Sadaqa et Hassanat entre le Coran, la Sunna et les Hadiths

Ramadan : Entre Obligation Coranique et Pratiques Traditionnelles

Chaque année, l’arrivée du mois sacré du Ramadan soulève des débats parmi les musulmans du Mali. Actuellement, une controverse se cristallise autour de la question de la Sadaqa (offrandes traditionnelles) et des Hassanats (récompenses divines) liées à cette pratique. Alors que certains estiment que la Sadaqa n’a aucune base coranique et qu’elle ne doit donc pas être liée au Ramadan, d’autres soutiennent au contraire qu’elle constitue un moyen d’obtenir des Hassanats, récompenses spirituelles essentielles pour tout croyant.

Le Ramadan dans le Coran : Une Obligation Claire

Le Coran mentionne clairement l’obligation de jeûner pendant le Ramadan dans la sourate Al-Baqarah (2:183-185) :

« Ô vous qui avez cru ! Le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit à ceux d’avant vous, afin que vous atteigniez la piété… » (Coran 2:183).

Cette prescription explicite démontre clairement que le jeûne du Ramadan est une obligation divine, destinée à renforcer la piété et l’humilité chez le croyant.

Sadaqa : Origine Traditionnelle et Interprétations Variées

La Sadara, offrande ou charité spécifique souvent pratiquée au Mali pendant le Ramadan, ne figure effectivement pas explicitement dans le texte coranique. Elle appartient plutôt à la sphère culturelle et traditionnelle. Ceux qui contestent sa pratique rappellent que rien dans le Coran n’impose spécifiquement de réaliser une Sadara lors du Ramadan. Ainsi, selon eux, cette pratique relève plus d’une coutume culturelle que d’une obligation religieuse.

Hassanats et Sadaqa : L’Éclairage de la Sunna et des Hadiths

En revanche, de nombreux savants musulmans rappellent que la générosité, notamment durant le Ramadan, est fortement encouragée par la Sunna (tradition prophétique) et les Hadiths (paroles du Prophète Muhammad).

Par exemple, le Prophète Muhammad (PSL) disait : « Celui qui nourrit un jeûneur obtiendra une récompense semblable à celle du jeûneur, sans que la récompense du jeûneur n’en soit diminuée » (Hadith rapporté par Tirmidhi).

Ce Hadith indique clairement que toute action charitable accomplie pendant ce mois sacré est hautement valorisée, générant ainsi des Hassanats considérables pour les croyants. Ainsi, même si la Sadara n’est pas explicitement citée dans le Coran, elle peut être intégrée dans cette recommandation générale de générosité et de charité que le Prophète Muhammad encourageait particulièrement durant Ramadan.

Consensus et Divergences : Quelle Approche Adopter ?

Face à ces deux positions, les autorités religieuses maliennes invitent généralement à une lecture tolérante et respectueuse. L’important réside dans l’intention sincère du croyant d’accomplir des actes de bienfaisance. Selon l’Islam, les actes sont jugés par les intentions (Hadith rapporté par Bukhari et Muslim).

Ainsi, les savants musulmans maliens encouragent chacun à rechercher la proximité divine à travers la générosité, que ce soit via la Sadara ou par toute autre forme d’aumône durant le Ramadan.

Une Pratique qui Renforce les Liens Sociaux

Au-delà du débat théologique, il est indéniable que la Sadara renforce les liens sociaux et la solidarité communautaire au Mali. Beaucoup y voient une opportunité de venir en aide aux plus démunis et de resserrer les liens fraternels entre les musulmans, conformément à l’esprit général du Ramadan qui promeut la compassion, la fraternité et l’unité.


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