l’avis de Christophe Bassons, un expert en la matière

En prévision des Jeux du Pacifique de 2027, la Polynésie met en place une politique anti-dopage renforcée, s’inspirant des meilleures pratiques internationales. Pour en parler, Christophe Bassons, ancien cycliste professionnel et figure emblématique de la lutte anti-dopage, est venu partager son expertise dans notre matinale radio.

Invité café de ce lundi 10 mars, Christophe Bassons, ancien coureur cycliste, a été confronté dès ses débuts au dopage organisé au sein de l’équipe Festina. Opposé à ces pratiques, il a expliqué qu’il a tenté de faire bouger les lignes mais s’est rapidement heurté à un système bien en place. « J’étais jeune, j’avais 21 ans, et je me suis cassé les dents », confie-t-il. Cette expérience l’a conduit à un engagement de longue date dans la prévention du dopage, notamment auprès des jeunes générations.

Depuis 2001, il œuvre au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports dans l’Hexagone et travaille sur plusieurs axes : la lutte contre le trafic de substances dopantes, les contrôles anti-dopage et la prévention. Pour lui, il est essentiel de comprendre les raisons qui poussent les sportifs à se doper : « le dopage est une réponse à un problème. Ce sont des personnes qui se fixent des objectifs inatteignables et qui pensent que leur réussite en dépend. »

Certaines disciplines sportives sont plus exposées que d’autres. Selon Christophe Bassons, « là où on est quasiment sûr de toucher du dopage, c’est le culturisme et le bodybuilding, où il y a un vrai culte du corps ». Il pointe également du doigt les sports de combat comme le MMA et le kickboxing : « en Métropole, c’est le sport où l’on trouve le plus de contrôles positifs, avec un taux de 11 à 12 % ».

D’autres disciplines sont aussi concernées, notamment celles où la performance physique est primordiale : cyclisme, athlétisme, rugby… En Polynésie, des sports traditionnels comme la rame pourraient également être surveillés de près.

Jusqu’à récemment, les contrôles en Polynésie française restaient limités, avec seulement 500 contrôles réalisés en 10 ans. Cependant, la perspective des Jeux du Pacifique 2027 pousse le territoire à intensifier ses efforts. Une nouvelle politique est en cours de déploiement, avec une montée en puissance progressive des contrôles et une surveillance accrue.

A partir de septembre 2025, seront ainsi mis en place des contrôles, « l’objectif globalement est d’avoir 100 à 150 contrôles par an avec une montée en puissance jusqu’aux Jeux du Pacifique 2027…Vous avez actuellement deux préleveurs qui sont agréés en Polynésie pour le faire. Le but est d’arriver à 4″, afin de respecter la parité des sexes. « Un homme va contrôler un homme, une femme va contrôler une femme », précise Christophe Bassons.

Christophe Bassons rappelle que la France réalise environ 12 000 contrôles par an, mais que l’important n’est pas tant la quantité que la qualité : « l’essentiel est de bien cibler les contrôles pour optimiser l’utilisation des ressources et éviter d’accuser à tort des sportifs propres ».

Dans le cadre des Jeux de 2027, la Polynésie a lancé l’initiative « Starter Anti-Dopage », une série de conférences et formations destinées aux sportifs, entraîneurs et encadrants. L’objectif est clair : sensibiliser pour mieux prévenir.
« La prévention est essentielle, mais il ne faut pas se contenter de dire ‘le dopage, c’est dangereux pour la santé’. Il faut travailler sur les motivations des sportifs et leur environnement », explique Christophe Bassons. Selon lui, il est crucial de développer des compétences psychosociales chez les jeunes athlètes, afin qu’ils apprennent à résister aux pressions et à faire des choix conformes à leurs valeurs.

Depuis décembre 2024, la Polynésie française s’est donc mise en conformité avec le Code mondial anti-dopage, comme l’exigeait l’organisation des Jeux du Pacifique. Cela signifie une harmonisation des sanctions avec les standards internationaux. « Il y a 11 infractions et agissements interdits dans la lutte contre le dopage »

Et un sportif contrôlé positif risque désormais une suspension de 4 ans, avec annulation de ses résultats et interdiction de compétition. « Si deux sportifs d’une même équipe sont pris, c’est toute l’équipe qui est suspendue pendant 4 ans », précise Christophe Bassons, soulignant l’importance de la responsabilité collective. Il prend « l’exemple en football où s’il y a deux sportifs contrôlés [positifs], ça veut dire que la nation est suspendue pendant pendant 4 ans, ce qui est énorme en terme de conséquences ».
Les trafiquants et encadrants impliqués dans le dopage encourent, quant à eux, des sanctions pénales pouvant aller jusqu’à 7 ans de prison et des amendes conséquentes.

Si la Polynésie accuse un certain retard dans la lutte anti-dopage par rapport à d’autres nations, elle dispose désormais des outils nécessaires pour rattraper ce retard. L’adhésion au Code mondial anti-dopage, l’augmentation des contrôles et les campagnes de sensibilisation sont autant d’actions qui doivent permettre d’assainir le sport local. « Le but n’est pas de sanctionner, mais de protéger les sportifs », conclut Christophe Bassons.


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