Pourquoi la RDC pourrait négocier avec les rebelles du M23 ? – DW – 12/03/2025

Dans un communiqué publié mardi (11.03.25), la présidence angolaise indique qu’elle prendra des « contacts avec le M23 » en vue de négociations directes, à Luanda, entre Kinshasa et le mouvement rebelle. Objectif pour l’Angola : parvenir à une paix définitive dans l’est de la République démocratique du Congo.  

Après ce communiqué de la présidence angolaise, la porte-parole du président Félix Tshisekedi, Tina Salama, a sobrement indiqué sur les réseaux sociaux avoir « pris acte » de cette déclaration.

Le texte a été publié par Luanda à la suite d’une rencontre ce mardi 11 mars, entre les présidents angolais et congolais.

Nous « attendons de voir la mise en œuvre de cette démarche de la médiation angolaise », a encore écrit Tina Salama, laissant entrevoir ainsi un changement de ton du côté de Kinshasa. 

Le M3 qualifié de pantin par Kinshasa  

Jusqu’ici, en effet, la RDC a toujours refusé de dialoguer avec les rebelles du M23. Il y a quasiment deux semaines, la présidence congolaise indiquait que le M23 n’a aucune légitimité, qu’il est une coquille vide qui veut négocier pour défendre les intérêts du Rwanda.  

« Militairement, Kinshasa n’est plus vraiment en position de se déployer au Nord-Kivu et au Sud-Kivu » (Marcel-Héritier Kapitene)

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Dans une vidéo publiée le 23 février, Félix Tshisekedi avait même qualifié le M23 de « pantin ». 

Marcel-Héritier Kapitene, spécialiste de l’est de la RDC, souligne que le changement d’attitude de Kinshasa, s’il est confirmé, est avant tout le résultat de son recul militaire dans l’est du pays.   

« Militairement, Kinshasa n’est plus vraiment en position de se déployer au Nord-Kivu et au Sud-Kivu pour essayer de reprendre du terrain, notamment à cause de la vague de trahison des groupes d’autodéfense sur lesquels Kinshasa essaie de s’appuyer, notamment les wazalendo. Et actuellement, ni le M23, ni Kinshasa ne sont en position de pouvoir avancer »souligne l’analyste sur la DW.

Depuis fin janvier, le M23 soutenu, par le Rwanda, s’est emparé notamment des chefs-lieux des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, à savoir Goma et Bukavu, installant sa propre administration. Il contrôle aussi, depuis avril dernier, la mine de Rubaya, dans le Nord-Kivu, la plus grande mine de coltan du pays.  

La RDC sous pression 

Néné Bintu Iragi, présidente de la société civile du Sud-Kivu, appelle à un dialogue urgent au regard, dit-elle, de la souffrance de la population.   

« Les civils ne sont pas du tout protégés et donc on veut vraiment que le processus soit amorcé pour que la population puisse avoir la paix, pour que l’intégrité territoriale de la RDC ne soit plus entamée. »

Pour Néné Bintu Iragi « la solution militaire est en train de montrer ses limites ». L’actrice de la société civile appelle à la construction d’une armée congolaise forte « capable de faire face à toute provocation ». Kinshasa, pense-t-elle, « doit cesser de recourir aux forces étrangères pour protéger ses frontières, son intégrité territoriale”.    

Dans le camp de Bulengo, les familles déplacées sont confrontées au manque d'eau potable, de nourriture, de médicaments (2025)
Depuis fin janvier, le conflit dans l’est a fait des dizaines de milliers de déplacés et, selon Kinshasa, sept mille morts Image : Michael Castofas/WFP

Les négociations directes les prochains jours entre Kinshasa et le M23 ont été annoncées alors qu’un sommet extraordinaire des dirigeants de la SADC, la Communauté de développement d’Afrique australe, se tient, ce jeudi, en visioconférence pour « examiner la situation sécuritaire en RDC ».  

L’analyste Marcel-Héritier Kapitene note que le gouvernement congolais fait face à une importante pression.   

« Kinshasa, fait-il remarquer, ne peut pas s’exprimer ouvertement favorable aux discussions, tout comme il ne peut pas rejeter la main tendue, de peur de subir un rejet diplomatique au niveau régional et sous-régional. » 

En février, le M23 avait répété son « engagement » à résoudre « le conflit dans l’est de la RDC par le biais d’un dialogue direct abordant les causes profondes du conflit, afin d’instaurer « une paix durable ».  

Reste maintenant à savoir si le mouvement rebelle sera prêt pour le dialogue et, si négociations directes il y a, sur quels sujets les différentes parties vont négocier.   

   

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