la HAAC suspend le média Bénin Web TV – Ouestaf.com

Ouestafnews – La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) du Bénin a annoncé, mercredi 12 mars 2025, la suspension jusqu’à nouvel ordre du média en ligne Bénin Web TV. En parallèle, l’instance de régulation a également décidé du retrait de la carte de presse de son promoteur.

« Le média en ligne Bénin Web TV est suspendu jusqu’à nouvel ordre », a annoncé la HAAC. Le gendarme de l’audiovisuel béninois justifie cette décision par la publication consécutive de plusieurs contenus jugés non conformes aux règles déontologiques du journalisme.

La HAAC est l’institution béninoise chargée de la régulation des médias. Créée en 1990, elle a pour but de veiller à la liberté et à la protection de la presse tout en assurant la gestion des ondes radiophoniques et télévisuelles dans le respect de la loi en attribuant des fréquences.

L’organe de régulation reproche à Bénin Web TV d’avoir publié des allégations jugées « infondées » dans le cadre de la couverture médiatique des séances plénières de l’Assemblée nationale relative au vote du budget général de l’État pour l’exercice 2025.

Le média suspendu avait mis en ligne plusieurs articles, dont deux mettant en cause la HAAC. L’un accusait l’institution d’avoir « défendu des données incorrectes », tandis que l’autre affirmait que son président a « exigé l’acquisition d’un véhicule de fonction d’une valeur de 25 millions de francs CFA ».

Considérant ces publications comme une « atteinte à son honneur et à sa réputation », le régulateur a, à travers plusieurs courriers, adressé des avertissements au média. Dans ces courriers, l’autorité de régulation a invité Paul Déguénon à apporter des preuves étayant la véracité de ces éléments publiés par son média les 21 et 23 janvier 2025.

Le 11 mars 2025, la HAAC avait, dans un premier temps, mis « en demeure » l’organe de presse et demandé à son promoteur de présenter des excuses publiques à au président. En réponse, Bénin Web TV avait défendu son travail journalistique en affirmant que ses publications reposaient sur des faits et des termes précis, sans intention de nuire à la HAAC.

L’organe de régulation des médias au Bénin considère que l’absence de réponse à cette décision et la persistance du média ont conduit à la suspension du site dès le lendemain. Elle fait suite à l’audition de Paul Deguenon au sujet des articles publiés fin janvier, dont celui évoquant l’exigence controversée d’un véhicule de fonction par la HAAC

Bénin Web TV a notamment justifié l’usage du verbe « exiger » en s’appuyant sur la définition du dictionnaire Larousse, expliquant qu’il peut exprimer une forte demande sans nécessairement impliquer une imposition absolue.

Selon la HAAC, ces publications d’« informations non fondées » portent atteinte à « l’honneur et à la réputation » de l’institution ainsi qu’à celle de son président. L’autorité de régulation a précisé que ces articles avaient jeté un discrédit sur la gestion de l’institution.

Elle a aussi mis en avant le timing des publications, suggérant qu’elles avaient été diffusées à un moment tendu où l’institution mène combat contre des médias illégaux. En début d’année, l’organe de régulation avait déjà sévi contre plusieurs médias.

Le 21 janvier 2025, la HAAC a suspendu plusieurs médias en ligne au Bénin, dont Reporter Médias Monde, Crystal News, Le Pharaon et Madame Actu sur TikTok. Ces décisions, prises en assemblée, sanctionnent la diffusion de contenus jugés contraires à la réglementation en vigueur, justifie l’organe de régulation.

Pour la HAAC, ce timing peut traduire une volonté de nuire à l’image de l’institution, alors que la liberté de la presse au Bénin n’est pas au beau fixe. En 2024, ce pays d’Afrique de l’Ouest occupait la 89ᵉ place sur 180 au classement mondial de Reporters sans frontières (RSF), marquant une progression par rapport à 2023 (112ᵉ). Cependant, la liberté de la presse a fortement reculé ces dernières années, selon RSF.

L’ONG de défense des médias indiquait que cette situation s’explique par l’influence du pouvoir sur la nomination des responsables des médias d’État et de la HAAC, limitant l’indépendance des journalistes par « crainte de sanctions ou de fermetures imposées » par l’autorité de régulation.

HD/md/fd

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