Mali : la junte, nouvelle force de l’or : épisode 2/4 du podcast Extractivisme : des États en quête de souveraineté

En novembre 2024, Terence Holohan, PDG de la société minière australienne Resolute était arrêté à Bamako en raison d’un litige financier avec le gouvernement malien. Le 11 janvier 2025, l’armée malienne débarquait au petit matin pour saisir trois tonnes d’or dans la mine de Loulo-Gounkoto, propriété de l’entreprise canadienne Barrick Gold, 2e producteur mondial d’or. Un long bras de fer financier avec le régime malien s’en est suivi, provoquant la suspension des opérations de la firme. Dans chacun de ces cas, la justice reproche aux entreprises des entorses au nouveau code minier, beaucoup plus contraignant que le précédent, adopté par la junte en 2023. Des opérations inédites dans l’histoire des relations entre l’État malien et les multinationales du secteur qui s’inscrivent dans la nouvelle politique du président Assimi Goïta.

Par le droit ou par la force, le colonel putschiste Assimi Goïta semble vouloir tenir sa promesse d’une souveraineté malienne retrouvée, en s’attaquant aux entreprises étrangères et en créant une société publique qui pourrait à terme assurer l’exploitation du sous-sol du pays. Il entend s’inscrire dans l’héritage du “père de la nation” malienne, Modibo Keïta, qui avait nationalisé l’exploitation minière dans les années 60, et entretenir sa cote de popularité auprès de la population. Au-delà du seul enjeu de la crédibilité politique de la junte, cette reprise en main des ressources du pays est également une occasion pour le pouvoir de s’assurer une rente minière plus élevée, indispensable pour restructurer une administration aujourd’hui largement faillie et pour maintenir à flot les forces armées aux prises avec les groupes armés qui pullulent.

Focus :

Avec Rémi Carayol, journaliste indépendant et membre du comité éditorial d’Afrique XXI

Autre Etat de la région dirigée par un militaire putschiste, le Niger prend lui aussi le virage du souverainisme minier. Le général Tiani, qui dirige le pays depuis le coup d’Etat de juillet 2023, a suspendu l’année dernière la licence d’exploitation pour les gisements d’uranium à Orano, ex-Areva, géant français du secteur, qui a porté l’affaire devant un tribunal d’arbitrage international.

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