Agnès Braik
Publié le
; mis à jour le 13 mars 2025 à 18h25
« Mon père malheureusement décédé mesure 1 m 85 et est chauve, l’autre défunt est petit et chevelu, ils ne se ressemblent pas du tout ! Ils se sont trompés de corps, c’est n’importe quoi du début à la fin ! », souligne Awa, 32, la fille d’Ibrahima Traoré, un habitant de Melun (Seine-et-Marne), mort à l’hôpital de Corbeil-Essonnes, où il avait été transféré après une crise cardiaque. Le décès de cet homme de 67 ans, de nationalité française et d’origine malienne, date du dimanche 2 mars 2025, au lendemain de son hospitalisation. Les obsèques devaient se dérouler au Mali, et toute la famille avait pris des billets d’avion. Mais le lundi 10 mars, c’est la stupeur ! Lorsque les deux frères d’Awa se présentent à la morgue pour faire la toilette mortuaire en présence de l’imam, selon les rites musulmans, on leur présente un homme qu’ils ne reconnaissent pas « avec une touffe de cheveux ».
Inversion d’identités
Il s’avère qu’Ibrahima Traoré a été transféré par erreur au Sénégal, et inhumé à Dakar ! « A la suite d’une inversion d’identités, la Direction générale du centre hospitalier sud francilien a entamé des démarches auprès de la société de pompes funèbres, de la famille du patient non inhumé et de la préfecture, afin de procéder à l’exhumation du corps à Dakar, et à son rapatriement du corps en France dans les meilleurs délais, a notamment écrit l’hôpital essonnien à la famille Traoré. Elle reconnaît son erreur. »
Dans un communiqué de presse adressé à La République de Seine-et-Marne, la direction exprime « toute sa compassion à l’égard de la famille en deuil et veille à l’informer, en toute transparence, de l’avancement de ses démarches. Une enquête administrative a été diligentée afin de comprendre les raisons d’un tel incident, pour que cela ne puisse pas se reproduire. »
« Mon frère a eu un choc, il n’a plus parlé de la journée »
« Mon père, qui habitait dans le quartier Woodi, avait été transféré à Corbeil-Essonnes, le seul endroit où il y avait encore de la place en réanimation, rapporte Awa, remuée par l’émotion. Comme le massage cardiaque avec les pompiers a été très long, il a fait des œdèmes cérébraux et j’ai voulu le faire transférer à La Pitié-Salpêtrière, mais on me l’a refusé. J’ai donc dormi à l’hôpital pour le veiller devant le respirateur, car je n’avais pas confiance. Je n’ai senti aucune humanité, à part une infirmière. Après le décès, lorsqu’on a déballé le corps nu d’un inconnu, mon petit frère a eu un choc, il n’a plus parlé de la journée. Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais en voiture et j’ai failli faire un accident… Quant à mon grand frère, il est très en colère ! »
Trois actions en justice
La famille a pris un avocat, Me Mohamed Djema, et intente trois actions en justice. L’une au civil pour négligence, à l’encontre des pompes funèbres, l’autre au tribunal administratif de Versailles, contre l’hôpital essonnien, et la troisième au pénal pour atteinte à l’intégrité d’un cadavre, auprès du parquet d’Evry-Courcouronnes. « Il y a eu une série de couacs, estime Me Djema. J’ai pris attache avec les autorités consulaires du Sénégal mais ce n’est pas si simple, et l’affaire risque de prendre une tournure politique. »
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