Présidentielle 2025 : Bilie-By-Nze entre rupture, nouvelle espérance et relève des défis socio-économiques et institutionnels | Gabonreview.com
Candidat à l’élection présidentielle du 12 avril 2025, Alain-Claude Bilie-By-Nze s’est exprimé ce lundi 10 mars. Devant une foule acquise à sa cause, le président d’Ensemble pour le Gabon a fait une déclaration officielle de candidature dans laquelle, il a tracé les grandes lignes de ce que sera sa magistrature, s’il était choisi pour présider aux destinées du Gabon. «Osons ensemble l’espérance», a-t-il dit, axant son action durant ce septennat sur la lutte contre le chômage, la recherche de meilleures solutions pour l’indépendance de l’économie nationale, l’indépendance alimentaire, annonçant notamment la suppression du Sénat, du CESE, de la Médiature de la République…
Alain-Claude Bilie-By-Nze, face à ses partisans, le 10 mars 2025 à Libreville. © GabonReview
Désigné parmi les candidats devant concourir pour la présidence de la République, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, président de la plateforme Ensemble pour le Gabon, a présenté les grandes lignes de son projet de société. Une fois élu, l’ex-chef du gouvernement renversé lors du coup d’État du 30 août 2023 indique qu’il supprimera les institutions telles que le Sénat, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), ainsi que la Médiature de la République. De nombreuses initiatives sont notamment annoncées en faveur des jeunes au chômage et des femmes, tout comme en faveur de l’indépendance de l’économie nationale, de la réforme des institutions, de l’indépendance de la justice, de la revalorisation de la diplomatie gabonaise, de la gestion des finances publiques.
«Le Gabon n’a plus de dirigeant. Nous sommes dans un coup d’État permanent»
Avant d’en arriver à la présentation de ce que sera son cahier de charges s’il accédait à la magistrature suprême pour les 7 prochaines années, Alain-Claude Bilie-By-Nze a fait quelques observations sur la situation actuelle du président Oligui Nguema. Ceci d’autant plus que ce dernier a récemment annoncé avoir été mis en disponibilité et dégagé de sa fonction de militaire. «Qui dirige le Gabon ?», a-t-il questionné, soulignant que cette mise en disponibilité ne peut «relever du ministère de la Défense».
Dans le même temps, il fait savoir que «puisqu’il n’est plus militaire, il ne peut donc plus être le dirigeant du Comité pour la transition et la restauration des institutions -CTRI-» et encore moins commandant en chef. «Le Gabon n’a plus de dirigeant. Nous sommes dans un coup d’État permanent», a-t-il déclaré, insistant sur le fait que «notre pays est plongé dans l’obscurité» et que «tous les signaux sont au rouge».
À titre d’exemples, le dernier Premier ministre d’Ali Bongo a dénoncé le fait des «casernes transformées en groupes d’animation» eu égard de l’autorisation faite aux militaires de se porter candidats à l’élection présidentielle. Pour lui «la Constitution divise les Gabonais», et cela peut, selon lui, se vérifier par le rejet des candidatures de certains compatriotes concourant pour ce scrutin présidentiel. Il a de même indexé les nombreux marchés passés sans appel d’offre, illustrant son propos par une dette atteignant les 8000 milliards de francs CFA en 18 mois.
«Donner à notre pays une chance d’avenir», relever les défis socio-économiques et institutionnels du pays.

Instantanés de la déclaration du 10 mars 2025. © GabonReview
Face à ce constat, le natif de Ntang-Louli appelle à «la rupture totale», à «donner à notre pays une chance d’avenir». Car, dit-il «le général est la pire représentation du système Bongo-PDG». S’il l’affirme ainsi, c’est qu’il dénonce encore le fait que «ceux qui ont tronqué les résultats du 30 août 2023 sont promus chaque jour en Conseil des ministres». En conséquence, ce coup d’État n’a été, selon lui, qu’une tromperie.
Son programme est donc axé sur la relève des défis socio-économiques et institutionnels du pays. Bilie-By-Nze envisage une lutte acharnée contre la pauvreté et le chômage chez les jeunes. Un point qu’il considère comme une priorité absolue de son septennat. Et c’est dans ce sens qu’il propose l’instauration d’un «minimum jeunesse» destiné aux diplômés en recherche de leur premier emploi. Cette mesure consistera en une indemnité équivalant à 80 % de la bourse perçue la première année et à 60 % la deuxième année. Mais aussi, après trois ans de recherche d’emploi infructueuse, les jeunes se verront attribuer un «kit première entreprise» pour les encourager à se lancer dans l’auto-entrepreneuriat et l’insertion professionnelle.
Il évoque également la situation des personnes du 3e âge, faisant savoir que l’«État a l’obligation de s’occuper d’elles». Pour cela, il propose le renforcement des dispositifs existants en y ajoutant un «minimum universel» dédié à ces personnes et à celles en situation de handicap.
Suppression des «institutions qui ne servent à rien»
Pour les réformes institutionnelles, le candidat annonce la «suppression des institutions qui ne servent à rien». «Nous allons supprimer le Senat. Par contre, nous allons porter le nombre de députés de 143 à 150 avec 7 députés pour les Gabonais de l’étranger», a-t-il déclaré, insistant sur le fait qu’il supprimera le Sénat, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), ainsi que la Médiature de la République.
Quant à la gestion des finances publiques, l’ex-locataire de l’Immeuble du 2-Décembre annonce la rigueur. Une fois élu, il ordonnera le contrôle des budgets des institutions, encadrera les fonds politiques du président de la République pouvant atteindre les 250 milliards de francs CFA et qui, pour lui, servent notamment à corrompre les opposants. Il prévoit le traitement de la question de la dette pour savoir «où est passé l’argent du Gabon», d’autant plus, estime-t-il, que «chaque Gabonais est aujourd’hui endetté à plus de 2 millions de francs CFA».
Des accords bilatéraux avec des pays tels que la France seront entièrement révisés et équilibrés
La question de l’impartialité de la justice reste aussi prioritaire dans ce programme où il prévoit que «le président de la République ne sera plus président du Conseil supérieur de la Magistrature». De même, il mettra en place la Commission vérité, justice et réconciliation afin de faire la lumière sur toutes les périodes sombres du pays, allant de 2009. «Il n’est pas possible d’aller de l’avant si on ne sait rien de ce qui s’est passé dans notre pays», a fait remarquer Alain-Claude Bilie-By-Nze.
La diplomatie gabonaise n’est pas en reste dans ce projet présidentiel. Et l’ancien Premier ministre entend, une fois au palais du bord de mer, lui redonner ses lettres de noblesse. Des accords bilatéraux avec des pays tels que la France seront entièrement révisés et équilibrés.
Appelant à une large mobilisation des Gabonais autour de sa candidature, il a invité à oser l’espérance, à créer une réelle rupture face aux méthodes tant décriées ayant entraîné le renversement du régime Ali Bongo.
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