Présidentielle 2025 : L’heure des comptes
Dans une allocution vibrante d’énergie révolutionnaire, le 10 mars 2025, Alain-Claude Bilié-By-Nzé a qualifié la Présidentielle 2025 de « tribunal du peuple » où chaque institution devra rendre des comptes. Avec une rhétorique tranchante, il a dénoncé « un système mafieux qui vampirise les ressources nationales depuis des décennies ». Son discours, empreint d’une colère, accuse directement les élites corrompues d’avoir perverti la République au profit d’un cercle fermé.
« Nous ne voulons plus d’un État géré par des prédateurs », a-t-il tonné, ajoutant que « la Constitution actuelle n’est qu’un outil de domination ethnique et économique ». Ses propos virulents visent à briser le mirage d’une gestion juste du pouvoir, tout en réclamant une refonte complète des structures étatiques. Cette posture combative marque un tournant radical par rapport à son passé, souvent perçu comme marqué par une dangereuse complaisance envers les excès des dirigeants. Déclarations marquantes :
- « Ceux qui ont pillé doivent rendre des comptes. »
- « La jeunesse gabonaise est cannibalisée par un système moribond. »
Son positionnement place la présidentielle 2025 sous le signe de l’affrontement frontal entre le peuple et ses dirigeants défaillants.
Alain-Claude Bilié By Nzé : Un destin singulier
Alain-Claude Bilié By Nzé, né le 16 septembre 1967 à Makokou, est bien plus qu’un homme politique : il est une voix puissante qui résonne dans un Gabon en quête de renouveau. Fils d’un fonctionnaire et d’une femme au foyer, cet ancien élève de l’école publique gabonaise a gravi les échelons grâce à son travail acharné et à sa détermination sans faille. Aujourd’hui, il se positionne comme l’un des artisans potentiels d’un nouveau chapitre pour son pays lors des élections du 12 avril prochain.
Sa carrière politique est jalonnée d’étapes marquantes. D’abord ministre des Communications en 2006, il a multiplié les responsabilités, supervisant des secteurs aussi variés que l’Énergie, les Sports, ou encore la Culture. Son parcours culmine en janvier 2023 lorsqu’il devient Premier ministre, un rôle brutalement interrompu par le coup d’État du 30 août 2023. Cette épreuve n’a fait qu’affûter sa résilience et son ambition de transformer le Gabon.
Porté par la plateforme « Ensemble pour le Gabon » (EPG), Alain-Claude Bilié By Nzé propose un programme audacieux et iconoclaste. Il envisage de supprimer des institutions jugées superflues, telles que le Sénat ou le Conseil économique, social et environnemental du Gabon (CESE), et promet une refonte complète de la gouvernance publique. Sa feuille de route inclut des mesures sociales ambitieuses, notamment un « minimum jeunesse » pour accompagner les diplômés dans leur insertion professionnelle, ainsi qu’un soutien accru aux personnes âgées et aux populations vulnérables.
Mais son projet dépasse les frontières nationales. Ancien ministre des Affaires étrangères, il aspire à redonner au Gabon sa lettre de noblesse sur la scène diplomatique africaine, une ambition nourrie par son expérience dans la négociation internationale. Pour lui, l’indépendance économique et alimentaire doit aller de pair avec une révision des accords de coopération, notamment avec la France, afin de bâtir des relations équilibrées et bénéfiques.
Critique acerbe de la transition actuelle, il accuse le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) de maintenir un système opaque et tribaliste, incapable de répondre aux aspirations profondes du peuple gabonais. Cette posture critique lui confère une légitimité croissante auprès des citoyens las des pratiques anciennes.
S’étant éloigné du PDG, parti historique qu’il accuse de sclérose, Alain-Claude Bilié By Nzé incarne une candidature indépendante, symbole d’une rupture radicale avec les dérives du passé. Pour lui, l’élection de 2025 représente bien plus qu’un scrutin : c’est une opportunité unique de construire un Gabon uni, prospère et véritablement indépendant.
Présidentielle 2025 : Disséquer l’État
L’une des propositions les plus audacieuses d’Alain-Claude Bilié-By-Nzé concerne la suppression pure et simple d’institutions jugées parasitaires. « Le Sénat est une chambre fantôme qui coûte des milliards sans produire aucun résultat tangible », a-t-il affirmé avec fermeté. En lieu et place, il propose de renforcer l’Assemblée nationale en y intégrant des représentants de la diaspora, longtemps marginalisés dans le processus décisionnel.
De surcroît, il entend dissoudre des structures telles que la « Médiature » de la République du Gabon, instituée par l’Ordonnance du 12 août 2010, pour favoriser le dialogue et résoudre les conflits sociaux. Le candidat Alain Claude Bilie-By-Nze qualifie cette entité de « relique inutile », ainsi que certaines autorités administratives indépendantes accusées de servir de caisses noires pour les régimes successifs. « Si ces institutions existent uniquement pour enrichir leurs dirigeants, alors elles n’ont aucune raison d’être », a-t-il martelé. Cette approche chirurgicale illustre une volonté farouche de désencombrer l’État gabonais de ses superstructures néfastes.
Enfin, il a fustigé avec virulence le rôle des fonds présidentiels, qualifiés de « puits sans fond pour les détournements massifs ». Ces attaques frontales visent à exposer les failles d’un système opaque et dysfonctionnel.
Justice sociale : Redonner voix aux sans-voix
Le volet social du programme d’Alain-Claude Bilié-By-Nzé se distingue par son caractère revendicatif et inclusif. Il propose notamment la mise en place d’un « revenu minimum démocratique » destiné aux jeunes diplômés en situation de précarité. Ce dispositif, inspiré des meilleures pratiques internationales, garantira une allocation mensuelle indexée sur leur dernier revenu étudiant, avec un accompagnement vers l’entrepreneuriat en cas de chômage prolongé.
Parallèlement, il ambitionne de créer un « fonds de solidarité universelle » pour soutenir les personnes âgées et celles en situation de handicap. « L’État doit être le bouclier des plus vulnérables », a-t-il proclamé, dénonçant l’abandon systématique de ces catégories par les gouvernements précédents. Ces mesures, bien qu’ambitieuses, témoignent d’un engagement sincère à rétablir l’équité sociale dans un pays miné par les inégalités abyssales.
Enfin, il a appelé à une diplomatie offensive, critiquant sévèrement l’invisibilité du Gabon sur la scène internationale. « Le Gabon doit redevenir un acteur crédible en Afrique », a-t-il lancé, rappelant que la souveraineté nationale passe aussi par une présence diplomatique affirmée. Déclarations marquantes :
- « Les jeunes ne sont pas des laissés-pour-compte, mais des forces vives à valoriser. »
- « Un État qui abandonne ses citoyens n’a aucune légitimité. »
Cette rhétorique engagée insuffle une dynamique très intéressante dans la course vers la Présidentielle 2025.
Présidentielle 2025 : Le moment de Vérité
En se présentant comme le chantre d’une rupture totale avec un système à bout de souffle dont il fut autrefois un pilier, Alain-Claude Bilié-By-Nzé bouscule les lignes. Son discours, teinté d’un radicalisme assumé, peut déstabiliser, notamment lorsqu’il appelle à des réformes institutionnelles drastiques, une justice sociale inclusive et une diplomatie retrouvée. Son projet, perçu comme un électrochoc salvateur pour un Gabon en dérive, entend secouer les consciences. Mais pour réussir, il devra rallier un peuple fatigué, bien que toujours capable de rêver d’un lendemain plus radieux.
Par Anne-Marie DWORACZEK-BENDOME | Journaliste indépendante | 13 mars 2025
Crédit: Lien source