On revient toujours sur les lieux du crime… et le chemin passe souvent par Marseille. Après 25 ans d’existence, l’émission « Faites entrer l’accusé » , désormais diffusée sur RMC découverte s’apprête à célébrer son 300e numéro. Une émission consacrée à l’affaire Hélène Pastor, l’assassinat de l’héritière du plus grand empire immobilier de la principauté de Monaco en 2014.
Avant la diffusion de l’épisode, l’équipe de « Fela » s’est rendue sur la Canebière, pour une avant-première devant les étudiants de la faculté de Droit en présence de plusieurs acteurs clés de l’affaire, dont le directeur de la police judiciaire de Nice de l’époque, le commissaire Philippe Frizon, désormais à la tête du SIPJ de Marseille. L’occasion de revenir sur les coulisses d’une émission devenue culte avec Dominique Rizet, son présentateur emblématique, désormais aux commandes avec Christophe Delay.
Comment est né votre personnage, disons de geek du crime, dans « Faites entrer l’accusé » ?
Au départ, en 2000, l’idée c’était d’avoir un journaliste de fait divers pour décortiquer une pièce du dossier, faire l’expert – enfin, en toute humilité – pour raconter une scène de crime, une autopsie, un texte de loi et surtout la balistique, parce que c’est un truc que je connaissais bien à l’époque. On tournait les émissions deux par deux, et j’intervenais deux fois par émission, ce qui me faisait quatre plateaux à apprendre. Mais ça m’angoissait beaucoup parce que c’était la première fois que je faisais ça.
Y a-t-il des affaires que vous avez renoncé à traiter ?
Il y a une affaire a laquelle on a renoncé lorsque la famille nous a appelé. Une maman dont le mari s’était vraiment mal tenu, elle nous a suppliés de pas parler de lui car ses gamins portaient son nom. Après, il y a les dossiers qu’on n’a pas pu faire, faute de témoins. J’aurais aimé faire l’affaire Dominici, et toutes celles qui sont à la limite de nos premières émissions, le juge Michel, Ranucci… les trois avocats sont décédés aujourd’hui.
Quels sont les ingrédients d’un bon « Faites entrer l’accusé »
Déjà, il faut une histoire forte qui feuilletonne un peu. Un crime flagrant, avec l’auteur arrêté juste après, c’est pas une histoire pour nous. Et surtout il faut que les affaires soient définitivement jugées. Amra, par exemple, on le fera sûrement, mais dans 4 ou 5 ans. Mais il y a parfois des affaires extraordinaires dont on ne se souvenait plus vraiment. En fait, ça tient souvent au fait qu’il se passe autre chose au même moment, comme un match de coupe du monde ou un cataclysme qui lamine tout. Comme l’affaire Zawadzki, dont le jugement est aussi occulté par une autre actualité.
Vous n’avez jamais songé à changer la recette ?
Non, mais on a essayé de trouver des formules pour la rajeunir un peu. On avait fait le labo, par exemple, qui était un univers tout blanc. Et puis, finalement, on est revenu à la même formule. Ça manquait de chaleur – parce qu’on écoute aussi ce que disent les fans – on a un fan-club, d’ailleurs monté par une Marseillaise, Jessica, qui rassemble plus de 70 000 abonnés. Ce qui me fait dire que cette émission, a encore de nombreuses années devant elle.
Vous-même faites un peu partie des murs…
Disons que j’ai été racheté avec l’émission, comme une armoire normande dans une vieille baraque (rires). Il y a eu Christophe Hondelatte, Frédérique Lantieri, Rachid M’Barki, comme présentateurs, je suis un peu le fil rouge. Ça se voit parce que je suis à l’antenne, mais il y a plein de personnes qui sont là depuis longtemps, comme la rédactrice en chef, Isabelle Clairac, ou la Marie-Sophie Tellier, l’une des réalisatrices.
Vous n’en avez pas marre d’entendre la musique de Michel Legrand – le générique – dans votre sillage ?
Au contraire ! Très souvent, je croise des gens dans la rue, parfois en train de bosser sur un chantier avec une échelle sur le dos, ils me font « padam, padaaam » (rires), j’ai plein d’anecdotes comme ça. Des témoignages de sympathie, de confiance. Et ça me fait plaisir, parce que de là où je viens – mon père était ouvrier aux forges de Gueugnon, ma mère secrétaire de mairie – je me dis qu’ils seraient fiers. Et le jour où tout s’arrêtera, je pourrai me dire que, humblement, j’ai fait le job.
Pour le 300e épisode, consacré à l’affaire Pastor, vous diffusez des extraits hallucinants de la garde à vue filmée du suspect, Wojciech Janowski. C’est la première fois qu’un tel document est diffusé ?
Pas tout à fait, dans l’affaire des disparues de l’A6, on avait eu la garde à vue de Pascal Jardin. Et pour l’affaire Zibha, on avait eu accès à la reconstitution filmée, qui pour moi est une pièce encore plus exceptionnelle, avec la juge qui lui demande de préciser son geste avec la bêche, l’expert en projections de sang qui répond que ça ne tient pas… Mais c’est compliqué de les récupérer. Et aussi compliqué de les diffuser… Mais on arrive parce que c’est « Faites entrer l’accusé » , les gens nous font confiance. C’est devenu une référence.
Pour la présentation, vous étiez à Marseille, à la fac de droit, devant une salle comble d’étudiants qui n’étaient même pas nés il y a 25 ans. Comment vous arrivez à les accrocher encore ?
Ça m’épate, parce que les générations ont changé, mais les jeunes sont toujours à fond sur l’émission. J’ai une fille qui est aussi en fac de droit, au début les autres étudiants n’avaient pas fait la connexion, mais ça n’a pas duré, car il y a même des profs qui se servent de Faites entrer l’accusé comme support pédagogique.
« Crime sur le Rocher : l’affaire Pastor », le 300e épisode inédit de Faites entrer l’accusé, à découvrir dimanche 9 mars à 21h10 sur la chaîne RMC Découverte
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