ne fait pas les affaires des petites et moyennes entreprises au Nouveau-Brunswick.

Deux sur cinq entreprises ne sont pas prêtes, estime Louis-Philippe Gauthier, vice-président pour la région Atlantique à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Des données qui se basent sur les sondages (Nouvelle fenêtre) effectués auprès des membres de la fédération.

Louis-Philippe Gauthier, vice-président pour le Canada atlantique au sein de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

Elles ne sont prêtes à trouver des fournisseurs alternatifs pour ne pas subir le plein impact. Ça va prendre le support des gouvernements, insiste Louis-Philippe Gauthier, en entrevue à l’émission la matinale mardi. Va falloir trouver des substituts, mais une entreprise, ça se vire pas de bord comme ça.

Encore une fois c’est comme la COVID-19, c’est hors de contrôle des entreprises.

Une citation de Louis-Philippe Gauthier, vice-président pour la région Atlantique à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante

Une nouvelle réalité

Rappelons que le Nouveau-Brunswick est la province la plus dépendante des États-Unis, avec 92 % de ses exportations destinées au voisin du sud.

Un poste de frontière.

Le poste à la frontière des États-Unis entre Calais, dans le Maine, et Saint-Stephen, au Nouveau-Brunswick.

Photo : Associated Press / Robert F. Bukaty

La première ministre Susan Holt avait par ailleurs indiqué que les tarifs imposés par le locataire de la Maison-Blanche pourraient mener à la perte de 4000 à 6000 emplois dans la province.

Selon une étude commandée par le Conseil économique du Nouveau-Brunswick, le nombre d’emplois menacé serait bien plus élevé et pourrait dépasser les 20 000, touchés directement et indirectement par les

Selon la fédération de l’entreprise indépendante, les entreprises en Atlantique ne seraient pas en mesure de survivre à six mois de guerre commerciale sans aides gouvernementales.

Dans cette incertitude généralisée pour les entreprises, elles doivent s’adapter à cette nouvelle réalité économique, selon Louis-Philippe Gauthier, qui relate les nombreuses interrogations de ces derniers jours : Comment je refile la facture ? Les clients vont encore acheter mes produits ? Est-ce que je vais être capable de garder mes employés ?

« C’est sûr on avait pas besoin de ça », commente Frederick Dion, directeur général par intérim de l’association acéricole du Nouveau-Brunswick.

Trois quarts du sirop d’érable consommé aux États-Unis provient du Canada.

Un homme verse du sirop d'érable dans une casserole

L’industrie acéricole du N.-B. espère que les tarifs ne se prolongeront pas jusqu’en 2026.

Photo : CBC/Rebecca Ugolini

Toutefois, l’industrie du sirop d’érable n’est pas inquiète à court terme. « On est moins dépendant que certains secteurs et nos producteurs ont des contrats d’achats », explique-t-il. « Mais si ça [les tarifs] devait être maintenu en 2026 ça pourrait être tout autre », prévient Frederick Dion.

Forte inquiétude à Saint-Jean

La ville de Saint-Jean est la ville la plus vulnérables aux tarifs américains au pays, selon une étude de la Chambre de commerce du Canada.

La ville abrite la raffinerie Irving Oil, la plus grande raffinerie de pétrole brut au Canada et plus de 80 % de ce pétrole est exporté aux États-Unis. D’autres entreprises comme la forestière J.D. Irving, le brasseur Moosehead et Cooke Aquaculture ont tous des activités à Saint-Jean.

Le centre-ville de Saint-Jean

La ville de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick

Photo : Radio-Canada

La chambre de commerce de la ville reconnaît que si les grands exportateurs devaient procéder à des licenciements, c’est toute la ville qui le ressentirait.

La mairesse de la ville, Donna Reardon, se dit très inquiète. Elle appelle à la création d’une stratégie d’exportation canadienne. Du côté du port de Saint-Jean, les autorités se disent profondément préoccupés.

Être impliqué dans les contre tarifs

Pour le Conseil d’entreprises du Nouveau-Brunswick, « c’est peut-être le pire scénario ». « Les entreprises évaluent au jour le jour », précise sa PDG, Monica Gaudet-Justason.

Les provinces atlantiques sont depuis plusieurs semaines ouvertes à l’idée de réduire le nombre d’exceptions à l’Accord de libre-échange canadien afin de faciliter le commerce et l’ouverture à de nouveaux marchés, trouver de nouveaux revenus et réduire les impacts des tarifs douaniers.

« L’important c’est qu’on doit bouger rapidement et être consultation avec nos dirigeants », souligne Monica Gaudet-Justason. Elle demande à être impliqué auprès d’Ottawa notamment avant la deuxième vague de contre tarifs canadiens qui doit entrer en vigueur dans 21 jours si rien ne bouge.

« Il faut qu’on soit impliqué dans les contre tarifs et être impliquée dans le processus pour voir qu’il n’y ait pas d’effets néfastes inattendus », ajoute-t-elle.

En attendant, le Conseil d’entreprises du Nouveau-Brunswick multiplie les rencontres avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick.

Avec des informations de l’émission La matinale, de Pascal Raiche-Nogue et Frédéric Cammarano

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