Gabon: le Marocain Moov échappe à la nationalisation

Depuis l’instabilité politique d’août 2023, qui a marqué la fin de 55 ans de pouvoir de la famille Bongo, le Gabon traverse une profonde transformation politique et économique. Le général Brice Oligui Nguema, désormais à la tête du pays, a exprimé sa volonté de reprendre le contrôle des secteurs stratégiques, notamment par la nationalisation d’entreprises jugées essentielles à la souveraineté nationale.

C’est ce qu’indique le magazine Jeune Afrique, précisant que cette politique a conduit à plusieurs décisions majeures, telles que la reprise en main de la Compagnie Minière de l’Ogooué (Comilog) et l’éviction de certaines entreprises étrangères du secteur pétrolier. La Commission économique et financière du gouvernement milite activement pour que cette dynamique s’étende aux télécommunications, un secteur clé pour l’économie numérique du pays.

Malgré ces pressions, Moov Africa Gabon Télécom, filiale du groupe Maroc Telecom, semble, pour l’instant, échapper à cette vague de nationalisation, lit-on dans Jeune Afrique. L’opérateur occupe une position centrale dans le secteur des télécommunications du pays, avec une part de marché importante, des infrastructures étendues et des investissements réguliers. Il représente un acteur clé du développement numérique du Gabon.

Sa position dominante repose sur un cadre contractuel solide, hérité de la privatisation de Gabon Télécom dans les années 2000, lorsqu’il avait racheté l’opérateur national. Depuis lors, Moov Africa a modernisé le réseau, notamment en déployant la fibre optique et en améliorant la couverture mobile.

Lors du Mobile World Congress (MWC) de Barcelone, le ministre de l’Économie numérique gabonais a mis fin aux spéculations en déclarant à Jeune Afrique que «le secteur des télécommunications n’est concerné par aucune politique de nationalisation».

Cependant, Moov Africa Gabon Télécom, qui détient plus de 50% du marché, reste dans le collimateur de la Commission économique et financière du Dialogue national inclusif (DNI). Cette dernière a proposé, dans ses conclusions de 2024, de nationaliser l’opérateur. Toutefois, cette option a été écartée par le ministre de l’Économie numérique. Le gouvernement a déjà procédé à la reprise de plusieurs actifs, notamment ceux de Gabon Oil Company (GOC) et d’Addax Petroleum Oil & Gas Gabon.

Cette démarche s’inscrit dans une tendance plus large en Afrique, où de nombreux pays cherchent à renforcer leur souveraineté numérique. Des exemples incluent la nationalisation de la filiale d’Airtel au Tchad en 2022 et le maintien d’un monopole public en Éthiopie.

Plusieurs facteurs expliquent la résistance de Moov Africa Gabon Télécom à une nationalisation. «D’une part, les relations diplomatiques entre Libreville et Rabat sont essentielles. Le Maroc est un partenaire économique clé du Gabon, avec des investissements dans plusieurs secteurs stratégiques. Une nationalisation brutale pourrait fragiliser ces relations et envoyer un signal négatif aux investisseurs marocains et internationaux», lit-on.

D’autre part, Moov Africa apporte un savoir-faire et une expertise qui ont permis de moderniser le réseau télécom du pays. Une reprise par l’État nécessiterait d’importantes ressources financières et techniques, ce qui n’apparaît pas comme une priorité immédiate pour le gouvernement gabonais.

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