Exposition à des températures extrêmes, taux de mortalité, accès à l’eau potable…. Le mois de février a été marqué par une vague de chaleur accentuée par le dérèglement climatique au Soudan du Sud. Des évènements climatiques qui affectent davantage les femmes dans ce pays, selon une étude du World weather attribution.
Le Soudan du Sud fait partie des États qui contribuent le moins au changement climatique. Pourtant, les émissions de gaz à effets de serre générées par les humains à l’échelle de la planète ont rendu la vague de chaleur du mois de février dix fois plus probable dans ce pays d’Afrique de l’Est. C’est ce que révèle une nouvelle analyse du réseau scientifique international World weather attribution.
L’étude souligne que les femmes et les filles sont les plus vulnérables face à cette hausse des températures, qui a duré sept jours consécutifs. Elles sont surexposées à la chaleur extrême, alors même que celle-ci a augmenté d’au moins deux degrés par rapport aux années précédentes à cause du réchauffement global de la planète.
Et pour cause : elles se chargent d’aller chercher de l’eau et de ramasser du bois, travaillent principalement dans l’agriculture, la vente ambulante ou encore dans des ateliers ou des usines. Autant de secteurs dans lesquels elles subissent les fortes températures et effectuent des efforts physiques. Selon les scientifiques, cette addition «peut avoir de graves effets à long terme sur la santé, notamment cardiovasculaires, des lésions rénales et une vulnérabilité accrue à l’épuisement par la chaleur et aux coups de chaleur».
Mortalité maternelle
Au Soudan du Sud, les facteurs de vulnérabilité pour les femmes s’accumulent : elles ne sont représentées qu’à hauteur de 32% au Parlement et sont victimes d’un faible taux d’alphabétisation des adultes (29%, contre 40% pour les hommes). Cet accès à l’éducation est d’autant plus fragile en cas de températures trop élevées. Cette année, les épisodes de températures dépassant les normales saisonnières ont eu lieu plus tôt dans l’année et ont provoqué la fermeture des écoles pendant deux semaines. Les médias ont rapporté plus d’une dizaine de cas d’évanouissement liés à la chaleur à l’école durant cet épisode.
C’est aussi l’un des pays où la mortalité maternelle (liée à la grossesse) est parmi les plus élevées : en 2020, 1 223 femmes sont décédées, pour 100 000 naissances. Une situation aggravée par le changement climatique, car pendant leur grossesse, les mères subissent des changements physiologiques et sont plus sensibles aux températures élevées. Les accoucheuses traditionnelles manquent également de moyens pour hydrater et refroidir leurs patientes, ce qui augmente les risques de complications dues à la chaleur.
Eau potable, zone ombragées et espaces de rafraîchissement
Pour aider les communautés à gérer ces risques, les auteur·ices de l’étude montrent que des interventions ciblées peuvent être efficaces, même en situation de conflits et de déplacements des populations. En 2018, un accord de paix a mis fin à une guerre civile qui a fait plus de 400 000 morts dans le pays. Les tensions et conflits armés ont forcé 1,1 million d’habitant·es à se réfugier dans des camps surpeuplés.
Les scientifiques soulignent donc la nécessité d’«élargir l’accès à l’eau potable, aux zones ombragées et aux espaces de rafraîchissement, en particulier dans les camps de déplacés et les quartiers informels».
Les expert·es citent l’exemple du camp de réfugié·es d’Ajuong Thok dont les abris ont été conçus pour limiter l’impact de la chaleur. Celui-ci abrite actuellement plus de 40 000 personnes, dont la plupart sont des femmes.
Une adaptation essentielle, puisqu’avec l’augmentation des températures globales, ce type de vagues de chaleur se répètera tous les dix ans au Soudan du Sud, selon l’étude. Si le réchauffement double d’ici à la fin du siècle, cela pourrait même se produire tous les ans.
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