Martinique : la Flotte océanographique française annule la campagne de recherche sismique suspendue par la justice

Cette décision fait suite à une ordonnance de la justice administrative de la Martinique, qui avait suspendu en urgence l’arrêté préfectoral autorisant la campagne de recherche Garanti2. Cela, afin de protéger les cétacés de la zone.

« Les recours qui auraient pu être déposés ne pouvaient pas être traités dans la période retenue pour la campagne. La décision de suspension vaut de fait annulation », explique à Mer et Marine un représentant de la Flotte océanographique française (FOF), opérée par l’Ifremer. Plutôt que de faire appel de l’ordonnance prise le 4 mars par la juge des référés du tribunal administratif de la Martinique, suspendant l’arrêté préfectoral autorisant la campagne, la FOF a donc choisi d’annuler « l’intégralité de cette mission sur la connaissance tectonique et sismique des Antilles et des Caraïbes », a-t-elle par ailleurs fait savoir dans un communiqué.

Portée par l’université des Antilles et le CNRS, cette campagne de géophysique marine avait pour objectif de mieux comprendre le comportement tectonique de la zone de subduction des Antilles, et devait se dérouler du 15 mars au 11 avril, avec le navire océanographique L’Atalante. La préfecture de la Martinique avait délivré son arrêté d’autorisation le 13 janvier. 

Mais dans son ordonnance du 4 mars, la juge, saisie en urgence par des organisations de défense de l’environnement, avait considéré que cette campagne était « susceptible de porter atteinte, de manière irréversible, aux espèces protégées de la baleine à bosse et du cachalot ». Et ce, en raison de la période choisie (reproduction et mise bas), de la zone retenue (le sanctuaire pour les mammifères marins AGOA) et de la nature des outils de mesure utilisés pour ce type de recherche (susceptibles de générer des bruits délétères pour les cétacés, très fortement dépendants de leur ouïe pour communiquer ou localiser leurs proies). 

Incompréhension 

Cette décision, la première du genre, selon la FOF, suscite l’incompréhension : « Même si nous nions pas que nous n’étions pas dans la meilleure période, nous pensions avoir pris les dispositions nécessaires, sinon nous n’aurions pas obtenu le feu vert de la préfecture ». Les équipes d’acoustique sous-marine de la direction de la FOF avaient notamment échangé avec le sanctuaire AGOA « sur les conditions de réalisation acceptables du point de vue de la protection des mammifères marins, au vu de la période critique pour les cétacés ». 

Des précautions « inédites » avaient ainsi été prises concernant les sources sismiques (outils de mesure, NDLR) envisagées pour cette campagne : « il avait été décidé d’utiliser une source sismique dite de Haute-Résolution (HR) qui émet une décharge sonore 100 fois plus faible en termes de puissance (soit 20 décibels de moins) que les sources sismiques utilisées conventionnellement », précise la FOF. Une zone d’exclusion et la présence d’observateurs indépendants étaient également prévues.

Pour autant, la FOF a choisi de jouer la carte de l’apaisement, dans un souci de « renouer le dialogue avec toutes les parties concernées ». Elle a prévu de reprogrammer la campagne Garanti2 à une autre période, « à partir de 2025 ou 2026 », après concertation avec le sanctuaire AGOA et en fonction de la disponibilité de ses navires.

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